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On a pu un moment croire l’essentiel de l’épreuve passée, mais sans abandonner la crainte qu’un retour de l’automne soit propice à la propagation du virus. Nous y revoilà donc, et de la plus sale des manières, avec état d’urgence sanitaire prolongé et un couvre-feu décrété qui plonge l’espace public dans l’obscurité dès 21h. L’espace public est aussi espace politique, social, culturel. Tout couvre-feu lui porte atteinte et met en conséquence des libertés politiques et démocratiques en suspens, dont celles de se mouvoir ou de se réunir quand bon nous semble. Il assèche les rencontres et la culture. Bref, il cisaille les liens sociaux et nous réduit à l’état de simples producteurs de marchandises ou de services sous-payés.
C’est donc un immense sacrifice qui est une fois de plus demandé à la population, après tant d’autres et alors que la pauvreté progresse à vitesse folle. Les habitudes s‘installent et il est à craindre que les pouvoirs politiques s’habituent eux aussi à cette suspension du droit commun. Les états d’urgences passent de « sécuritaires » à « sanitaires » sans qu’on y prenne garde et le pays est désormais gouverné par décrets ministériels et ordonnances gouvernementales. La mise en parenthèse de la vie démocratique, déjà bien entamée par des réformes institutionnelles scélérates, fait bien l’affaire du capital et des grandes entreprises qui, de concert avec le pouvoir politique, profitent de la crise pour opérer un immense détournement d’argent public à leur seul profit et sans que l’Etat ne daigne aller y voir de plus près. Pour ces gens-là, le virus s’apparente bel et bien à une « divine surprise ».
Le coût social des mesures imposées doit être questionné. Comme doivent être élucidées les raisons d’un tel fiasco sur les tests, de l’imposition des masques dans les rues sans résultat, et de l’effroyable situation faite aux agents publics de la santé, excédés et épuisés. Une consultation réalisée par l’Ordre des infirmiers au début du mois nous informe que 40% d’entre elles et eux veulent changer de métier. Dans un secteur clé, appelé à jouer un rôle de premier plan dans les prochaines années et décennies, la pouvoir laisse filer une terrible crise des vocations qui couve sous la maltraitance, la déconsidération, le travail harassant, les bas salaires. Le « Ségur de la santé » aura fait long feu, n’apportant qu’à la marge des réponses circonstanciées. Et les deux journalistes conviés pour recevoir gentiment la parole présidentielle mercredi dernier n’auront pas eu la décence d’interroger M. Macron sur la situation du secteur hospitalier, sur la baisse du nombre de lits en réanimation depuis le printemps dernier, sur l’incapacité du gouvernement à organiser la puissance publique pour affronter le retour du virus. Ceci alors que des opérations médicales jugées moins urgentes que la mise sous assistance respiratoires des malades du Covid sont ou seront reportées, au prix, in fine, d’une hausse de la mortalité. C’est vrai pour la France mais aussi pour de très nombreux pays à travers le monde.
Le prix de ces impréparations est colossal, si grand qu’on peine aujourd’hui à le mesurer. Tout juste peut-on percevoir une mutation nette et brutale des habitudes de la vie collective qui, à n’en pas douter, laissera des traces. Car une expérience aussi douloureuse, faite par un si grand nombre sur une même période ne peut toucher qu’au fondement même de l’être humain, être social. Avoir 20 ans aujourd’hui, c’est faire l’expérience d’un monde où l’altérité est passée au tamis du soupçon et du danger. Où les accolades, les baisers, les étreintes laissent place aux regards gênés et aux « gestes barrières ». Un monde de distance qui menace de renvoyer chacune et chacun à sa solitude, à son pré carré. L’on ne voit que trop comment une telle mutation fait les affaires d’un capitalisme de plate-forme (imposé des Etats-Unis) qui pousse à l’individualisation des rapports sociaux et à la « distance sociale », un capitalisme de caserne où les barreaux sont les écrans et où les individus sont rétrécis, définis au prisme des données numériques qu’ils offriront à quelques firmes tentaculaires par la grâce de quelques clics. Et l’on ne voit également que trop bien comment la solitude et l’enferment exacerbent les inégalités sociales, les violences infra-familiales contre des femmes et des enfants, les risques psychiques.
Nous pouvons craindre que la nécessité d’offrir à la société une respiration nouvelle ne soit pas la priorité d’un pouvoir les yeux rivés sur des indicateurs économiques qui ne visent qu’à perpétuer l’ancien monde.
Pourtant, tout aujourd’hui pousse à faire éclore un monde radicalement différent, à redéfinir les priorités de la vie collective, sociale et économique. De partout, y compris parmi les libéraux, monte la question de l’efficacité sociale et écologique de ce système. Raison de plus pour pousser des questions politiques de premier ordre cat l’heure n’est pas à continuer de se parler de ce concept flou et fourre-tout du prétendu « monde de demain » mais de porter haut l’enjeu de civilisation qui se pose immédiatement : celui du chemin à ouvrir pour « l’après-capitalisme ».
Les conditions actuelles ne sont certes pas propices à la mobilisation. Raison de plus pour, partout et avec prudence, entamer le dialogue sur les impasses terribles d’un monde capitaliste pris au piège d’un virus qui exacerbe toutes les tares du modèle libéral, dur avec les faibles et doux avec les puissants.
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Texte publié dans ma Lettre du 17/10/2020
4 commentaires
Excellente analyse de notre situation Mr LE HYARIC. Pour ma part je ressens
un sentiment d’impuissance. Agir aujourd’hui dans la normalité et la l’égalité qu’autorise notre constitution me paraît voué à l’échec. Je pense que seule la mobilisation générale de la population, la révolte, dans la rue fera plier ce gouvernement scélérat. Les seules luttes d’envergure ne se gagnent que par la force. Aujourd’hui toutes discussions sont devenues inadaptées face à la gravité de la situation politique, sociale, médicale économique qui règne dans notre pays. Seul un immense mouvement des masses permettra d’obtenir des changements profonds.
Merci.
Hélas….la punition privative de nos libertés essentielles est là seule réponse du gouvernement chapeauté par Macron pour masquer leurs incompétences successives… la loi d’urgence ,loi scélérate censée nous protéger nous étouffe
.plus de réunion, peur de notre propre famille et amis, de l’autre ,vécus comme dangereux voilà ce qu’ils .nous imposent pour mieux nous “gouverner” les élections sont pour bientôt ,nous étouffer avant est leur seule porte de salut croient ils …c’est sans compter sur l’aptitude des français à résister,
Super fan
André Nicolas
Comment se fait il que l’humanité ne défende pas le traitement du professeur Didier Raoult attaqué de toutes part par les labos pharmaceutiques qui veulent nous fourguer leur médocs et vaccins qui vont coûter très cher à la sécurité sociale, alors que le traitement du professeur ne coûte pratiquement rien et a démontré son efficacité et son utilité sur toute la planète. Ne pas parler de ce traitement est un non-sens. Il aurait permis de lutter efficacement contre ce covid qui permet au gouvernement de restreindre toutes nos libertés et de laisser mourir des gens avec comme seul traitement du doliprane…