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Parce que nous sommes humains, indéfectiblement humains, nous ne supportons plus les destructions, l’incessant fracas des bombes et les assassinats des enfants, des femmes, des hommes à Gaza, jour après jour, larmes après larmes.
Parce que nous sommes humains, inlassablement humains, nous refusons tous les prétextes qui voudraient justifier les morts de nouveau-nés et d’enfants consignés au bilan des dégâts collatéraux, non pas d’un « conflit », comme on le répète depuis les fauteuils moelleux de l’Occident complice, mais d’une guerre d’annexion d’un pays par un autre.
Parce que nous sommes humains, irrésistiblement humains, nous crions le droit du peuple palestinien à exister, à vivre, à créer, à bâtir son État et ses institutions sur sa terre, aux côtés du peuple israélien.
Parce que nous sommes humains, plus que jamais humains, nous rejetons l’inhumanité en cours des plus hauts sommets des plus puissants États aux studios des médias les plus serviles. Celle qui, loin de nos yeux, conduit à organiser méticuleusement l’élimination, la destruction d’un peuple.
Ce déchaînement d’inhumanité qui s’abat sur les Palestiniens n’est possible qu’avec la participation active des dirigeants nord-américains et le soutien implicite d’une coalition de forces dominantes au sein de l’Union européenne. En témoigne encore ce vote commun des droites, des extrêmes droites et des macronistes contre la suspension des accords d’association entre l’Union européenne et l’État d’Israël. Pourtant, les conditions inscrites à l’article 2 de ce traité sont constamment violées. Mieux encore, ces députés ont refusé de voter un amendement selon lequel la France doit respecter les décisions de la Cour pénale internationale (CPI). Veulent-ils que la France retire sa signature pour rejoindre les extrêmes droites américaines et israéliennes ?
Décidément, les métastases brunes du trumpisme se répandent très vite pour atteindre largement le corps politique français chargé de protéger les dominants.
On en comprend les raisons à la lecture du rapport de la rapporteuse spéciale des Nations Unies, Francesca Albanese, présentée le 3 juillet dernier au Conseil des droits de l’homme à Genève.
Parce que nous sommes humains, politiquement humains, nous comprenons mieux, avec ce texte, que le grand capital international s’oppose à la vie humaine, au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à tout droit humain. Sa culture intensive de la haine est proportionnelle aux profits que génèrent les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le génocide. On découvre dans ce rapport, avec écœurement, que depuis l’offensive guerrière Israélienne sur Gaza, la Bourse de Tel-Aviv a progressé de 179 % et accumulé un pactole de 157,9 milliards de dollars de valeur boursière. Sans doute l’intersection du grand capital, international et ses « traders » qui dansent loin des âcres fumées, des épaisses poussières et la mort que laisse derrière elles les bombes de fabrication américaine, voient dans ce charnier et dans ces destructions, des profits encore à venir.
Dès lors, on comprend mieux les hypocrisies contenues dans chaque appel à la paix prononcé par les mandataires du capital qui considèrent évidemment le criminel de guerre Netanyahou comme un de leurs meilleurs représentants-mandataires. Des otages israéliens ? Ils n’en ont pas cure.
Quand on voit des bulldozers détruire des oliviers en Cisjordanie ou détruire une habitation à Gaza… Quand on voit une bombe tomber sur un hôpital… Quand on découvre l’ampleur de la surveillance, notamment aux checkpoints et du haut des miradors épiant jour et nuit le mur de séparation… Il faut bien regarder les marques du matériel et des engins de mort et de destruction en action. Ils sont souvent fabriqués aux États-Unis et en Europe pour soutenir une économie coloniale et une économie génocidaire. Et en profiter, en profiter encore et toujours.
Ainsi, l’Américain Caterpillar, le Coréen HD Hyundai, ou le Suédois Volvo participent à la destruction d’infrastructures en Cisjordanie, à Gaza et à la construction de colonies illégales.
