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Le Président de la République répète à l’envi que le coup de massue qu’il compte porter au système des retraites est un « marqueur » de son quinquennat. Un « marqueur » ! Jusqu’ici, l’abaissement de l’âge du départ à la retraite, depuis Jean Jaurès jusqu’aux 60 ans en 1981, avait marqué un progrès de civilisation instauré par la gauche. Cette fois, il s’agirait d’un « marqueur » de droite, un marqueur régressif. Et certains porteurs de la pensée présidentielle déclarent à tout va : «la retraite est la mère de toutes les batailles». Une bataille contre le peuple donc ! Précisant, sûrs d’eux, en parlant de M. Sarkozy: « s’il la gagne, il sera réélu sans lever le petit doigt ». Vu sous cet angle, l’attaque contre les retraites n’a donc rien à voir, ni avec un problème de financement, de démographie, ni avec l’intérêt général. Il s’agit bien d’un choix politique visant à faire plier le peuple aux désirs de la rentabilité du capital. D’un choix de classe au service des puissances d’argent, des marchés financiers, au cœur d’une crise dont ils sont les premiers responsables et qu’ils font payer sous différentes formes aux peuples. Il s’agit ici d’offrir à terme la protection sociale et les retraites aux assurances privées et aux fonds de pension de retraites.
Telle est la définition la plus exacte du « marqueur » sarkozyen. Pour parvenir à cet objectif, tous les arguments vont être utilisés. La technique de l’angoisse et de la peur est agitée sur le thème selon lequel il n’y aura pas de retraite dans …50 ans par ceux-là même qui ne se soucient guère des millions de celles et ceux qui aujourd’hui même n’ont que des retraites de misère, pas plus que des centaines de milliers de jeunes qui n’ont pas d’emploi.
On ne peut pas plus prévoir l’état de notre société en 2050 qu’il n’était possible en 1970 de prévoir l’état de la société et du monde aujourd’hui. Personne n’a prévu en 1970 les effets de la révolution de l’information et de la communication, l’évolution de la productivité du travail, la chute du mur de Berlin, la nature de l’intégration européenne, sa crise, même l’existence de l’Euro n’était imaginée dans aucun calcul.
Les prévisions sont évidemment nécessaires. Mais ici nous assistons à une opération de propagande visant à créer une grande panique pour contraindre nos concitoyens à se soumettre. La dernière saillie du nouveau ministre du travail, qui lui n’aura aucun problème de retraite demain, a consisté à tenter de diviser travailleurs du public et du privé. La vérité est que le niveau moyen de la retraite d’un salarié du privé est de 1625 euros par mois contre 1593 euros dans le public. Allons-nous choisir un modèle de société où certains travailleront jusqu’à 70 ans quand leurs enfants de 25 ans seront au chômage ? Pourquoi nous parle-t-on d’espérance de vie de travailleurs en bonne santé après la soixantaine quand, dés le milieu de la cinquantaine, deux maladies sur cinq sont liées au travail et qu’à 60 ans, ce sont trois maladies sur cinq qui en dépendent.
Dans un pays où les richesses produites vont doubler, même avec une croissance modeste, il n’y a pas de problème de financement des retraites. Il y en aurait d’autant moins si on mettait à contribution les revenus du capital, les revenus financiers, qui, aujourd’hui, ne participent pas au financement de la protection sociale et des retraites. Et il faut en finir avec les exonérations sociales qui induisent un manque à gagner de 30 milliards d’euros par an.
Le vrai problème est celui d’une nouvelle répartition des richesses. L’avenir des retraites et de la protection sociale donne l’occasion d’en traiter dans chaque entreprise, quartier, famille. Nous ne prônons pas le statut quo. Des réformes progressistes sont nécessaires. Mais, il n’y aura pas de sécurité financière pour les caisses de retraite sans sécurité de l’emploi, sans lutte contre les inégalités, sans la mise à mort du dumping salarial, sans une nouvelle politique industrielle et agricole, sans remettre en cause des exonérations sociales dont bénéficient les grandes entreprises et sans taxation des revenus financiers. Les richesses créées doivent-elles servir l’intérêt général ou être sans cesse accaparées par les forces du capital ? Tel est l’unique enjeu ! Aujourd’hui, il est demandé aux citoyens de se mouvoir dans une fausse alternative : soit la peste du recul de l’âge de départ à la retraite, soit le choléra de l’augmentation des prélèvements. Et la nécessaire confrontation politique et idéologique serait ramenée au niveau de l’exploitation de la peur, de la création d’un climat de panique avec la coulée de la lave du mensonge.
Et bien, nous refusons cette méthode de gouvernement et ces logiques. Nous réclamons un vrai et grand débat public et contradictoire sur un défi de civilisation humain, au croisement de grands enjeux comme celui du travail, de sa finalité et de sa rémunération, celui de la répartition des richesses dans la société, celui de la société dans laquelle on souhaite vivre. Ne les laissons pas faire sans vous ! Réclamons ce grand débat indispensable. Engageons-le, partout !
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0 commentaires
100% d’accord!.
Bravo, et merci, pour cet exposé concis de l’état du débat!
Je l’ai bien entendu posté sur Facebook, et j’ai signé aussi la pétition: http://www.exigences-citoyennes-retraites.net/