La République ? Parlons-en !

le 14 juin 2022

L’événement du premier tour des élections législatives est sans conteste le score des candidats de la coalition des gauches et des écologistes. Ces résultats mettent en évidence le lourd échec du Président de la République et le rejet profond de sa politique. Personne n’aurait parié sur un tel scénario, il y a moins de huit mois.

Voilà qui redonne espoir dans les quartiers populaires comme dans les entreprises.

Celles et ceux qui, dimanche dernier, ont choisi le bulletin de vote d’une candidate ou d’un candidat soutenu par Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale (Nupes), tout comme celles et ceux qui ont voté pour l’un des candidats de gauche à l’occasion du premier tour de l’élection présidentielle, ont toutes les raisons de participer à ce vaste mouvement et de l’amplifier par leur vote dimanche prochain.

C’est se donner le moyen d’empêcher le recul de l’âge de la retraite à 65 ans ou la privatisation rampante de l’école. C’est la possibilité d’obtenir des mesures de justice avec l’augmentation du salaire minimum à 1 500 €. C’est rendre possible la réunion d’urgence d’une conférence sociale qui vise à la fois la hausse de l’ensemble des salaires et de contenir les prix à la consommation.

C’est le seul moyen de lancer un processus durable pour une garantie de l’emploi, pour chacune et chacun, en lien avec le grand chantier de la planification écologique, la ré-industrialisation et la défense d’une agriculture paysanne.

Celles et ceux qui dimanche dernier, ont choisi de faire résonner le silence des urnes parce que le pouvoir avait expliqué que le vote ne servait à rien, présentant l’Assemblée nationale comme une vulgaire succursale du Président de la République, doivent se saisir de l’occasion pour peser en faveur de leurs intérêts.

En réduisant l’élection des députés à une simple formalité administrative, le pouvoir a refusé toute confrontation des idées et des projets, encourageant ainsi une progression régulière et sans répit de l’abstention. Avec un nouveau record, celle-ci est une nouvelle fois, un signal fort de la nécessité de régénérer le débat et l’action politique, les forces politiques et la démocratie elle-même. L’élection à un système proportionnel et la revalorisation du Parlement en sont des moyens. Cela demande aussi de réfléchir à la nécessité de présenter des candidates et des candidats plus représentatifs de la société. On le voit, le nombre d’ouvriers ou d’employés reste très minoritaire parmi les députés.

Ce ne serait toutefois pas suffisant. Nos concitoyennes et concitoyens veulent pouvoir être maîtres de leur destin, être respectés, écoutés et participer à la construction d’un monde commun. Ils ne veulent plus de cette élaboration des lois sans eux et contre eux.

Le vote de dimanche prochain vise donc à ouvrir le processus d’un nouveau projet démocratique, social et écologique. L’élection d’une majorité de députés de la coalition des gauches et des écologistes qui feront des lois en associant les travailleurs, les jeunes comme les retraités, permettrait ainsi d’ouvrir le chemin de nouveaux progrès humains.

Dimanche, il s’agit donc d’utiliser le bulletin de vote pour améliorer sa vie personnelle, celle de sa famille, et agir pour que les générations futures vivent dans un monde débarrassé des guerres, des menaces sur le climat et la biodiversité.

C’est un enjeu décisif pour construire une société harmonieuse, valorisant les biens communs avec notamment des services publics démocratisés pour l’hôpital et l’école, l’accès à l’énergie, à l’eau et à une alimentation de qualité pour toutes et tous. Tout ce qui fait société commune. La République au sens des révolutionnaires de 1789.

Il est intolérable d’entendre la Première ministre et la plupart de ses ministres, placer le second tour de l’élection des députés sous le sceau du sauvetage de la République, amalgamant la coalition des gauches et des écologistes avec l’extrême droite. Quelle abjection !

C’est d’autant plus insupportable qu’il y a un mois, entre les deux tours de l’élection présidentielle, les mêmes appelaient, au nom de la République, l’électorat de gauche à barrer la route à l’extrême-droite au nom de « nos valeurs communes ».

Comme à chaque fois en pareille circonstance, la gauche et les écologistes ont répondu largement présents. M. Macron n’est donc là que parce que la gauche a permis son élection. Et elle serait devenue aujourd’hui antirépublicaine ? Allons donc !