L’entreprise d’armement américaine Lockheed Martin a testé son nouvel avion de guerre F 35 chargé de bombes déversées sur les Palestiniens. Le Rapport de Francesca Albanese chiffre à au moins 179 000 le nombre de Palestiniens tués ou blessés à cause de cet avion et du bombardier F 16. Évidemment, les deux entreprises israéliennes d’armement, Elbit System et Israël et Aerospace Industries, gonflent leurs profits à mesure que meurent les enfants palestiniens.
Le groupe italien Léonardo S.p.A. fourni radars et composants militaires… Le géant Danois du transport maritime Maersk assure la logistique des cargaisons sensibles vers les ports israéliens. Les grandes entreprises numériques assurent la surveillance biométrique et électronique. Loin de toute éthique, on y retrouve IBM, NSO avec son logiciel Pégasus aux côtés d’Amazon, de Google et de Microsoft. Les seigneurs de la Tech américaine utilisent la Palestine comme terrain d’expérimentation de leurs technologies militaires.
La haute finance internationale injecte des fonds dans les sociétés partenaires de la guerre et dans le budget de l’État israélien. On y trouve une fois encore le fond BlackRock et Vangard, Barclays, Pimco, le fonds souverain Norvégien GPFG aux côtés d’Axa ou de BNP Paribas qui, en achetant des obligations israéliennes, a permis de participer au doublement du budget militaire israélien, à l’aide au groupe d’armement Elbit Systems et d’autres sociétés participant aux financements d’infrastructures dans les colonies israéliennes.
Définitivement, le capitalisme est un anti-humanisme. Les principes de la morale et du droit l’ont définitivement quitté.
On comprend d’ailleurs son acharnement à exiger la destruction du droit et de toute norme, puisque la responsabilité des entreprises est désormais inscrite dans les principes directeurs de l’ONU sur les droits humains. Elles doivent ainsi s’assurer que leurs activités ne contribuent pas à leur violation et prendre des dispositions pour y remédier. Francesca Albanèse a justement rappelé que des précédents historiques existent avec le procès des industriels allemands au tribunal de Nuremberg ou lors de la commission de la vérité et de la justice en Afrique du Sud.
La Cour internationale de justice (CIJ) avait, il y a plusieurs mois, prévenu d’un « risque réel et imminent de génocide » et ordonné des mesures pour l’empêcher. Celles-ci sont restées lettre morte. L’impunité des grandes entreprises ne peut plus durer. Leurs travailleurs, de tout métier, doivent au moins interpeller leurs dirigeants sur le sens de leur travail, protester contre ces participations aux crimes de guerre et de génocide. Toutes les citoyennes et citoyens, les élu-es- locaux et nationaux, les syndicalistes, les représentant-es- des travailleurs et travailleuses attachés au droit international peuvent s’appuyer sur ce document officiel que constitue le rapport Albanese pour agir afin d’obtenir un embargo total sur les armes, des sanctions contre les entreprises et institutions financières impliquées, la saisie des tribunaux nationaux et internationaux pour complicité de crimes de guerre. Et aussi, exiger des investigations pour éclairer la traçabilité des chaînes d’approvisionnement des matériaux et des circuits financiers. Les travailleuses et travailleurs, dominés, exploités ne se rendent pas sur les lieux de leur dur labeur pour fabriquer ce qui servira à l’anéantissement de leurs semblables pendant que le grand capital touche deux fois le pactole. Une fois en tirant de la plus-value sur l’exploitation du travail permettant la fabrication des armes du crime. Une seconde fois, en vendant ces engins de mort à prix d’or.
Parce que nous sommes humains, solidairement humains, nous condamnons, nous refusons, nous combattons un système qui fait mourir de faim la population de Gaza pendant que le capitalisme international devient obèse de ses profits générés par le crime.
Tout ce qui amplifie, unifie le combat pour la justice et le droit, dont celui des travailleuses et des travailleurs des entreprises, des banques et des ports de commerce concernés par cette sinistre entreprise, doit être favorisé, soutenu, cultivé. Parce que nous sommes humains, seulement humains, nous refusons cette barbarie, cette négation de la civilisation où le capitalisme se gorge de profit sur l’anéantissement d’un peuple. Libérer la Palestine, c’est nous libérer nous-mêmes.
Patrick Le Hyaric
7 juillet 2025