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Est-ce le poids de l’habitude, la répétition d’une information qui passe et lasse jusqu’à faire taire les consciences, jusqu’à rendre banale l’horreur et ordinaire la souffrance humaine ? La force et la violence des images de ces corps échoués ou noyés au large des côtes méditerranéennes semblent, malheureusement, elles aussi, s’émousser avec le temps.
Un massacre de masse se perpétue pourtant bel et bien au large de l’Europe. Plus de 2200 corps ont été retrouvés en mer méditerranée depuis le 1er janvier. Ils sont sûrement – femmes, hommes, enfants – deux à trois fois plus à avoir péri d’un rêve fou, celui de vivre sans guerre, sans famine, sans misère. Un triste record vient d’être battu depuis le début de ce que l’on appelle trop banalement, la « crise des migrants », expression qui cache un phénomène historique et inédit par son ampleur, face obscure et cachée de la mondialisation capitaliste et des violentes fractures qu’elle opère sur l’ensemble du globe.
Face au drame, l’Union Européenne oublie les valeurs qu’elle prétend porter. Les États membres de l’Union, bégaient, paniquent, se cachent et se défaussent lorsqu’ils sont confrontés aux bribes d’un phénomène mondial et massif, dont l’essentiel des conséquences frappe les pays les plus pauvres et les moins armés pour y répondre.
La solidarité censée présider à la construction européenne a laissé place à l’égoïsme des Nations. Les pays côtiers qui font, les premiers, face à l’afflux, réclament à juste titre l’aide des autres Etats membres. Après la Grèce, l’Italie est mise dans une situation intenable. Quand il s’agissait, pour l’un, de gérer l’arrivée de populations qui fuyaient les guerres moyen-orientales, l’autre est confronté à l’arrivée massive de populations africaines qui transitent par la Libye, pays en décomposition depuis la guerre qui l’a fracturée.
Une horreur peut en cacher une autre, plus sinistre, cynique et effrayante, puisqu’encouragée par les autorités européennes avec la complicité des États membres. Refusant de s’engager dans une politique d’accueil digne de ce nom, les autorités européennes sous-traitent aux pays frontaliers la gestion des drames humains. Sans pour autant freiner l’hécatombe, elles se lavent les mains de leur responsabilité morale et contournent les traités internationaux. Hier, l’Union européenne échangeait avec la Turquie, contre trois milliards d’euros, la gestion des populations migrantes venues du Moyen Orient. Son gouvernement use depuis d’un chantage éhonté pour assurer sa position géopolitique dans la région et engager sans crainte un virage dictatorial. Aujourd’hui, l’Union Européenne signe avec la Libye un partenariat qui vise à laisser à cet Etat, dont l’administration est aux mains de factions rivales et mafieuses, le soin de régler le problème migratoire. Pourtant, les témoignages affluent d’actes de maltraitance, voire de torture sur les migrants, notamment ceux en provenance d’Afrique sub-saharienne. Combien de migrants sont assassinés aux frontières libyennes, extérieures et maritimes, ou dans les geôles des milices, grâce au blanc-seing européen ? Nul ne le sait mais chacun peut deviner l’ampleur de cette orientation criminelle…
De la réunion tenue la semaine dernière à Tallin, la capitale estonienne, entre ministres européens, sont sorties beaucoup de déclarations de principes, de compassion pour le gouvernement italien, mais peu de mots sur le sort des réfugiés eux-mêmes et une mise en accusation des ONG, soupçonnées de contribuer au fameux « appel d’air » en organisant des corridors humanitaires. Pire, elles sont accusées d’encourager le crime organisé des passeurs quand elles ne font que suppléer au rôle des institutions gouvernementales démissionnaires en sauvant des vies humaines qui, sous la coupe des passeurs, sont mises en danger de mort.
