M. Juncker, le prestidigitateur !

le 4 décembre 2014

juncker

 

On connaissait le nouveau Président de la Commission européenne, M. Juncker, comme gardien efficace du paradis fiscal luxembourgeois. Nous le découvrons prestidigitateur, multiplicateur d’euros. En effet, il vient de nous concocter une opération digne d’un petit magicien, à cette différence près que les magiciens réussissent leurs tours.  M. Juncker lui nous mène à l’échec. Il a présenté la semaine dernière un plan dit « d’investissement » qui s’élèverait à 315 milliards d’euros sur trois ans. En apparence c’est beaucoup. En vérité cela ne représente que 0,7% des richesses annuelles produites dans l’Union européenne. Rappelons qu’aux Etats-Unis les plans de relance successifs ont mobilisé, chaque année, l’équivalent de la valeur de 7% des richesses produites.

 

Mais d’où viennent ces 315 milliards sortis comme un lapin du chapeau ? La Commission propose d’utiliser 16 milliards -déjà inscrits dans le budget européen- comme « garantie » de ce nouveau fonds. Ce n’est donc pas de l’argent, c’est une garantie. M. Juncker ajoute 5 milliards à 16 milliards, qui font 21. Puis il utilise ce que les économistes appellent « l’effet de levier », c’est-à-dire qu’un euro de crédit pourrait  générer 5, 6 à 8 fois la valeur de l’investissement. Et il invente le chiffre 15 comme effet de levier. Il multiplie donc 21 milliards par quinze pour obtenir l’hypothétique somme de 315 milliards.

 

Voilà le tour de passe-passe démasqué qui ne fait rire personne.

 

Qu’un débat s’ouvre enfin sur la nécessité d’une relance est positif. Ce sont les peuples qui l’imposent.

 

Les dirigeants européens sont confrontés à de lourds problèmes. Ils ne peuvent plus ignorer le rejet majoritaire à travers l’Europe de leur politique d’austérité. Ils ne peuvent non plus ignorer l’imbécilité de leurs choix qui ont fait reculer l’investissement utile de plus de 15% depuis 2007, alors que les économies des pays du sud européen sont en récession.

 

Au lieu de mobiliser la Banque centrale européenne qui use de son pouvoir de création monétaire, non pas pour octroyer un crédit impulseur d’investissements et de création d’emplois, mais pour irriguer les banques à des taux de… 0,05%, que celles-ci reprêtent à des taux bien plus élevés ou replacent sur les marchés financiers, le Président de la Commission européenne a choisi de mobiliser 5 milliards de la Banque européenne d’investissement vers un fonds européen d’investissement à créer.

 

Ici on reconnaîtra qu’enfin devient possible une partie de ce que nous réclamons depuis longtemps : la création d’un nouveau fonds de développement. Mais notre projet prévoit qu’un tel fonds pourrait aussi être alimenté à partir de la Banque centrale et racheter des dettes d’Etats pour soulager ceux-ci et leur permettre de se relancer. M. Juncker ne va pas jusque-là. Pire, dans le même exposé, il demande une contribution volontaire des Etats, à qui par ailleurs il enjoint de réduire les crédits publics utiles. Et au nom de la « réduction de la paperasserie » et du « fardeau réglementaire », M. Juncker veut donner encore plus carte blanche à la déréglementation financière. Tout projet de plan d’investissement n’aurait que peu d’effet dans le cadre du maintien des actuelles politiques d’austérité. Solliciter l’investissement privé serait une bonne chose s’il ne s’agissait pas, comme c’est le cas ici, de tout faire dépendre des investisseurs privés et donc de se mettre à la merci  des quatre volontés des propriétaires-actionnaires de grandes entreprises, dont le souci premier est la rentabilisation de leur capital, pas la valorisation de l’intérêt public. On peut même craindre qu’un tel projet, flou sur les actions à mener, non contraignant en matière de création d’emplois et de respect de l’environnement, puisse contribuer à un accroissement de la suraccumulation mondiale de capital, sans lien avec l’économie réelle et les besoins humains, mais ajoute encore à la menace d’explosion de la bulle spéculative en cours de formation.

