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J’ai passé cette journée du mercredi 09 février à Tunis pour humer l’air de la révolution et pour me rendre compte de ses développements.
Avec les sénatrices Annie David et Odette Terrade, et Jacques Fath, responsable international du PCF, nous avons rencontré une multitude d’organisations comme la ligue des droits de l’homme, l’association des femmes démocrates, un groupe de syndicalistes de l’UGTT (union générale des travailleurs tunisiens) en désaccord avec leur direction, les responsables du forum du 14 janvier, mais aussi Radhia Nasraoui, Taoufik Ben Brik, et évidemment notre ami Hamma Hammami, porte-parole du Parti communiste des ouvriers tunisiens qui nous a chaleureusement accueillis, guidés et dont nous avons pu mesurer la grande popularité en nous promenant dans les rue des Tunis.
Nous avons trouvé un peuple souriant, heureux de bousculer l’ordre des choses et en même temps lucide sur l’étape dans laquelle se trouve le processus qu’il a enclenché. Les Tunisiens ont conquis la liberté d’expression, la liberté de circuler, la liberté de parler à haute voix et de rire, mais ils sont toujours en butte au système Ben Ali, même sans Ben Ali. Telle est la situation sur laquelle ils s’interrogent à cette heure.
Ils continuent de harceler les ministres, les gouverneurs des États, les entreprises, tout en étant conscients des forces contre-révolutionnaires à l’œuvre partout, dont les membres de la fameuse police politique de Ben Ali et les cadres toujours actifs de son parti. Lucides, ils font vivre chaque jour leur révolution en ne se laissant pas déposséder par de multiples manœuvres.
Ils veulent changer le cadre constitutionnel et donc s’engager dans la réunion d’un congrès des forces démocratiques pour abroger un certain nombre de lois qui réduisent aujourd’hui une multitude de libertés. Cela est urgent ! Ils souhaitent la mise en place d’une assemblée constituante pour être les co-élaborateurs d’un projet nouveau. Ils réclament l’amnistie des prisonniers politiques. Dans certains endroits ils refusent de payer les impôts tant que les gouverneurs ne les abaissent pas. Dans d’autres ils refusent de payer l’eau ou l’électricité tant que le prix n’est pas révisé à la baisse. Partout ils réclament que les services de sécurité ne soient pas mis au service de l’ancien régime et des anciens dirigeants mais au service de la population en son entier. Leur mot d’ordre du début « l’emploi est un droit, bande de voleurs » est devenu : « Emploi, liberté, dignité ».
J’y reviendrai dans un autre billet, mais d’ores et déjà je peux redire que le peuple tunisien, ses forces démocratiques et progressistes comptent ardemment sur notre soutien partout où nous nous trouvons. Ils sont lucides sur les orientations du pouvoir sarkozyste et de l’Union européenne.
A nous de relever le défi, d’être fidèles aux beaux idéaux des Lumières, de la patrie des droits de l’homme et de la République française.
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0 commentaires
Merci monsieur Le Hyarick pour ce billet nous donnant quelques nouvelles de nos amis tunisiens après ce voyage. Et merci d’ailleurs de ce voyage vers eux.
Nous sommes de tout coeur avec eux sur le chemin de la démocratie, qui sera sûrement semé encore d’embûches et nous comptons sur nos représentants de la grande gauche française rassemblée pour les accompagner.
Amitiés socialistes. MJ.
Merci Patrick et tout notre soutien au mouvement révolutionnaire tunisien ; Les hommes d’ailleurs ou d’ici en ont ” ras le bol ” des profiteurs de tous poils qui font bombance sur le dos des ouvriers et des classes moyennes .
En espérant que les mouvements tunisiens ou egyptiens ne seront pas dévoyés et donneront à réfléchir tout à l’entour !
Il faudrait peut-être nous dire ou envoyer de l’argent aux camarades du PCOT merci Claude Roda
Fallait peut-être, se réveiller plus tôt, camarade Le Hyaric. Vous revenez de Tunisie avec vos amis, et avez rencontré une “multitude d’organisations”. Bravo.
Elles pré-éxistaient celles là.
Fastoche ce “voyage”. Et qui ne mange pas de pain.
Et de la superbe et traditionnelle multi-confessionnalité en Tunisie, vous dites quoi?
De Raoul Journo et Habiba Msika, vous dites quoi?
Les avez vous mis sur votre blog juste et juste pour la douceur de ce temps, si tunisien, et peut -être perdu?
Il y a -t-il un tout petit peu de culture, dans ce regard de touristes et cette avancée là. Comme du temps glorieux des Lettres Françaises, vous savez…. Ou non peut-être.
On a l’impression que beaucoup de citoyens ou de français ne connaissent pas les positions et les actions du P.C.pour s’émanciper effectivement.