Ce chaos provoque jusque dans nos métropoles d’importantes concentrations de populations migrantes. À Paris, la situation est devenue insoutenable, au premier chef pour les réfugiés eux-mêmes contraints à survivre en dehors de toute règle élémentaire d’hygiène, puis pour les habitants contraints de composer avec une misère noire à laquelle ils ne peuvent répondre. La maire de Paris a proposé, avec ses élus, de sortir de l’apathie générale en engageant un plan d’accueil et d’intégration digne des réfugiés qui s’entassent porte de la Chapelle, à l’extérieur de la structure réalisée avec le concours de la municipalité et saluée pour son efficacité. En soulignant que la gestion des migrants ne peut se réduire à un problème d’ordre public, elle appelle à une solidarité nationale, à un plan d’action interministériel d’accueil et d’intégration, à une répartition nouvelle sur le territoire des réfugiés. Parce que le statu quo n’est plus envisageable, sa proposition doit être entendue et débattue. La situation à Calais, où l’État français est en prise avec sa propre justice qui lui reproche de se détourner des résolutions de l’ONU qu’il a pourtant signées, doit, elle aussi, être débattue à l’aune de ces propositions nouvelles.
Certes, il n’y a pas de solution simple. Les causes de cette situation sont nombreuses : des guerres au réchauffement climatique, des famines au sous- développement qui frappe des pays pauvres soumis aux règles inégalitaires du commerce international. Mais il est possible de renforcer les moyens de protection, de créer des «couloirs humanitaires » sous contrôle des États, de l’Union Européenne, des collectivités, des associations et organisations non- gouvernementales. Ceci aurait l’avantage d’assécher les filières mafieuses qui s’engraissent de la misère, voire de la mort sur des embarcations semblables à des cercueils flottants. En même temps chaque pays doit prendre sa part dans l’accueil des réfugiés. Si l’Union Européenne persiste dans la voie de l’égoïsme, comment pourrait-elle répondre devant l’Histoire de la « civilisation » dont elle ne cesse de se prévaloir ? Comment pourrait-elle combattre, comme elle le prétend, la montée des nationalismes et des populismes d’extrême-droite en cédant à l’idéologie qu’ils diffusent ? L’Histoire nous montre que la trahison d’idéaux et la lâcheté politique se paient toujours au centuple.
3 commentaires
Espérons qu’il y des personnes riches et puissante qu’il leur viennent en aide que Nous regarde les regarde.
C’est la faute du gouvernement.
Bonjour.
«« Hier, l’Union européenne échangeait avec la Turquie, contre trois milliards d’euros, la gestion des populations migrantes venues du Moyen Orient. Son gouvernement use depuis d’un chantage éhonté pour assurer sa position géopolitique dans la région et engager sans crainte un virage dictatorial. Aujourd’hui, l’Union Européenne signe avec la Libye un partenariat qui vise à laisser à cet Etat, dont l’administration est aux mains de factions rivales et mafieuses, le soin de régler le problème migratoire. »»
L’Allemagne, un article a signalé qu’elle avait son cotta de travailleurs !?
L’Argentine et le Brésil, de la nouvelle droite, s’empressent-ils à emprunter la même voie qu’un Erdogan ?!
Colombie : 186 assassinats de dirigeants sociaux depuis 2016,un article de Telesur du 13 juillet 2017 traduit par Françoise Lopez.
Venezuela : Poutine avertit les Etats-Unis : « Ne cherchez pas à déstabiliser le Venezuela »
Publié le 20 Juillet 2017 par Bolivar Infos
Catégories : #Venezuela-Etats-Unis, #solidarité avec le Venezuela, #ingérence, #Donald Trump
Nous sommes en 2017, au XXIe siècle, un siècle qui sera le réveil !?
Comment savoir ?
On nous chante que le passé est le garant de l’avenir.
Pourquoi ?
La réponse est simple pourtant.
On n’apprend pas des leçons de passé.
Longue vie à M. Maduro.
La Constituante
Mais nous devons bien comprendre que la Constituante doit répondre à un seul critère:
L’OBLIGATION DE RÉSULTAT. Ceci n’est pas un exercice.
Il y en a trois inséparables:
La constituante
Le nouveau pacte social
Le nouveau paradigme économique.
Notre pouvoir, le XXIe siècle sera celui, la vision de l’ensemble et le questionnement.
Le questionnement est l’ennemi des opinions de tout et de rien.
Voyez-vous que le conformisme se contente des opinions.
Les opinions, c’est le jeu de salon.
Il faut sortir du salon.
Méditez.
Je partage entièrement ce que vous avez écrit sur le sort des migrants.