Faut-il que la majorité présidentielle se sente à ce point en difficulté pour qu’elle éprouve le besoin de salir les grandes conquêtes obtenues par la gauche et les mouvements populaires ? Celles-là même que les pouvoirs successifs depuis des décennies, tentent de rayer de la carte. Héritière des combats émancipateurs fixant les principes constitutionnels d’une République garante des libertés, de la démocratie, du progrès social et de la laïcité, la gauche ne peut accepter ces insultes et ces travestissements de l’histoire.

Il ne faut en aucun cas prendre ces amalgames à la légère ! Ils conduisent à favoriser les courants d’extrême-droite.

Le pouvoir a bonne mine de brandir le drapeau de la « République » quand par ailleurs, il malmène à ce point l’éducation nationale, pour la mettre à la merci d’officines privées et l’affaiblir dans ses missions, quand la présidentialisation conduit à la tenue de réunions secrètes du « conseil de défense », à bâillonner le Parlement au mépris des corps intermédiaires, à l’affaiblissement des services publics, particulièrement dans les quartiers et les campagnes. Tout le contraire de la consolidation de la République.

La République, ce n’est pas demander à un jeune chômeur de « traverser la rue » pour trouver du travail. La République, ce n’est pas considérer une partie de la population sur le quai d’une gare, de « rien ». La République, ce n’est pas mépriser une femme en fauteuil roulant parce qu’elle ose poser une question. La République, ce n’est pas convoquer au commissariat une jeune fille parce qu’elle a interpellé le Président de la République sur les violences faites aux femmes.

La République, ce n’est pas pactiser avec la haute-finance et confier les orientations économiques du pays à des cabinets tels McKinsey, et soumettre la politique aux dictats européens, contre la haute fonction publique et les élus de la nation.

La République, c’est le droit effectif au travail, c’est le droit au respect, à la dignité. La République, c’est être reconnu comme citoyenne et citoyen, quel que soit son âge, son métier, l’origine de sa famille.

La République, c’est l’égalité. Ce n’est pas l’abandon des territoires au profit de métropoles intégrées dans la compétition du capital mondialisé. La République, c’est le contraire de la sécession des plus riches quand 10 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté.

La République, ce n’est pas des éléments de langage et des larmes de crocodile sur l’égalité femmes-hommes, mais des actes.

Si elle n’est pas sociale, démocratique et laïque, la République dominée par le capitalisme mondialisé est bafouée, affaiblie, ballotée telle une coquille vide au gré des vents mauvais, comme on le voit élection après élection.

L’histoire de la République française se confond avec les combats révolutionnaires et émancipateurs de 1789, de 1792 et 1848, de la Commune et de 1936, de la Résistance et du programme du CNR, de 1968…

Le contraire de ce font les pouvoirs qui aujourd’hui, la dénature.

C’est l’action des masses populaires et de leurs organisations, dont le Parti communiste qui joua un rôle décisif pour que la République se fasse démocratique, sociale, laïque ; du Front populaire à la Libération en passant par la victoire de la gauche en 1981.

Les membres du gouvernement avouent-ils ainsi qu’ils sont contre les congés payés, la réduction du temps de travail, le salaire minimum, le droit à la retraite, l’abolition de la peine de mort, le mariage pour tous, les entreprises publiques ?

C’est l’action et le vote à gauche qui fortifient la République. Elle est autre chose qu’un mot-valise utilisé par le pouvoir, pour en détourner le sens et brouiller les esprits. Ce n’est pas un signe de force de ce pouvoir qui vient de subir une lourde défaite, précisément parce qu’il fait saigner la République.

En utilisant le bulletin de vote pour les candidates et candidats de la Nupes, il s’agit de réparer la République, de retisser les liens de ses territoires, de régénérer son action, de reprendre l’œuvre des progressistes, construite au fil des siècles passés, pour lui redonner sa visée émancipatrice et écologique. Dimanche, il s’agit de revivifier la République sociale, démocratique, laïque et de se prononcer contre la concentration des pouvoirs à l’Élysée, en utilisant le bulletin de vote pour les candidates et candidats de la Nupes.

