Le cercle de la raison macronien

le 27 août 2021

© AFP

Dans un entretien à nos confrères du Monde, le secrétaire d’Etat aux affaires européennes, M. Clément Beaune, dit tout de la stratégie du « président-candidat » dans la perspective des élections présidentielle et législatives.

Homme d’expériences diverses, car passé du cabinet de Jean Marc Ayrault à celui de l’Elysée avant d’être nommé au gouvernement, il mérite d’être entendu.

Après avoir justifié la « verticalité » qui a présidée aux décisions sur le passe-sanitaire, les contre-réformes de l’assurance chômage et de la fonction publique, « le plan de relance » sans contreparties, la « loi climat » critiquée par les membres de la Convention citoyenne pour ses graves insuffisances, il a confirmé la stratégie du président pour rester à l’Elysée : « incarner le camp de la République, de la raison et de l’équilibre de la société ».

Autrement dit, celui qui n’a obtenu que 18 % des inscrits lors de la dernière présidentielle serait le rassembleur,  même après le fiasco de son parti lors des dernières élections régionales.

Le secrétaire d’Etat a aussi glorifié l’insupportable parole présidentielle sur le freinage « des flux migratoires » venant d’Afghanistan où règnent la terreur et la dictature.

Enfin, il a confirmé : « En 2022, la présidentielle et les législatives vont se jouer sur un clivage entre ceux qui assument la complexité, la raison, la science, une forme de modération verbale et ceux qui jouent des effets de la polémique et des divisions ».

Guizot disait déjà, en son temps, que seuls pouvaient participer ceux qui sont « éclairés par raison critique supérieure » ! 

La stratégie est bien d’incarner le programme économique, social, sécuritaire et de rejet des réfugiés de la droite, le tout présenté comme rempart à l’extrême droite ! 

Pourtant « le clivage » a bien été porté à plusieurs reprises par le président lui-même : celui qui existe entre ceux – « les premiers de cordée » – qui accumulent des fortunes et les premiers de corvée, « ceux qui ne sont rien » mais qui, pourtant, sont en première ligne dans la tenue du pays depuis le début de la pandémie.

Tout est bon pour empêcher le débat sur l’antagonisme fondamental entre les détenteurs du capital et celles et ceux qui n’ont que leur travail manuel, intellectuel pour vivre… et trop souvent survivre.

Si l’on veut bien écouter le secrétaire d’Etat, « bon sens et pragmatisme » s’opposeraient au chaos.

Déporter ainsi le débat public, c’est vouloir diviser la société et associer les forces progressistes au camp de la déraison, à côtés de celles qui transpirent le racisme et la xénophobie.

C’est la confirmation de la stratégie visant à faire de l’extrême droite la seule force opposante, celle susceptible d’être au second tour de l’élection présidentielle.

Voilà pourquoi ministres et caméras ne valorisent, lors des manifestations du samedi, que les aspects les plus nauséabonds, notamment l’infecte antisémitisme, les abominables destructions de centres de vaccination ou de pharmacies.

Ceci permet de cacher les enjeux autour de la nécessaire refondation de notre système de santé et les moyens à donner à l’hôpital public.

Ajoutons qu’un simple soupçon sur un réfugié afghan aura été le prétexte pour faire occuper les radios et les télévisions dès le petit matin, mardi dernier, par des cadres de l’extrême-droite qui, une fois de plus, nous ont montré que leur poitrine de fer était dépourvue de cœur.

Si cette stratégie réussissait, l’homme qui, seul, décide de tout, aurait les mains  encore plus libres, pour, pendant cinq années supplémentaires, amplifier les destructions de conquis sociaux en mettant toujours plus l’Etat au services du capital, en déformant encore plus la République, en allant plus loin et plus vite dans les contre-réformes des retraites et vraisemblablement de la sécurité sociale.

La voix de celles et ceux – et ils sont la majorité sociale – qui veulent reprendre « le contrôle de leur vie », celle qui appelle à plus de justice, de respect, de libertés, de solidarité, ne doit pas se laisser étouffer.

Elle doit exprimer ses exigences de progrès social, démocratique et écologique.

Par sa détermination et son rassemblement, cette majorité peut contribuer à ce que s’ouvrent des voies alternatives au capitalisme qui fait chaque jour, dans tous les domaines, la preuve de son inefficacité sociale, écologique et économique.

C’est dire à quel point la riposte politique et idéologique est à l’ordre du jour !

Patrick Le Hyaric

Le 27/08/2021


1 commentaire


Moreau 27 août 2021 à 23 h 29 min

La France et l’Union Européenne ne doivent pas devenir une démocratie américaine des Etats-Unis d’Europe, tout en vivant en amitié avec l’Amérique du Nord, mais la Répubique authentique originale universaliste européenne. Les problèmes gravissimes viennent des retards partout dans le Monde et à commencer par celui de l’Union Européenne, de réaliser entièrement la vision de la construction de l’Union Européenne telle qu’elle doit être. L’Union Européenne ne peut pas être une grande puissance suiviste, tout suivisme étant ou pouvant être la cause du moins pire et du pire.

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