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Qu’il s’agisse de la décision d’engager nos troupes au Mali en réponse à la demande des autorités de ce pays, de l’accord partiel entre le MEDEF et certains syndicats ou encore des manifestations contre le droit au mariage pour tous, on ne peut qu’être offusqué du traitement que réservent les médias à ces événements. Alors qu’ils n’ont strictement rien à voir les uns avec les autres, la majorité de nos confrères les rassemblent en une seule et même question politicienne : «Profiteront-ils ou pas au Président de la République ? ». La belle affaire quand sont en cause la vie de nos soldats, de populations amies, le sort d’une région qui nous est chère, le devenir du droit du travail et l’élargissement des libertés des individus !
Sur ce dernier point, pourtant peu habitués à valoriser les participations de salariés à des manifestations sociales, les voilà, dans une touchante unanimité, qui somment le gouvernement de reculer face aux rassemblements réussis dimanche dernier. Partisans de la dernière heure de la rue, ils mettent des obstacles à une évolution progressiste déjà adoptée par de nombreux pays qui n’envisagent nullement un retour en arrière. Ils se retrouvent ainsi aux côtés des mêmes mobilisés hier contre l’abolition de la peine de mort, la dépénalisation de l’homosexualité, de l’interruption volontaire de grossesse ou contre le PACS. Que ne prennent-ils le parti, comme nous l’avons fait, des esprits les plus sensibles aux évolutions des sociétés, présents dans toutes les sensibilités politiques et les différentes églises, qui en se rassemblant ont permis des avancées devenues biens communs de toute la société ! Nous ne doutons pas que ce sera encore le cas cette fois.
L’engagement militaire au Mali est évidemment d’une toute autre nature. Ce pays et plus largement l’Afrique de l’Ouest vivent depuis des mois une tragédie. Plusieurs groupes politico-militaires, radicaux et fanatiques, parfois impliqués dans le trafic de la drogue et pratiquant la prise d’otages, ont l’ambition de mettre le Mali en coupe réglée, d’y instaurer une charia inhumaine avec, comme premières victimes, les femmes et le patrimoine culturel. En guerre contre les gouvernements élus et les populations, ils occupent le Nord du pays, installant de fait une partition de la République du Mali. Profitant des difficultés de mise en œuvre des résolutions de l’ONU, ces groupes ont lancé une offensive militaire en direction du Sud, conquis plusieurs villes jusqu’à menacer la capitale Bamako, que l’armée régulière malienne s’est avérée incapable de défendre. C’est l’avancée de ces groupes qui a conduit le Chef de l’Etat à répondre favorablement, dans l’urgence, à la demande d’intervention formulée par le Président de la République du Mali. Et s’il y a eu urgence, c’est pour une large part dû au fait que certaines puissances ont sciemment décidé de s’appuyer sur les groupes terroristes et d’empêcher l’application de la résolution dite 2085 du 20 décembre 2011 du Conseil de sécurité de l’ONU qui « autorise le déploiement d’une force internationale au Mali ».
Dans l’absolu, nous aurions évidemment préféré que la France dispose d’un mandat explicite de l’ONU et que dans ce cadre, une coalition internationale soit réunie. L’évolution dramatique de la situation sur le terrain ne l’a pas permis et nous mesurons à cette occasion que certaines non-interventions peuvent aboutir à laisser se développer de longues guerres contre la souveraineté des populations et les libertés. Les dangers sont considérables pour les otages, pour nos soldats. Les risques restent immenses mais ceux qui auraient découlé du succès de la percée des terroristes les surpassent tous. Cette opération militaire doit être la plus courte possible et il ne faudra pas tomber dans les ornières du néo-colonialisme. Il conviendra plutôt, sans attendre, d’agir dans une double direction : aider le pouvoir civil malien à obtenir un accord avec les forces politiques démocratiques pour engager à terme un processus électoral. La mise en œuvre d’un tel accord doit pouvoir se faire sous l’égide de l’ONU qui doit aider à constituer une force militaire régionale, contrôlée par l’Union africaine et les communautés économiques des Etats de l’Afrique de l’Ouest, afin de faire respecter les frontières du Mali et de réduire les groupes radicaux islamistes, dans toutes les régions.
Mais ceci n’aura aucun effet de long terme si la France et l’Union européenne ne s’engagent pas dans de nouveaux projets de co-développement durable pour tous les peuples, particulièrement pour assurer un nouvel avenir à la jeunesse africaine. Il y a urgence tant la situation de ces derniers mois a favorisé le déploiement des forces de déstabilisation guerrière ou terroristes au dépend de la stabilité, de la démocratie, de la souveraineté. Au-delà, on me permettra une courte réflexion qui mériterait développement. Pourquoi les autorités publiques internationales, européennes ou nationales attendent-elles le développement de guerres et de crises jusqu’à leur paroxysme pour agir ?
