Les charognards à l’affût

le 6 avril 2020

AFP

« En même temps » qu’ils multiplient les éloges sur les personnels de santé des hôpitaux publics, nos gouvernants commandent en douce des rapports qui visent à poursuivre l’asphyxie de notre système de santé public !

Cette haute trahison, cette forfaiture, intervient alors que médecins, infirmiers ou réanimateurs se saignent aux quatre veines pour soigner et sauver des vies en mettant la leur en danger, du fait même des pénuries et négligences gouvernementales. Ce sale coup se prépare dans les arrière-cuisines peu ragoutantes des industries chimiques, des assurances privées, des banques et des cabinets ministériels. Les voici qui affûtent en bande organisée des projets pour tirer parti du drame planétaire et relancer le business capitaliste.

Par devant, le président de la République proclame d’une voix apeurée que la santé appartient « aux biens et service qui doivent être placés en dehors des lois du marché». Par derrière, il commande à la Caisse des dépôts et consignations, bras financier de l’Etat dont l’indépendance a encore été réduite avec la récente loi « Pacte », un rapport dont l’objectif est d’accélérer le processus de marchandisation de la santé. Ce même processus qui nous conduit aux actuelles hécatombes.

Dans une copie destinée au cabinet élyséen, le service de prospection stratégique de la Caisse des dépôts prône le désarmement total de l’Etat social et de la protection des citoyens, la mise en concurrence plus grande des secteurs publics et privés pour abaisser encore les rémunérations des personnels de santé.( lire ici la pièce jointe) Il propose d’accélérer les privatisations de l’hôpital public avec les fameux partenariats « public-privé » qui ont tous conduit à des fiascos sanitaires et économiques. Seules les banques s’en frottent les mains.

Et rien n’est prévu pour augmenter les dépenses publiques de santé puisque nos ronds-de-cuir insistent pour maintenir le corset avec le fameux « objectif national des dépenses d’assurances maladie », tandis que seule la dette des cliniques privées serait restructurée au-delà des engagements gouvernementaux.

La stratégie des commanditaires de ce rapport est de pousser les feux d’un capitalisme sanitaire, appuyé sur un capitalisme numérique et financier. Des catégories de personnels seraient remplacées par une cohorte de start-up alliées aux grandes compagnies d’assurances comme AG2R ou Malakoff Humanis, des firmes chimiques comme Astra-Zeneca, des filiales du crédit agricole et de la banque postale. Et, grande innovation des technophiles du capital, puisque les banques et la Caisse des dépôts ont garanti ces dernières années des milliards d’euros aux grands croisiéristes dont l’activité a spectaculairement chutée, on transformera ces grands bateaux en « navire-hôpital en contrepartie d’une rémunération ». Inouï !

Ainsi au cœur de la pandémie, au centre d’un malheur planétaire, les milieux d’affaires en lien avec des secteurs décideurs de l’Etat réfléchissent aux moyens non pas de protéger les êtres humains, mais à la meilleure façon de profiter de la situation. Ceci, en mettant l’épargne populaire à disposition de la relance d’un capitalisme dont de plus en plus de personnes mesurent les impasses mortifères.

La riposte s’impose. Les débats et les prises de positions ne doivent pas rester confinés, il faut une entière transparence sur les dettes des hôpitaux et réclamer leur annulation totale, obtenir une augmentation substantielle des rémunérations des travailleurs de la santé, le retour sur tous les conquis détruits des agents du service public, un plan audacieux d’embauches, la réouverture des hôpitaux fermés, la relance de la recherche fondamentale. On trouve bien des centaines de milliards pour le secteur privé. On doit bien en trouver pour l’hôpital public. Au-delà, une grande politique de la santé publique dans le cadre d’une sécurité sociale de la vie doit être inventée, non pas avec les technophiles de la Caisse des dépôts mais avec le concours de tous les intéressés, salariés et usagers.

