Gagner la bataille des retraites

le 23 juin 2010

Tout un symbole ! La date : le 18 juin. Le lieu : la place de la Bastille. Six mille travailleurs dits « sans papiers » ont fait reculer le pouvoir après huit mois d’action. Certes, leur situation n’est pas définitivement assurée puisqu’ils bénéficient d’un texte qui leur donne une autorisation de séjour de trois mois à mettre à profit pour qu’ils soient définitivement régularisés. Après les premières décisions issues des négociations, des améliorations sont nécessaires, notamment pour faire sauter le verrou de la justification de cinq années de présence.

Voilà une preuve que l’unité dans l’action peut faire reculer le pouvoir Sarkozy-Besson. Et voilà aussi une preuve que la solidarité des travailleurs peut être plus forte que les tentatives de division organisées par le gouvernement, qui se retournent toujours contre les salariés. A travail égal, ils pourront réclamer un salaire égal. De ce fait, ils portent un coup à la mise en concurrence débridée qui utilise les travailleurs sans papiers pour peser sur les salaires de tous. Ils interpellent aussi sur un autre grand enjeu : celui d’un nouveau choix de co-développement durable pour tous les êtres humains, sur l’ensemble de la planète.

Le pouvoir n’a donc pas été invincible malgré ses déclarations de matamore. Il peut ne pas l’être non plus sur sa contre-réforme réactionnaire des retraites. Là encore, l’unité syndicale, l’unité des forces politiques de gauche et d’une multitude d’associations peut le contraindre à retirer le projet de régressions sociale qui n’a pour seul objectif que de plier la France aux normes imposées par les marchés financiers et les diktats des institutions européennes. Le Conseil européen la semaine dernière a décidé que tous les États devront procéder à « une réforme des régimes des retraites ». Un nouveau programme européen, baptisé « L’Europe 2020 », préconise de reculer l’âge de départ à la retraite dans tous les pays, au moins à 64 ans.

De concertation, il n’y en a pas eu ! Seules ont été prises en compte les rodomontades du Medef et des puissances d’argent. Il faut mesurer en effet la gravité des décisions envisagées. Non seulement l’âge assurant droit à la retraite serait repoussé à 62 ans mais  il faudrait  cotiser 41,5 ans. L’accès à la pension complète serait reculé à 67 ans. Mesurons, faisons mesurer l’ampleur de cette régression d’un niveau inconnu depuis la Libération. Les plus pénalisés seraient celles et ceux qui auront commencé à travailler tôt et le plus dur ; celles et ceux qui auront été touchés par la précarité et surtout les femmes. Dans un savant jeu de dominos antisocial, les reculs imposés à une catégorie de salariés serviraient, par étapes, d’une part, à diviser les salariés, mais, d’autre part, surtout à justifier par la suite un recul des droits de toutes les professions, les unes après les autres.

Alors que l’une des causes de la crise actuelle provient essentiellement du pillage du travail au bénéfice des puissances d’argent, la mécanique à l’œuvre va encore accélérer les transferts des richesses produites par les travailleurs vers le capital. Pour tenter de calmer les citoyens à qui cette injustice saute violemment aux yeux, le gouvernement essaie de faire croire qu’il va mettre à contribution les plus fortunés. Cela ressemble au pâté d’alouette. Une alouette de 3,5 Milliards prélevée sur ces derniers, pour un cheval de plus de 22 milliards prélevé sur les salariés.

Cette injustice aggravée serait inefficace pour l’économie, pour l’intérêt général car le ralentissement de la croissance qu’elle engendrerait aboutirait encore à moins d’emplois et donc moins d’argent dans les caisses de sécurité sociale et de retraite.

La stratégie fondamentale des classes dominantes de plus en plus avides d’accumulation capitaliste est de détruire le système de retraite par répartition. Autrement dit, la privatisation de la sécurité sociale et des retraites, est envisagée. Dans le cadre de leur crise, elles cherchent à faire payer celle-ci au monde du travail, de la création, aux retraités, à la jeunesse, aux plus fragilisés de la société, tout en marchandisant de nouveaux espaces de la vie des individus pour augmenter l’accumulation financière. C’est une logique mortifère pour l’intérêt général, pour nos sociétés, pour la civilisation. Dans l’unité, ne laissons pas passer !


0 commentaires


Patrick Albert 25 juin 2010 à 22 h 03 min

Maintenant les choses sont claires. Je suis entièrement d’accord avec toi, il faut que l’unité syndicale se fasse que le retrait du projet.

rodriguez 7 septembre 2010 à 8 h 39 min

Très bien,

Mais alors il faut aller jusqu’au bout!
Il faut une autre stratégie à l’égard de l’Europe vassale des classes dominantes et des Etats-Unis (cf. Zbigniew Brzezinski et ” le Grand Echiquier”) bien différente de l’illusoire et trompeuse “autre Europe”.

Et sur l’unité nécessaire ce n’est pas celle mensongère et manipulatrice des états-majors qui masquent par exemple l’accord de fond Et de la direction de la CFDT ET de celle du Parti socialiste avec cette contre-réforme, mais l’unité à la base à partir d’une dénonciation claire des diagnostics partagés issus de la participation des organisations syndicales au COR (rapport actifs/ retraités, vieillissement de la population…).
Devrait-on rappeler que “l’Union est un combat” et que le “toute la gauche ensemble” sans un immense combat autonome pour la clarté sur les enjeux et les tâches des révolutionnaires même si ça paraît rétro ne peut mener qu’à la compromission et l’échec dans une resucée de la gauche plurielle dont on a pu constater les dégâts.

Stratégie de ruptiure et construction d’une véritable alternative ou morne et mortifère accompagnement du système, il faut choisir!

Le décrochage d’une partie de l’électorat socialiste au moment du référendum sur le traité constitutionnel (2005) par rapport aux orientations pro européennes et pro libérales de la direction du PS n’a pas été obtenu à partir d’accords d’états majors mais à partir d’une lutte indépendante dans le peuple.

il serait temps et salutaire que le PCF revienne à de véritables orientations de classe.

Gilbert Rodriguez

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