Ici par la voie militaire, là par des politiques qui font payer aux peuples une crise dont ils ne sont pas responsables, ailleurs, par la spéculation sur les aliments qui aggrave la famine, partout est entretenu le terreau sur lequel progressent les extrémismes dès lors que les peuples ne trouvent pas ou plus d’issue progressiste.
Venons-en à l’accord partiel conclu avec le MEDEF, présenté par la presse comme la seule «bonne nouvelle» pour François Hollande depuis qu’il dirige le pays, alors qu’il importe de savoir si c’est «une bonne nouvelle» pour le monde du travail et de la création. Que la première organisation syndicale du pays, la CGT et FO y voient davantage de signes de régression que de progrès ne devrait pourtant pas être pris à la légère. Pour notre part, non seulement nous n’y avons pas trouvé trace de l’engagement présidentiel de faire «du contrat à durée indéterminée la norme» mais, si la loi retenait les termes du texte, il serait désormais permis aux entreprises de moduler la durée du travail, de baisser le montant des rémunérations et d’imposer plus de précarité en fonction d’une conjoncture sur laquelle les salariés n’ont aucune prise et qui doit tout aux choix des dirigeants et des actionnaires. Le chantage aux licenciements deviendrait la règle pour en finir avec la durée légale du travail, les 35 heures et du même coup pour attaquer l’existence même du SMIC. Comme en Allemagne, cela aboutirait à la multiplication des travailleurs pauvres.
Nous sommes ici très loin de l’invention d’un système de sécurisation du travail et de l’emploi. Il ne peut en être autrement dès lors que le débat national ne porte que sur des enjeux de « compétitivité », artificiellement réduits à un « coût du travail» qu’il faudrait abaisser au niveau des salaires des pays les plus en retard. Si le MEDEF applaudit bruyamment en demandant que le Parlement adopte tel quel le texte, c’est qu’il permet une insertion de notre économie, des droits sociaux dans une violente concurrence internationale qui ne peut aboutir qu’au déchiquetage des systèmes de rémunération, du droit au travail et à la formation, pour permettre la rémunération toujours plus élevée du capital. Il appartient désormais aux premiers intéressés, les salariés, d’apprécier, dans le détail, les conséquences, pour eux et les générations futures, des mesures retenues qui n’ont pas encore valeur de loi et qui peuvent donc être sensiblement infléchies sous la pression des mobilisations et de l’opinion. Nous proposons de considérer d’abord l’être humain dans la société et sur son lieu de travail comme un créateur de richesses, au rôle indispensable si l’on veut satisfaire la demande de biens communs qui s’exprime. L’enjeu du travail comme droit pour chacune et chacun devient central, à ne pas confondre avec l’emploi qui fait du travail une marchandise soumise à une lutte des classes acharnée que les grands détenteurs d’outils de production mènent pour imposer plus d’intensification et d’exploitation de la force de travail et de création afin de préserver l’accumulation de leurs capitaux.
Voilà ce que s’efforcent de masquer les commentaires sur le caractère plus ou moins «historique» de l’accord conclu avec le patronat. Ce dernier mise sur une certaine passivité que provoquerait la profondeur de la crise et ses dures conséquences pour les salariés, les retraités et leurs familles. Nous faisons le choix de leurs lucidité, expérience et clairvoyance pour rappeler avec toute la force nécessaire à la majorité actuelle du Parlement qu’elle n’a pas reçu mandat de valider un accord qui introduit une plus grande flexibilité du travail mais au contraire qu’elle a été élue pour sécuriser les parcours professionnels.
17/01/2013
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Sur l’intervention de l’armée française au Mali.
La guerre n’est jamais la solution.
L’intervention militaire française risque fort d’entrainer la généralisation du conflit aux pays voisins : Algérie, Mauritanie, Niger; comme celle de 2011 en Lybie a provoqué le conflit au Mali. Elle risque aussi de durer aussi longtemps que l’intervention décidée par le gouvernement “Jospin-Gauche purielle” en 2001 en Afghanistan.
Les armes utilisées par ceux que l’on appelle “terroristes” ont été fournies par les occidentaux; un bon nombre de ces “terroristes ” ont reçu une formation militaire des U.S. On dit qu’ils sont islamistes ; eux disent que nous sommes les croisés. Comme ils n’ont pas d’avions de guerre permettant de tuer impunément ils emploient des vieilles méthodes (prendre des otages…).
Les communistes et leur journal l’Humanité ne doivent pas soutenir cette guerre, en aucune façon . Laisser seuls Villepin et Le Pen parler fort contre cette guerre serait une erreur catastrophique.
Que faire : tout d’abord exiger l’interdiction du commerce international des armes (dans lequel notre pays est très bien placé actuellement), recycler aussi vite que possible notre industrie d’armement tournée vers l’export ; en Afrique le passif Français est si lourd que toute intervention doit être refusée (les criminels ne sont pas invités à revenir sur les lieux de leurs méfaits pour aider les victimes).