Profitons tous de la communication par Internet pour ouvrir les fenêtres qui oxygènent les esprits et préparent notre véritable Libération…
« HOMMES VEILLEZ ! » disait B. Brecht
Quand le MEDEF donne ses ordres, tous ses larbins s’exécutent. Tous ses PDG, ses traders, ses actionnaires trépignent d’impatience pour en toucher les dividendes. Tous ses gouvernants se précipitent pour les mettre en lois, orientations et décrets. Tous ses laquais sont là, doigts sur les coutures du pantalon : « À vos ordres chef ! Oui chef ! C’est entendu chef ! Ce sera fait chef ! » Tous ses informateurs zélés sortent leurs plumes, leurs micros et caméras pour habiller les directives, les commenter, pour les rendre présentables et séduisantes, pour les faire connaître. La servilité de ces « chiens de garde » au service des oligarques se fait doucereuse, mielleuse, mais sous le sourire pointent leurs canines mordantes. Les aspirations légitimes des peuples, ils n’en veulent pas. Utopies que tout cela ! Abandonnez vos vieilles lunes. Il faut être réaliste, il faut être raisonnable. Le monde est ainsi fait, on ne peut le changer ! Pour augmenter ses profits et faire payer SA crise aux peuples, le capitalisme, noir ou rose, déclare la guerre aux pauvres. Pour une exploitation sans limites, haro sur les syndicats, sur les protections sociales conquises de haute lutte et par le sang par les peuples. Haro sur le code du travail, sur les organisations syndicales et les institutions démocratiques, elles aussi arrachées dans le sang par la France de 1789, de 1830, de 1848, de la Commune, par le Front Populaire, par le CNR à la Libération et par mai 1968 (accords de Grenelle).
Par tous ces mouvements populaires dont la Tunisie, l’Égypte et les pays arabes nous rappellent aujourd’hui le souvenir au cas où nous les aurions oubliés.
« Hommes, veillez ! »
Nos adversaires de classe, d’ici et d’ailleurs, sont habiles. LEURS idéologues et LEURS journalistes font mine de rejoindre un temps le mouvement. Ils applaudissent, crient plus fort encore que les travailleurs, EXIGENT des réformes. ” IL FAUT TOUT CHANGER !” hurlent-ils …pour NE RIEN CHANGER EN VÉRITÉ. Ils s’emploient à tout récupérer, à piéger tous les mots, à dévoyer toutes les aspirations. Si les peuples s’endorment, dès le lendemain ILS nous pondent LEURS nouvelles institutions et LEUR nouvel ORDRE. Le plus bel exemple ne nous a-t-il pas été donné par la Révolution de 1830 ! Le « roi de France » Charles X et son drapeau blanc fleurdelysé chassés du trône et remplacés le lendemain par Louis-Philippe « roi des Français ». La preuve : ne brandissait-il pas le drapeau bleu blanc rouge !
Alors les peuples disent à nouveau BASTA ! È FINITA LA COMMEDIA ! Comme ont commencé à le dire et à le faire les peuples d’Amérique latine et aujourd’hui ceux du Maghreb.
Assez de la dictature des marchés et des banques, assez des diktats de Bruxelles et de Washington, de la BCE, du FMI et de l’OTAN ! Assez des années de servages, de misères, de domination américaine et “occidentale” qui imposent au monde, par Vassaux et Potentats interposés les intérêts du CAPITAL ! Assez de pillages, assez de guerres énergétiques, économiques, céréalières qui épuisent et affament le monde. Capitalisme dégage ! Liberté et justice pour les peuples opprimés.
Et NOUS ? Attendrons-nous encore longtemps pour réagir ?
Mais avec LEUR cinquième république, LEUR Bi-partisme, — ailleurs c’est l’uni-partisme — leurs trombinoscopes charismatiques, leurs foires d’empoigne qui ne mènent à rien, qui transforment les débats en spectacle où le bon peuple est convié à rigoler et à compter les points, assez de leurs déferlantes sondagières, de leurs parodies de débats bien orchestrés ! Tout est fait pour transformer l’élection présidentielle en une sorte de PMU électoral avec ses candidat placés gagnants, ses outsiders, son « petit candidat dont la côte est en train de monter », le petit candidat qui peut créer la surprise … Quand pour les distinguer, leur fera-t-on endosser qui la casaque jaune, qui la verte, l’orange, la bleue, la rouge à pois …. « L’ écurie de droite se prépare sérieusement, l’écurie socialiste s’apprête fébrilement, l’écurie noire du baron Le Pen sous la cravache de la marquise Marine qui a repris tout son allant … »
Quand mettrons-nous fin à cette sinistre mascarade ?
N’avons-nous pas encore les os assez rompus par la « rupture » imposée par « l’affreux nabot style 2011 » ? Avons-nous oublié à ce point d’où nous venons ? Sont-ils si loin de nous les stigmates d’une vie de chien qu’ont menée nos parents— ces temps où Paul Éluard disait que « Même les chiens étaient moins malheureux que les hommes » — cette vie vers laquelle le MEDEF-UMP voudraient nous voir retourner, les stigmates du fascisme, des guerres coloniales que nous imposèrent les pères spirituels de ceux qui nous gouvernent ? Pétain déjà ne parlait-il pas de rupture en référence à 1789 et au Front Populaire !
Arrachons son masque (anti)démocratique à la Cinquième république ! Changeons de République ! Rendons au peuple sa souveraineté ! Rendons au Parlement élu au suffrage universel et à la proportionnelle toute son importance. La démocratie, c’est un projet, c’est un processus, jamais fini, jamais achevé. Un projet voulu par et pour les citoyens et non par et pour d’étroites oligarchies.
Laissez-moi me réfugier derrière cette très belle pensée d’Édouard Glissant qui vient de nous quitter :
« Avec SA mondialisation, le capitalisme est une entreprise de massacre des peuples. La loi du profit tue les arbres, les fleuves, les forêts, les humanités … Ce qui se passe en Chine, au Darfour, en Bolivie, en Égypte, en Tunisie engage l’avenir de ce qui se passe en Europe ou dans les Caraïbes et inversement. AGIS DANS TON LIEU ET PENSE AVEC LE MONDE. À LEUR mondialisation, opposons NOTRE mondialité … L’avenir du monde est non dans le métissage qui fixe et fige l’ancien mode identitaire, mais dans la créolisation qui est un mélange inextricable des cultures et qui appelle une nouvelle manière de penser. »