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Nous partageons depuis dimanche l’immense joie de celles et ceux qui ont mis fin au sarkozysme en élisant François Hollande à la Présidence de la République.
Nous avons communié avec la jeunesse, une jeunesse multicolore qui, comme à l’occasion de la victoire de la France lors de la coupe du monde de football et après être passée dans les bureaux de vote, est sortie dans la rue, comme si enfin elle reprenait le dessus et se libérait du joug des humiliations, des discriminations, des paroles et des actes blessants en exprimant sa soif d’un avenir qui la respecte. Un grand « ouf » de soulagement a parcouru les villes et les villages. Une page se tourne avec la fierté du peuple de gauche, des progressistes, de refermer cette blessure faite au flanc de la France, le 21 avril 2002, lorsque la gauche a été éliminée du second tour de l’élection présidentielle. Une brûlure pourtant sans cesse ravivée par le Président sortant qui n’a cessé de valider des thèses de l’extrême-droite, jusqu’à faire voter une partie de son programme et en accentuant encore cette dérive ultra droitière entre les deux tours de l’élection présidentielle.
L’élection de F. Hollande doit effacer les divisions, les stigmatisations, au profit des valeurs de fraternité et de solidarité, dans une France apaisée et réconciliée. C’est le message envoyé au monde entier qui suit de très près ce qui se passe chez nous et suscite beaucoup d’espoirs.
La majorité de nos concitoyens ont voulu mettre fin à dix-sept années de droite et à cinq ans de sarkozysme au service des plus fortunés. Ils ont refusé d’être condamnés à l’austérité à perpétuité que leur promet le nouveau traité européen cosigné par Mme Merkel et M. Sarkozy. Parmi eux, beaucoup n’ont pas supporté que notre pays soit soumis au commandement intégré de l’OTAN et assujetti au capital international libre de nuire grâce au traité de Lisbonne. De ce point de vue, l’élection de F. Hollande a un profond écho dans toute l’Union européenne, faisant naître l’espoir d’une réorientation de sa construction. La Roumanie a rejeté le plan d’austérité gouvernemental, il y a une semaine. Dimanche, le peuple grec a sévèrement sanctionné les forces politiques promotrices de l’austérité, et, dimanche soir, François Hollande a eu raison de dire que l’austérité ne pouvait plus être une fatalité. Un courant peut donc se lever en Europe contre ce poison et changer le cours des choses en obtenant un nouveau partage des richesses et une nouvelle manière de les produire. Il faudra se donner des forces pour cela. La droite revancharde fait déjà campagne pour les élections législatives en prônant la cohabitation. Les électeurs ne l’ont pas battue le 6 mai pour la voir revenir le 17 juin, appliquer son programme antisocial. L’élection de F. Hollande est celle des électrices et électeurs de gauche, écologistes et progressistes, rassemblés sur son nom. La campagne du Front de Gauche et l’apport des quatre millions de voix de Jean-Luc Mélenchon a contribué de façon décisive à cette victoire.
Les électrices et électeurs des deux candidats, dès le premier tour déjà, ont émis un vote pour se retrouver dans une société du « vivre ensemble », qui refuse les divisions et la guerre de tous contre tous. Certes des nuances et des différences les séparent mais ensemble, ils ont voté pour la justice sociale et fiscale, le progrès vers l’égalité, le partage des richesses, des pouvoirs, des savoirs ; le retour à la notion de biens publics, avec des services publics forts, modernisés, élargis, démocratisés ; une protection sociale améliorée, la remise en cause de l’injuste réforme des retraites imposée par le gouvernement. Autant d’objectifs qui rendent palpable le changement pour nos concitoyens et d’abord pour ceux qui souffrent le plus. Le Front de gauche considère qu’ils supposent de s’émanciper des doctrines qui dominent aujourd’hui l’Union européenne. Il le considère non pas pour se différencier mais parce qu’il a la conviction, instruite par notre expérience nationale et celles des pays qui nous entourent, que rien ne sera vraiment et durablement possible sans réorienter la construction européenne en faveur de l’emploi, du progrès social, écologiste et démocratique. Disant cela, nous avons conscience de l’ampleur du défi, de la gravité et de la multiplicité des crises qui assaillent les peuples et les états. C’est précisément parce que la situation est grave et dangereuse qu’il faut avoir du courage et viser le rassemblement le plus large en faveur d’un nouveau dessein pour la France et l’Europe. Cela appelle des solutions de haut niveau, des ruptures, des mobilisations populaires, pour affronter les puissances d’argent qui ne vont pas manquer de faire pression pour faire échouer la gauche et, au bout du compte, aggraver encore la crise et les souffrances.
Pour réussir, le nouveau pouvoir de gauche aura besoin de l’implication active de toutes celles et ceux qui dimanche dernier exprimaient leur bonheur d’avoir gagné. Il lui faudra pouvoir compter sur le rôle considérablement revalorisé d’un mouvement syndical et associatif, soucieux de son indépendance au service des revendications du monde du travail et de la culture. Il aura besoin d’union et pourra compter sur l’apport de la force politique nouvelle qui progresse d’élection en élection et qui a fortement émergé dans cette élection présidentielle : le Front de Gauche, cette force unitaire, indépendante et autonome.
La faire progresser encore aux élections législatives, avec des députés du Front de Gauche en grand nombre, ce sera se donner la garantie que les urgences sociales, démocratiques et écologiques seront portées à l’Assemblée Nationale. De nouvelles lois pourront être adoptées pour améliorer la vie quotidienne, le pouvoir d’achat, les services publics, la retraite à 60 ans, la défense de la protection sociale, un grand plan pour l’accès au logement, des moyens nouveaux pour l’école et la formation, de nouveaux droits pour les salariés, la création d’un pôle public bancaire pour un crédit favorable à l’activité et l’emploi. Bref, de la même façon qu’il a joué un rôle indiscutable et reconnu dans l’élection de François Hollande, le Front de Gauche entend le prolonger pour aider la gauche tout entière à réussir le changement. Lui donner la force d’y parvenir à l’occasion des élections législatives sera tout à la fois un acte d’union et d’efficacité pour être entendus et respectés.