PJ :


10 commentaires


ALAIN VISA 6 avril 2020 à 12 h 45 min

AG2R, MALAKOFF et HUMANIS ne sont pas des compagnies d’assurances mais des institutions paritaires de retraite à la gestion desquelles participent les syndicats dont la CGT. Ces institutions comme les mutuelles complémentaires santé peuvent être amenées à participer à la gestion d’hôpitaux privés à but non lucratifs. Ces hôpitaux représentent 14 % de l’offre de santé hospitalière, les hôpitaux publics représentent 61 %, les cliniques privées le reste.

chb 7 avril 2020 à 9 h 52 min

“des institutions paritaires de retraite à la gestion desquelles participent les syndicats dont la CGT”
Oui, c’est vrai ; il y a même des syndicalistes parmi les employés des plus féroces banques et autres multinationales !
Or, le développement de mutuelles – et de “mutuelles” – en complément de la Sécu participe aussi à l’affaiblissement de la protection sociale de tous. L’intégration totale des organismes sociaux n’a pas été atteinte après guerre, et la démocratie en a pâti. La Macronie tente aujourd’hui de relancer le processus, au profit cette fois de la finance : l’instrumentalisation de la CDC, devenue un acteur capitaliste, est un aspect odieux du détournement en cours.

Marie José Santos 6 avril 2020 à 15 h 29 min

Je suis atterrée, pas surprise.
Ils préparent un après avec contingents services d’ordre eux par contre bien équipés

Béraud 6 avril 2020 à 17 h 34 min

Peuple de France réveille toi ,monte aux barricades , après la pendemie ,bloquon la France ,le capitalisme BASTA !!!!

Prunet 6 avril 2020 à 19 h 00 min

Incroyable , le monde entier se bat contre ce virus terrible , pendant ce temps , le gouvernement continue à réduire les droits à la santé .Merci beaucoup monsieur , les explications nous permettent de mieux comprendre notre triste situation

BRÉCHOT ROLAND 6 avril 2020 à 19 h 27 min

Combattre l’hydre jusqu’à ce que chaque tête soit tranchée signifie lutter jusqu’au bout tant que nous n’obtiendrons pas de réponses satisfaisantes aux questions : pour qui et pour quoi déciderions-nous de faire ça. Mettre en lumière les intentions et les intérêts et faire réagir le peuple que nous sommes.

chb 7 avril 2020 à 10 h 54 min

Faire réagir le peuple…
Le peuple ? Ahuri, confiné, sidéré : il subit la stratégie du choc. De quoi amener à résipiscence des résistants par ailleurs incontrôlables, que le régime macronien a craints et ignorés + réprimés au-delà de toute mesure.
Les gilets jaunes et autres manifestants sont aujourd’hui en prison à domicile, et volontaires avec ça, pour combattre la contagion. L’état policier leur fait même rédiger leurs propres Ausweis !
Blanquer transforme le Bac en contrôle continu dans un vrai consensus d’urgence, et parviendra probablement aussi facilement à « faire travailler jusqu’à la fin de l’année » les profs autrefois occupés tout le mois de juin à organiser les exams.
La privatisation de l’énergie et du transport s’installe en profitant du chaos, celle des retraites mijote, les soignants abasourdis ne pensent plus qu’à l’urgence…
Ajoutons la suspension du Code du Travail, les légèretés de circonstance quant aux mesures sanitaires dans les entreprises ou à l’hosto, les heures sup un peu plus déréglementées (celles des fonctionnaires seraient pourtant payées… un jour?), tout ça dans une union sacrée assez réussie.
Le peuple applaudit à 20 heures, même si le gouvernement baisse encore dans certains sondages, et se mobilisera dès que possible à panser les plaies de la crise. Quoi d’autre en vue ?

REMI 7 avril 2020 à 19 h 51 min

Avec MACRON, vous serez TOUJOURS MARRON, sauf si vous avez du POGNON….
C’est de la ROI de la FLUTE à BEC!!!.
Vivement 2022 qu’on s’en DEBARASSE, il n’y aura pas pire…

Ybou 8 avril 2020 à 10 h 32 min

Trahison de la république au plus haut niveau. Les Énarques se déchaînent avant la suppression de leur « Chateau »! Prêts à tout… c’est même à ça qu’on les reconnaît !

Dominique ELLES 9 avril 2020 à 10 h 30 min

Tant que nous parlerons, comme les bourgeois, de “dépense publique de santé” au lieu de “production de soins”, les bourgeois l’emporteront.

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