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Un débat est engagé depuis plusieurs semaines sur des textes de réforme de la politique agricole commune. Malheureusement, ces discussions ne sont pas publiques. Pourtant, la politique agricole, alimentaire et agro-alimentaire concerne chaque citoyenne et chaque citoyen.
Le monde va être confronté dans les années à venir à un énorme défi alimentaire, avec l’augmentation de la population, alors que déjà près d’un milliard d’êtres humains souffrent de la malnutrition et de la famine. En même temps, les spéculations se déchaînent sur une multitude de matières premières agricoles de base, renchérissant du même coup les prix de l’alimentation. Ces mouvements spéculatifs commencent à déstabiliser le secteur de l’élevage.
Depuis un moment déjà la discussion initiée dans certaines sphères politiques autour de la politique agricole européenne ne se résume qu’à des affirmations simplistes autour des budgets. Certes, il serait indispensable de réorienter les aides publiques vers les plus petits et moyens agriculteurs, le développement territorial au lieu de les réserver aux plus grandes exploitations.
Mais la production agricole et alimentaire n’est pas une affaire de comptabilité obscure. Cela concerne la vie humaine ; de la capacité à assurer la souveraineté alimentaire à la santé, à la vie des territoires, à la bio-diversité, au travail créateur des paysans, des chercheurs de toutes disciplines, aux salariés des industries liées à la production agricole, jusqu’à la gastronomie, sans oublier l’indispensable coopération internationale.
La production agricole génère donc des biens publics, qu’il s’agisse de l’alimentation, de la santé, de la qualité de l’eau, de l’environnement et de la nécessaire préservation et reproduction des espèces.
On parle donc bien ici de la vie, de l’être humain et de son environnement. Les orientations européennes et mondiales veulent faire de la production des denrées agricoles des marchandises banalisées. En déconnectant les prix agricoles de base du travail, ils ont mis l’agriculture dans une concurrence insoutenable, poussant à une intensification du travail, à l’exploitation renforcée de la nature. Ceci va être considérablement aggravé dans le secteur de la production laitière avec la fin des quotas, poussant à défendre les plus puissants et à concentrer la production contre l’emploi et les équilibres territoriaux.
Sous couvert de « verdissement », on impose de nouvelles normes drastiques aux paysans qui conduisent à abaisser encore leur revenu, pendant que les importations de protéines ou de viande redoublent sans que jamais on n’en contrôle les moyens de production ou la qualité. Ces importations à bas prix accélèrent les déforestations en Amérique Latine et la pollution par des transports longs et coûteux. A quoi bon après cela parler ici de « verdissement » ?
Autre chose serait une nouvelle orientation qui combinerait la rémunération du travail paysan, par des prix de base convenables, qui couvriraient aussi les coûts de production et l’incitation à des pratiques agro-écologiques nouvelles, la valorisation des particularités de chaque territoire, le maintien de l’emploi, la valorisation des produits, la relocalisation des productions, en coopération avec les besoins alimentaires dans les villes, une audacieuse politique d’installation de jeunes agriculteurs, combinée à des orientations nouvelles pour le développement rural et le maintien des services publics de proximité.
Ce n’est pas le chemin que prennent les débats pour la réforme en cours. Il y a nécessité que nos concitoyens s’en emparent pour en débattre et se faire entendre.
11/12/2012
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