Patrick Le Hyaric

14 juin 2022


4 commentaires


Moreau 14 juin 2022 à 19 h 00 min

2017-2027 sont et seront des années d’alternance inédite pour éviter à la France à l’Union Européenne le pire qu’est la dictature comme il y a eu et il y a trop d’exemples dans le Monde. En somme les élections de 2022 attestent que les Citoyennes et les Citoyens veulent la république universaliste française et européenne solide et forte, et veulent une politique sociale assez évidente et assez forte. Il est tout à l’honneur de l’Union populaire de vouloir la réalisation par exemple de la sécurité sociale à 100%. Ce qu’il faut maintenant, c’est la disparition des extrêmes, la représentation à l’assemblée nationale la plus forte possible en représentants de la république universaliste française et européenne solide et forte, et en représentants de l’Union populaire sociale et écologique universaliste. Monsieur Édouard Philippe a raison de dire qu’il faut la république solide en somme.
Si l’aventure évolue bien ainsi lors du second tour, la France aura vécu une année électorale plutôt bonne malgré de vrais problèmes et de vrais défauts, l’essentiel étant d’arriver à réussir l’alternance inédite, et il n’y a pas trop de la droite libérale universaliste et de la gauche républicaine authentique universaliste pour cela.

Vive la démocratie européenne du vingt et unième siècle en espérant qu’elle gagne de façon irréversible et que l’Union Européenne soit l’Europe phare pour le monde entier.

Tomas 14 juin 2022 à 23 h 02 min

Merci Monsieur Le Hyaric; je lis toujours votre éditorial il est toujours argumenté avec clarté précision.
Je regrette beaucoup que vous ne l’ecriviez plus dans l’ Huma dimanche.

Moreau 15 juin 2022 à 8 h 15 min

Qui sommes-nous, d’où venons-nous, où allons-nous ? Demandait Paul Gauguin.

Il faut faire très attention à toutes les réalités de cette année 2022 assez riche en évènements électoraux qui peuvent déjouer, c’est à espérer les hégémonies dictatoriales qui ne sont pas voulues à ce point par l’alternance inédite depuis 2017.
Il est flagrant entre ces deux tours des élections législatives que l’extrême droite cherche à ce qu’il y ait clivage entre forces politiques universalistes de la République, de façon à replacer le pays sous sa domination tant il s’agit d’appeler sa pseudo opposition, domination à fin de totalitarisme. L’extrême droite entre ces deux tours ne pense pas à “rassembler la nation” voire à liguer le plus grand nombre, mais s’acharne en vitesse à faire cliver en divisant les gens beaucoup moins divisés avec la majorité présidentielle et l’union populaire du vingt et unième siècle ; pour prétendre conquérir et régner comme cela se fait ailleurs par dictature.

Une révolution par les urnes est culturelle en même temps ou elle n’est pas une révolution par les urnes.

La République authentique universaliste, c’est la révolution perpétuelle par les urnes, et il faut de toute évidence la bonne participation électorale des Citoyennes et des Citoyens de façon à faire échec à tous les extrêmes qui ont été annoncés comme devant disparaître prochainement, le plus tôt serait le mieux ; et à continuer à faire pour l’avoir le plus possible, la nouvelle société, tous les Républicains ensemble et en même temps.

Culture réelle, argent, marchandises, services, République équitable pour toutes et pour tous.

Faire de la dictature, ce n’est jamais rendre bon service au Peuple, à l’Humanité, pas même à la famille ; c’est se laisser aller à la déchéance pire encore que toute décadence ; alors que le bon esprit de la République authentique universaliste ; c’est que tous les bons services possibles soient rendus à tout le monde ; ce qui a été excessivement et abusivement ignoré de plus en plus depuis 1995 au point de faire les Oubliés, la crise des Gilets jaunes, et la crise politique de 2022 qui peut être dépassée sous réserve de ne pas recommencer à se faire avoir par les Extrémistes, voire en ne participant au clivage antirépublicain, il faut le dire qui est une véritable ambiance de guerre civile somme toute, certains parlent de désordres, ils parlent de ça.

L’Union populaire de gauche authentique républicaine universaliste mérite de figurer dans la prochaine assemblée nationale le plus possible comme la majorité présidentielle authentique républicaine universaliste actuelle, les Députés parlementerons. En cherchant à faire cliver des forces républicaines authentiques universalistes pour revenir à prendre le dessus sur tout le monde, l’extrême droit commet une très lourde faute contre la République française, à bien comprendre les informations : la République française étant déclarée dans sa Constitution toujours en vigueur : indivisible.

Que toutes les générations se mobilisent en ne suivant que la symbiose républicaine authentique universelle chaque jour des grandes élections par notamment participation effective à la révolution perpétuelle par les urnes, c’est tellement important, ça va tellement pour l’échec des magnigances inhumaines de droites extrêmes. Vive le progrès politique réel pour la nouvelle société avec la meilleure assemblée nationale possible.

jean claude bricault 16 juillet 2022 à 22 h 03 min

tous solidaire

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