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Jean d’Ormesson nous a quittés après une longue existence dédiée aux idées et à la littérature, une vie passée avec une élégance et un panache devenus légendaires.
Homme de droite issu de la grande bourgeoisie, il était un adversaire politique qui aura refusé toute sa vie de sombrer dans la posture identitaire en veillant en permanence à maintenir la digue entre la droite républicaine et l’extrême droite.
Nous saluons l’homme de presse, l’académicien, l’écrivain de talent, le polémiste flamboyant, l’homme de culture et l’être raffiné qui maniait si bien les mots et la langue qu’il attisait auprès de chacun une saine curiosité pour la littérature et les mondes de l’esprit. Nos oppositions fondamentales n’empêchaient ni la courtoisie, ni la qualité du débat contradictoire, toujours enrichissant.
Il s’était récemment rendu à la fête de l’Humanité pour partager avec son peuple militant son intarissable connaissance de l’œuvre d’Aragon qu’il plaçait au sommet de son Panthéon littéraire.
Nous nous souvenons émus des joutes intellectuelles lorsque, directeur du Figaro, il affrontait sur les ondes son alter ego de l’Humanité Roland Leroy. Ces débats resteront dans les archives audiovisuelles comme des moments de grande intensité intellectuelle, et le témoignage d’un temps où primaient le travail et la culture sur les facilités et les postures.
1 commentaire
Ce poème d’Aragon que Jean d’Ormesson aimait tant déclamer et avec jubilation, restera pour moi associé à cet homme qui aimait tant la vie. il fait écho en chacun d’entre nous, je crois.
“C’est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midis d’incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes
Rien n’est si précieux peut-être qu’on le croit
D’autres viennent Ils ont le cœur que j’ai moi-même
Ils savent toucher l’herbe et dire je vous aime
Et rêver dans le soir où s’éteignent des voix
D’autres qui referont comme moi le voyage
D’autres qui souriront d’un enfant rencontré
Qui se retourneront pour leur nom murmuré
D’autres qui lèveront les yeux vers les nuages
Il y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l’aube première
Il y aura toujours l’eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n’est le passant
C’est une chose au fond que je ne puis comprendre
Cette peur de mourir que les gens ont en eux
Comme si ce n’était pas assez merveilleux
Que le ciel un moment nous ait paru si tendre
Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle
Qu’à qui voudra m’entendre à qui je parle ici
N’ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle”