La santé n’est pas une marchandise !

le 20 mai 2020
A. NOOR/BSIP/AFP

A. NOOR/BSIP/AFP

 

 

L’éditorial de L’Humanité Dimanche du 21 mai 2020 – par Patrick Le Hyaric.

Soutenons avec force la proposition discutée à l’Organisation mondiale de la santé d’un réservoir international des brevets. Ne pas le faire reviendrait à priver des pays, voire des continents entiers, du vaccin ou du médicament pour contrer la pandémie de Covid-19. Quant aux autres, le prix risque d’y être prohibitif pour les familles populaires.

La guerre à laquelle se livrent les firmes pharmaceutiques pour produire le vaccin tant attendu met en péril la santé de millions d’êtres humains. L’indispensable coopération internationale est broyée par l’appât du gain que fait miroitier une demande mondiale exceptionnelle.

En quarante ans, l’industrie pharmaceutique s’est transformée en hydre capitaliste. Ce secteur d’intérêt général est désormais laissé aux mains d’actionnaires éparpillés sur les places boursières mondiales, qui décident à leur bon vouloir de la qualité et de la quantité de production de médicaments. Et les chaînes valeurs ont été disséminées à travers le monde de telle sorte que les puissances publiques n’aient plus leur mot à dire sur ce qui était hier des fleurons des économies nationales, répondant de besoins stratégiques.

Vu l’ampleur de la pandémie, des sommes colossales sont en jeu. L’intérêt des actionnaires de ce secteur, le sixième marché économique mondial, ne réside ni dans la coopération entre États ni dans la mise en commun des brevets et des molécules, pourtant indispensable si l’on veut que l’humanité fasse front solidairement à l’épreuve, mais dans la compétition commerciale.

Les propos du PDG de Sanofi selon lequel son groupe réserverait un éventuel vaccin aux plus gros payeurs, c’est-à-dire aux États-Unis, sont totalement abjects. Ceux qui nous expliquaient l’avantage d’aller chercher des dirigeants d’entreprises françaises loin d’ici tout en glosant sur la souveraineté ne sont que les piètres commis du capital international.

Ce groupe qui doit tout au soutien de l’État incarne à merveille les liens incestueux noués entre les puissances publiques et le marché capitaliste. Biberonnée à l’argent public, la multinationale ne se sent liée à aucune obligation à l’égard du pays qui l’a vue et fait naître et continue de la nourrir. Elle vogue dans les eaux glacées du capitalisme mondialisé avec une effarante arrogance. 150 millions d’euros de crédit d’impôt recherche, 24 millions de Cice versés chaque année et des crédits européens ne la lient à aucun devoir moral. L’exploitation des outils de recherche publique français qui, tels l’Inserm ou les centres hospitaliers universitaires contraints d’aller lui quémander des financements, non plus. Quant à l’emploi, notamment en France, il a été violemment sabré pour doper le cours des actions du groupe.

Ses actionnaires, par contre, auront eu l’agréable surprise d’empocher 4 milliards d’euros cette année, quand le groupe aux 35 milliards de chiffre d’affaires et aux plus de 100 milliards de capitalisation boursière s’est contenté d’une obole de 100 millions pour soi-disant lutter contre l’épidémie. Cette situation est intolérable. L’intérêt général commande de nationaliser Sanofi pour créer les bases d’un pôle public du médicament. Il s’agit d’une absolue nécessité sanitaire et démocratique.

Les organisations internationales sont en effet démunies et réduites à lancer des appels velléitaires à la solidarité entre pays dès lors qu’elles n’ont pour interlocuteurs que des groupes dont la survie dépend de l’intensité de la concurrence mondiale. L’implacable loi du marché capitaliste fixe ses règles du jeu. Et parmi elles figurent le rançonnage des États et le pillage de l’argent public. C’est à ces règles qu’il faut impérativement s’attaquer pour mettre fin au chantage au financement, aux pénuries organisées, et pour ériger une coopération internationale dans le domaine de la santé en s‘appuyant sur l’ONU et l’OMS. Pour y parvenir, le droit de propriété lucrative doit laisser place à un droit de propriété sociale et démocratique.