 

Mais puisque le débat est enfin ouvert, nous conseillons vivement d’y participer afin de modifier profondément les choix. D’abord, portons le fer sur les moyens que pourrait dégager la fin des mille milliards d’évasion fiscale et agissons pour qu’une large partie des nouveaux mille milliards d’euros que s’apprête à verser la Banque centrale européenne aux banques privées, le soit au fonds d’investissement pour des projets humains d’avenir, élaborés avec les élus, les syndicats et les populations, en développant massivement les services publics.

 

Demandons de faire examiner par les institutions européennes, le plan élaboré par la Confédération européenne des syndicats qui propose de mobiliser l’équivalent de 2% des richesses créées en Europe chaque année, durant dix ans, en vue de la création de onze millions d’emplois.

 

Nous sommes à un moment où d’immenses moyens doivent être mobilisés pour l’indispensable bifurcation des économies, vers de nouveaux  systèmes productifs et de consommation tournés vers le bien être humain et l’environnement, bref vers un développement humain durable.

 

Cela nécessite d’inventer une planification démocratique, progressiste et écologiste pour de grands projets éducatifs et de formation, tout au long de la vie, avec  une aide publique amplifiée à la recherche et de l’aide à l’innovation pour le logement et la ville, le transport, l’énergie, le numérique, la mutation des systèmes productifs, industriel agricole et agro-alimentaire.

 

Rien ne peut se faire en ce sens sans les travailleurs et les populations. A l’opposé du nouveau plan de M. Juncker et des choix aveugles d’austérité qu’impose le gouvernement, sacrifiant nos potentiels d’avenir, un large débat et des actions unitaires devraient se déployer autour de tels enjeux concrets d’avenir.


8 commentaires


jean -pierre Hauguel 4 décembre 2014 à 14 h 47 min

il faut se débarasser des dominants économiques pour les mettre dans des trous, a fin d’appliquer enfin la déclaration française des droits de l’homme et du citoyen, des dominants qui nuisent à tous les autruis

DUGENET Monique 4 décembre 2014 à 15 h 40 min

Moi, je ne dirais pas “prestidigitateur”, je dirais,”maléfique” (dans la grande tradition des magiciens nuisibles)

RABOTOT Robert 4 décembre 2014 à 15 h 48 min

Juncker tente de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, c’est à nous de ne pas tomber dans le piège.

breteau jean claude 4 décembre 2014 à 17 h 28 min

Dans le cirque européen ,le “magicien”est d’abord un tricheur,ce n’est pas l’emploi qui est visé,mais les dividendes financiers à faire prospérer .Ceux qui imposent l’austérité pour soit disant réduire la dette ,creusent allégrement un nouveau trou .Le systéme est bien rodé .Comment virer ce salaud malhonnétre?Honte à ceux qui ont installé ce voyou organisant chomage et gavage des nantis .Révolution

alain harrison 4 décembre 2014 à 18 h 20 min

Bonjour.

«« qu’une large partie des nouveaux mille milliards d’euros que s’apprête à verser la Banque centrale européenne aux banques privées, le soit aux fonds d’investissement »»

Mille milliards d’euros…
Voyez-vous le potentiel pour le changement.
Un projet de société, d’une culture épanouissante ne peut que se faire, si et seulement si elle est porté dans et par la population.
Pour ce faire, il y a trois objectifs:
1) qu’il soit porté par le peuple.
2) que le peuple en fasse la promotion, qu’il en parle…
3) mais d’abord, en prendre conscience.

Le questionnement est notre véritable allié.

Mais je constate que vous demeurez dans la critique stérile.

Mille milliards d’euro…

«« Cela nécessite d’inventer une planification démocratique, progressiste et écologiste pour de grands projets éducatifs et de formation, tout au long de la vie, avec une aide publique amplifiée à la recherche et de l’aide à l’innovation pour le logement et la ville, le transport, l’énergie, le numérique, la mutation des systèmes productifs, industriel agricole et agro-alimentaire.»»

Est-ce porté par le peuple?
Est-il conscient du potentiel de ces mille milliards concernant les deux fondamentaux?

Une planification démocratique signifie QUOI ?

L’Humain d’Abord, une promotion, un slogan épuisé ?

La stérilité est à chaque pas, en l’absence du questionnement.

