Justice sociale et écologique planétaire

le 28 septembre 2010

Une réunion internationale s’est tenue à l’Organisation des Nations Unies pour faire le bilan de ce qui a été appelé le Sommet du Millénaire. Elle a été à nouveau le théâtre d’ombres de quelques promesses. Mais elle reste une occasion perdue pour l’action indispensable contre la pauvreté. Cette réunion faisait suite aux décisions prises en septembre 2000, dont l’objectif était de réduire en quinze ans l’extrême pauvreté et la faim, assurer l’éducation primaire à toutes et tous, réduire la mortalité infantile, progresser vers l’égalité des sexes, améliorer la santé maternelle, réduire la mortalité infantile. Il ne serait pas juste de dire que rien n’a été fait. Mais les conditions de vie des peuples doivent être comparées aux moyens de l’époque, et surtout aux choix faits par les dirigeants des principales puissances.

Depuis quinze ans, les Etats-Unis et leurs affidés ont déclenché deux grandes guerres aux impacts mondiaux, en Afghanistan et en Irak. Ils y auront dépensé sûrement plus de 3000 milliards de dollars. Ces dernières années, les puissances capitalistes auront gâché des milliards de milliards dans la spéculation puis pour calmer le feu de leur crise avant qu’elle ne brûle tout. Des centaines de milliards d’euros parasitent les paradis fiscaux pour échapper à toute participation au bien commun de l’humanité grâce à l’impôt.

Et pendant ce temps ! Pendant ce temps là, deux milliards d’êtres humains vivent avec moins de deux dollars par jour. Ils habitent dans les pays en voie de développement, et de plus en plus dans les pays développés… Six milliards d’enfants meurent de faim chaque année. Plus de la moitié des maladies dans le monde sont la conséquence de malnutrition et de carence alimentaire. Partout dans le monde, la tendance à l’appauvrissement du plus grand nombre s’amplifie, tandis qu’une minorité grossit sans cesse son pactole financier. Deux milliards d’individus sont privés d’infrastructures d’assainissement et près de 700 millions d’eau potable. Mais les compagnies privées de l’eau regorgent de profits.

Faire vivre réellement le droit fondamental d’accès à l’eau potable appelle que l’eau soit considérée comme un bien commun et soit gérée par le service public. De même, l’alimentation, la production agricole et l’environnement doivent être pensés comme un tout.

Cela ne peut s’accommoder des dogmes ultralibéraux de « compétitivité », de « concurrence », de « libre échangisme intégral ». Le respect et l’amélioration des ressources en eau, de la biodiversité, de la sécurité alimentaire ne peuvent s’accommoder du capitalisme prédateur par essence. En mettant les paysans du monde en concurrence, il détruit ici l’emploi agricole, les structures familiales, pousse à nier l’environnement et la biodiversité, et détruit au Sud les souverainetés agricoles, alimentaires, et les cultures locales.  Il provoque la déforestation au Népal ou en Amazonie, menace les tortues marines au Costa-Rica, provoque des érosions de sol, menace la pollinisation des cultures, et détruit la qualité de l’eau, tout en poussant les éleveurs français à la faillite.

Le modèle de développement doit être totalement repensé, au service de l’homme et de la nature. Les occasions d’un tel débat sont données avec le sommet du Millénaire, la réunion du comité de sécurité alimentaire mondial le mois prochain à Rome, puis le sommet sur la diversité biologique à Nagoya et le sommet de Cancún après celui de Copenhague sur le climat. Ces occasions doivent être saisies pour alerter sur l’avenir de nos civilisations.

Les peuples, avec leurs associations, syndicats, partis progressistes, élus, ont besoin de chercher les voies et les moyens d’une solidarité internationale de combat pour un autre monde, préparant un après-capitalisme. Un monde de justice, qui réclame une autre répartition des richesses et une nouvelle manière de les produire. Une taxation des mouvements de capitaux spéculatifs et des marchandises dès lors qu’ils détruisent du travail et l’environnement serait un premier pas. L’annulation des dettes des pays en développement et les mécanismes qui les produisent, le respect des engagements pour l’aide publique au développement et la vérification qu’elle aide réellement les populations. Une autre organisation mondiale de l’agriculture et de l’alimentation respectant les souverainetés alimentaires. Une coopération internationale pour relancer des infrastructures indispensables aux pays du Sud pour l’accès à l’énergie, à l’eau, au transport, à la santé, à l’école sur des bases publiques et non pour l’appropriation privée. La fin des paradis fiscaux. La mise en place d’un mécanisme de stabilisation des prix des matières premières afin de faire cesser leur pillage. La réorientation des énormes dépenses de surarmement vers des œuvres de vie. La défense de la paix partout est l’un des grands enjeux de ce siècle. Elle est menacée à cause des modifications climatiques, les pénuries d’eau potable, les tentatives d’accaparement des matières premières, ou les tentatives de domination, notamment au Proche et Moyen Orient. Le pillage des pays dits en voie de développement par les multinationales et les banques, qui ne leur restituent même pas la part d’impôt qui devrait leur revenir, soit plus de 125 milliards d’euros de fiscalité. De quoi leur permettre d’investir ans l’agriculture, la santé ou l’éducation. La justice fiscale est aussi un objectif pour aider les peuples.

Partout doit prévaloir le droit, les droits humains. La vie, au lieu des profits. La justice sociale et la justice écologique planétaire sont à l’ordre du jour.


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