Oui, Sanofi doit devenir un bien commun, une propriété commune aux citoyens, équipes de recherche et soignants, y compris entre plusieurs États européens.

Patrick Le Hyaric


4 commentaires


Rubin-Delanchy 21 mai 2020 à 7 h 59 min

C’est une spoliation de biens publics ,la mise en coupe réglée mafieuse de ces grands groupes financés par l’argent public ,notre argent ,qui ensuite nous mettent sous leurs dominations et ….payent le moins d’impôts…Oui la sante n’est pas une marchandise oui à la nationalisation de Sanofi qui devient indispensable au regard de l’argent que l’état lui à octroyé …un juste retour des choses .Marre d’etre sous la domination mortifère du capital .

beaudouin victor 26 mai 2020 à 13 h 56 min

très bien .c’est le moment pour poser avec force la nécessité d’un pole public du médicament
un pole public en france,et on peux rever de poles publics dans differents pays europeens
qui se copereraient….bon courage

alain harrison 30 mai 2020 à 23 h 34 min

Vivement la Constituante Citoyenne et des élections avant terme. La destitution de Macron et de ses acolytes parlementaires est devenu vitale. Que les citoyens organisent le parti de transition, en être les maîtres d’oeuvre. Bien venue à toute la gauche qui veut servir le peuple et non s’en servir.

Les Gilets Jaunes sont le socle, la classe moyenne doit se réveiller. Elle perd les outils, que le programme du CNR avait investi, qui avait le potentiel d’une économie alternative juste.

Lors de la Constituante, personne ne perdra ses avoirs justement acquis, mais les avoirs des spoliateurs seront confisqués et redistribués selon les ordonnances de la Constituantes par les politiques du Parti de Transition.

Exigez la destitution de Macron et du parlement pour de nouvelles élections cette année.

Comment destituer le président de la République ?
« Le Président de la République ne peut être destitué qu’en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat. La destitution est prononcée par le Parlement constitué en Haute Cour.

De nouvelles élections sont devenues impératives. Ce gouvernement, le 3e à détruire systématiquement les acquis et réduire à néant les aspirations mêmes des prochaines générations. Un véritable Crime contre l’Humanité. Il y eut Sarkozy, puis Hollande,les fossoyeurs.

Constituante Citoyenne
Nouveau pacte social
Nouveau paradigme économique

alain harrison 30 mai 2020 à 23 h 50 min

Il faut sortir de la mondialisation financière.

Mondialisation
Contre le libre-Echange, la Charte de La Havane

Écrit par le_pardem

La Charte de La Havane est probablement le premier texte international à évoquer le développement
La question des liens entre commerce et développement a été évoquée pour la première fois à la Conférence de La Havane par les pays d’Amérique latine. Plus tard, l’accession à l’indépendance des pays en développement d’Afrique et d’Asie, à la suite de la Conférence de Bandung de 1955, a relancé une dynamique mondiale visant à créer un système commercial international qui favorise le développement économique et social. C’est pour réaliser cet objectif que la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) a été créée en 1964. La Charte de La Havane propose une approche qui se situe aux antipodes des conceptions actuelles du commerce international. Pour elle ce commerce ne peut avoir qu’un seul objet : le développement de chaque pays considéré individuellement, dans un cadre de relations internationales fondées sur la coopération et non sur la concurrence.

Le Pardem

Une relecture du programme du CNR
Une relecture de la Charte de la Havane

Mise à jour nécessaire
4 sorties incontournables.

Laisser un commentaire

Commentaire

Nom *

Les champs marqués * sont obligatoires

Email *

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Restez en contact

Inscrivez-vous à la newsletter