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Après l’Italie et l’Espagne, nous voilà entrés dans le temps suspendu et le combat quotidien pour éviter que ne se propage à vitesse folle ce maudit virus qui s’infiltre partout avec la même arrogance qu’il défie les analyses scientifiques. Seule certitude : sans les mesures draconiennes qui nous sont imposées, le bilan humain pourrait s‘avérer effrayant, comme nous n’en avons connu qu’en temps de guerre. Il l’est déjà pour l’Italie qui essuie chaque jour les décès par centaines.
La puissance de l’onde de choc est telle que les enjeux des élections municipales, pourtant ô combien importants, paraissent bien dérisoires. De nombreux citoyens l’ont fait savoir en s’abstenant massivement dimanche dernier. Ils l’ont fait à bon droit quelques heures après que le premier ministre ait demandé de fermer l’essentiel des lieux publics. Mais celles et ceux qui ont déposé un bulletin dans l’urne ont majoritairement sanctionné le gouvernement, confirmé nombre de maires sortants, pousser les écologistes et conforté les listes d’union des forces de gauche. Sur ces données fondamentales, à relativiser au regard du record d’abstention, se construiront sans doute les rapports de force de demain pour ériger une société opposée à celle qui craque sous nos yeux, avec le nez rivé sur les profits et l’obsession du gain facile qui nous plongent dans une insécurité permanente et maximale, sociale, économique et désormais sanitaire.
A cette heure les esprits sont intégralement tournés vers la situation stupéfiante que nous vivons. Et à raison. Chacune, chacun est appelé à réorganiser son quotidien, des millions de salariés vivent dans l’angoisse des conséquences de l’arrêt brutal des commerces, des services et d’une partie de la production.
Tous les regards, toutes les attentions se tournent vers les personnels médicaux et hospitaliers, admirables, en première ligne face à une catastrophe annoncée. L’équation à résoudre s’avère simple : comment faire face à l’afflux prévisible de patients sans les moyens adéquats en lits et personnels, férocement rognés par chacune des cures austéritaires. Ces femmes et ces hommes durement éprouvés par des années d’austérité imposée et des cadences infernales, qui ont multiplié les mouvements sociaux pour alerter sur leur situation professionnelle dégradée, sont donc appelés à un nouveau sacrifice au service de l’intérêt général. Cet épisode tragique et héroïque nous oblige à tourner définitivement la page des réductions de crédits pour la santé publique et à sanctifier la Sécurité sociale. Voilà des « décision de rupture » impératives, « quoi qu’il en coûte » ! Mais au-delà, les forces de progrès, politiques, syndicales associatives doivent travailler ensemble à redéfinir le rôle de la puissance publique et des solidarités sociales dans l’organisation la société. Un monde du commun est à construire.
Le monde d’hier, celui du court terme, du saccage des services publics, de la finance reine, a pris un sérieux coup de vieux. Les besoins immédiats et de moyen terme de l’ensemble de l’économie font sauter tous les verrous, imposés par les instances européennes en lien avec les gouvernements libéraux.
Les choix peuvent être faits dès maintenant pour engager de nouveaux et passionnants chantiers pour une toute autre société, de la ville au pays, de l’Europe à la planète. Qu’elles aient ou non voté, des forces considérables étaient disponibles dimanche dernier pour le progrès social, écologique et démocratique. A l’affût, elles ont et auront de plus en plus un rôle décisif, dans les urnes comme dans la cité. Dans l’immédiat, il convient d’écouter et d’appliquer les recommandations des autorités sanitaires. L’urgence est vitale, au sens propre du terme !
6 commentaires
J’aimerai m’abonner a l’huma dimanche , pouvez vous me faire parvenir un contrat merci pour tout
Le “saccage des services publics (…) a pris un sérieux coup de vieux”.
Mais le premier de cordée ne le sait pas, ou plutôt il tente de rajeunir le concept sous couvert d’encore un état d’urgence : les économies faites sur le dos des hôpitaux ou de la recherche ne sont pas vraiment remises en cause.
Et des gens, y compris des soignants, meurent, notamment parce que les vieux stocks de masques (avec élastiques périmés) n’ont été retrouvés qu’au bout d’un mois. S’agissait-il de stimuler l’immunisation de masse ?
Le capitalisme fait ressortir toutes ses contradictions
Voir les travaux de Bernard FRIO sur système de protection sociale, de faire fonctionner la subvention plutôt que le crédit des banques.
” Pour nous le communisme ce n’est pas un nouvel état qui doit etre créé ,ni une idée sur laquelle la réalité devra se régler . Nous appelons communisme ,le mouvement réel qui dépasse l’état de chose actuel .” K. Marx et F. Engels . C’est a dire le mouvement qui dépasse les contradictions de la société actuelle .Contradictions qui empèchent le libre développement de chacun ,condition du libre développement de tous .Comme je le comprend ,ca commence maintenant ,en pratiquant l’évolution révolutionnaire a visée communiste .
Analyse parfaite. Personnel de santé retraitee, je reste d’autant plus sensible à la situation inadmissible de nos hôpitaux publics.
Mais aussi à la dégradation tout aussi inadmissible de l’ensemble de notre service public.