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Une grande dame s’en est allée. Nous pleurons le décès de Marie-Rose Pineau. Intellectuelle, journaliste à l’Humanité dès les années 1950. Une communiste au grand cœur. Dès ses premiers pas de journaliste, elle relata en une multitude d’articles la vie des prolétaires et des travailleurs des usines, ceux de l’innovation et des services publics, ces seuls producteurs de richesses. Elle donnait écho à leurs aspirations, à leurs rêves et à leurs nombreuses luttes pour gagner des acquis sociaux et arracher une part de la valeur qu’ils créent, accaparée par le grand patronat. La rubrique dont elle était responsable avant de rejoindre le service politique se dénommait « le front du travail ». Toute une signification ! Quel joli nom qui dit tout l’engagement de l’Humanité. En 1973, son livre « Les O S » publié aux Éditions sociales est un véritable tour de France des usines et une plongée dans le dur labeur des ouvriers d’où jaillissaient des cris d’espoir et souvent de victoire. À partir de la vie de ces travailleurs, son livre est un terreau de propositions d’émancipation mis à la disposition du monde du travail. Après avoir été secrétaire générale de la Rédaction, puis administratrice de l’Humanité, les directeurs avec lesquels elle a travaillé, Étienne Fajon puis Roland Leroy, l’appelaient à leurs côtés pour occuper l’éminente responsabilité de secrétaire générale du journal. Celles et ceux qui ont travaillé à cette époque à l’Humanité se souviennent de sa rigueur dans la gestion comme avec l’ensemble des collaboratrices et collaborateurs. De sa droiture et des gestes de justice interne aussi. Ainsi, découvrant que les femmes travaillant dans les équipes d’employées ou dans les secrétariats auprès des journalistes étaient moins payées que les hommes, elle imposa l’égalité salariale sur le champ.
Après son départ à la retraite de l’Humanité, Marie-Rose s’investit intensément auprès du maire de Nanterre Yves Saudmont dans l’équipe municipale où elle fut une maire-adjointe inventive, appréciée, proche des citoyens où, encore une fois, elle fit rayonner sa gentillesse et son humanisme.
Elle resta toutefois proche de l’Humanité puisqu’elle devint l’une des fondatrices et la première trésorière de l’association des amis de l’Humanité. Croiser Marie-Rose Pineau, c’était rencontrer une femme de cœur, une dirigeante communiste de haute qualité portant une profondeur de réflexion toujours mise en valeur par sa bienveillance, son écoute et sa profonde humanité. L’Humanité lui doit beaucoup. Les syndicats et les professionnels de la presse aussi.
Je m’incline avec autant de respect que de tristesse et d’émotion devant une si belle personne, une grande personnalité communiste de notre temps. Que son exemple nous inspire.
Patrick Le Hyaric
Directeur de L’Humanité 2000-2021
7 commentaires
Merci pour ce bel hommage.
Merci pour ce bel hommage. Nous souhaitons retrouver des journalistes de cette trempe. si seulement le PC pouvait reprendre de la hauteur en s’inspirant de cet exemple de Madame Marie-Rose Pineau.
Oui une grande dame,une grande journaliste,d’une très grande modestie,une femme qui connaissait bien la vie des gens et avait beaucoup de respect pour les ouvriers ,pour les gens modestes !
Et même temps s’enrichissait en permanence pour donner toujours plus aux autres .
Avec Georges Bouvard ,Laurent Salini ,Jean Lelagadec,Jean Chatel,Louis Luc,Nelly Feld,Michel Cardoze,quelle belle équipe ,soudée ,pour faire l’Huma à laquelle ils avaient un attachement charnel.
Marie Rose Pineau ,tous ceux qui l’ont connue ne peuvent pas l’oublier!
Toutes mes condoléances à sa famille.
Helene Luc Senatrice Honoraire.