Tout tourne autour des deux fondamentaux.
Et tant que vous ne l’aurez pas compris, la troll-ka et sa finance va continuer son petit bonhomme de chemin.

Quels sont les deux fondamentaux qui vous échappent, ce n’est pas un jugement de valeur, c’est une constatation.

Krishnamurti: une idée ou un fait.
Voyez la différence.
Tout part de chacun de nous selon nos prises de consciences.
Je vous conseille de lire les écrits de Krishnamurti.
Il est plus concret que nous puissions l’imaginé.
Ce qui nous échappe, la cause en est simple, nous refusons ce qui est élémentaire parce que trop directe, trop simple à constater.
Nos esprits sont embués par de fausses prétentions.
Nous ne comprenons pas cet élément (très élémentaire et anodin) qui nous définis.
Qu’est-ce qui nous définis ?
Je conseille trois lecture qui font le tourre de la question.
Jean-Marie Abgrall.
Krishnamurti.
Stanislav Grof.
La crise est multidimensionnelle et seul le questionnement est notre allié.
Il y a les deux fondamentaux qu’il faut s’approprier politiquement:

Pour Jean Jaurès, la révolution socialiste n’est concevable que dans le cadre de la légalité démocratique, c’est-à-dire par une conquête graduelle et légale par le prolétariat des institutions parlementaires et de la puissance de la production.

Marx a juste montrer une chose qui lui est devenu évidente et simple: que le propriétaire (ruse et manipulation) a détourné la plus-value du travailleur point à la ligne. Élémentaire.
Trop simple pour le “cogito”. Pour s’assurer l’inaction, le cogité s’affuble de théories et de parcours insoutenables.
Alors que le chemin directe est abandonné au grand plaisir de la troll-ka qui use et abuse du pouvoir politique. C’est un néo-gouvernement.
C’est simple, non!
C’est quoi le néo-colonialisme ?
Par personne interposée.
Le commerce use des comptes à numéro….
Nous avons deux solutions fondamentales à porter de la main.
Nous allons continuer à les échapper…..

alain harrison 4 décembre 2014 à 18 h 42 min

Tout compte à numéro cache quelque chose.

La structure économique actuelle n’est plus admissible.
Des gens intègres qui cherchent à nous éveiller ne sont pas écoutés es.

Faire le passage du capitalisme à la cotisation….

Il faut juste comprendre ce que dit Bernard Friot.
Il y en à d’autres. Mais plus c’est complexe en apparence et plus c’est la porte aux opinions, aux arguments sans fin.
Plus la chose se raproche du réel et plus elle est simple.
On parle d’économie 1+1 =2.
On ne parle pas des interractions bio-chimico-ormonales moléculaires intra-organiques.
Il s’agit de rapports de forces entre castes sociétales fabriquées par les exploiteurs.
De structures de pouvoir politique, donc des hommes et femmes qui travaillent pour quelqu’un….
Pour qui travaillent-ils?

Thomas 4 décembre 2014 à 19 h 59 min

Le fameux effet de levier des Leverage By Out ?

De nombreuses entreprises achetée en LBO (effet de levier)

Ce retrouve en difficultés financières à cause d’un surendettement liée à ce type d’opération.

Dans quel état se retrouve Quick ex actionnaire Albert Frère vendu en LBO à la caisse des dépôts et consignation en 2006(Normalement au service de l’intérêt général.) Cette opération devait redynamiser , booster Quick. Le moins que l’on puisse dire c’est que le résultat est loin d’être évident .

Le.Ché 5 décembre 2014 à 10 h 36 min

Juncker peut jouer au prestidigitateur en se servant de la BCE dans cette Europe capitaliste, mais ses copains des banques privés ne seraient pas d’accord puisque cette Europe mercantile a été conçue d’abord pour le bizness des banques.
Le plan de soi-disant de plus de 300 milliards serait le bien venu si c’était pour reconstruire pour la France une industrie digne de ce nom, mais il ne faut pas rêver dans cette Europe capitaliste l’industrie est réserver à l’Allemagne de A.Merkel.
N’oublions pas que nous sommes dans une Europe capitaliste et que c’est A.Merkel qui commande réellement.

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