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Plus encore qu’au moment où elle a été décidée, la réussite de la marche citoyenne du 5 mai, contre le poison mortifère de l’austérité et pour une sixième République sociale et démocratique, est un enjeu pour toutes celles et ceux qui se réclament d’un changement à gauche. D’abord, rien ne doit conduire les progressistes à sous-estimer la forte mobilisation de la droite qui poursuit une alliance « de terrain » avec l’extrême-droite. Elle fait honte à notre pays, qui, depuis les Lumières a toujours été à l’avant-garde des progrès de société. La tentative de passage en force du prétendu accord sur la flexibilité du travail, le refus de la loi d’amnistie sociale, au moment même où le Président de la République reçois le patronat qui s’est opposé à la taxation des énormes sommes d’argent, issues des plus-values de cession, n’en sont que plus inacceptables.
Une gauche française, digne de son nom, de ses valeurs, de son histoire doit se placer du côté du peuple, des travailleurs et non du côté du capital. Or à rebours des engagements pris, le gouvernement et le Président de la République mènent une politique de deux poids, deux mesures, en privilégiant toujours les puissances d’argent au détriment du monde du travail, des retraités et de la culture: pacte de compétitivité qui est surtout un cadeau fiscal sans contrepartie aux actionnaires des grands groupes; refus d’une vraie réforme fiscale ; transcription dans la loi du texte du Medef, devenu « l’accord flexibilité » ; refus de l’amnistie sociale, qui a pourtant été votée par la gauche au Sénat. La gauche socialiste de l’Assemblée nationale vote contre la gauche socialiste du Sénat. Incompréhensible !
Pourtant et c’est une seconde raison de la mobilisation du 5 mai, le débat sur l’inefficacité de l’austérité prend une nouvelle ampleur jusqu’au sein du gouvernement lui-même. De fait, depuis plusieurs semaines, plusieurs études sérieuses montrent que tous les critères de déficit, de dette, rapportées aux richesses produites qui ont servi à imposer les traités européens comme la seule politique possible étaient faux. Même des analyses servant à comparer ce que les mandataires du capital désignent du bizarre nom de « coût du travail », entre la France et l’Allemagne ont été truquées. Mieux, voici que le Président de la Commission de Bruxelles a lâché que l’austérité « a atteint ses limites en Europe ». Quel désaveu de sa propre politique ! Quelle validation de nos propres dénonciations et propositions d’un nouveau partage des richesses et d’une autre Europe.
La mobilisation populaire, comme celle du 5 mai, permettra de passer des paroles aux actes et d’élargir le débat sur une autre politique possible et nécessaire en France, indissociable d’une action coordonnée pour réorienter profondément la construction européenne, en y respectant les souverainetés populaires et en y impulsant le souffle de la démocratie citoyenne.
De ce point de vue, la nouvelle langue de marbre deS élites, interdisant tout débat européen, tout débat sur la nature de l’Europe, sous domination du capital allemand, le rôle d’un euro resté ancré au mark allemand, la protection intransigeante de Mme Merkel, non pas des travailleurs et retraités allemands mais des seules banques allemandes, est totalement insupportable. Au nom de quoi le débat peut-il être interdit ? Il faut au contraire l’avoir au moment où les populations souffrent tant,- celle d’outre-Rhin aussi- sans que les comptes publics ne s’améliorent. Au contraire ! L’austérité creuse aussi le déficit et la dette. Et les actuels choix ne conduisent qu’à une augmentation considérable du chômage et du nombre de travailleurs pauvres dans tous les pays de l’Union européenne.
Les faits et sans doute la protestation populaire ont conduit ces derniers jours, plusieurs ministres et le Président de l’Assemblée nationale à lancer l’idée d’une nouvelle phase du quinquennat. Face aux échecs économiques, à la montée du chômage et de la pauvreté, à la crise politique accélérée par l’affaire Cahuzac, cette proposition ouvre la voie au nécessaire débat à gauche sur la politique à mettre en œuvre dans l’intérêt des salariés, des familles et du pays. Elle donne toute sa force à la question ouverte d’une autre politique à gauche, avec un autre gouvernement pour la justice, la réindustrialisation, l’impulsion de services publics démocratisés en faveur du développement humain et écologique, une action résolue contre les virus de la finance qui rongent et détruisent l’intérêt général, une démarche offensive et déterminée pour changer l’Europe et l’impulsion un grand débat constituant pour réinventer la République sociale et démocratique, s’émancipant de la pression de la loi de l’argent-roi.
Autant de raisons et d’autres encore qui conduisent, dans quelques jours, à réussir une grande marche unitaire, populaire, jeune, joyeuse, pleine d’espoir, le 5 mai prochain. L’exigence de progressisme à la française sera dans la rue. Cette dernière en a bien besoin après les slogans nauséabonds déversés ces derniers mois.