- Views 2204
- Likes 0
Sur fond de profond mécontentement populaire vis-à-vis de l’Union Européenne et d’une certaine déliquescence de celle-ci, l’extrême droite s’active dans tous les pays européens.
Elle est en passe d’être fédérée par l’ancien directeur de campagne de M. Trump, Stephen Bannon qui s’installe à Bruxelles, tel le chef d’une nouvelle internationale des forces proto-fascistes. L’objectif, avec leur nouveau centre politique baptisé « Le Mouvement », est de préparer les élections européennes de mai 2019 et de coordonner le travail et l’expression des ministres et chefs de gouvernement d’extrême droite avant chaque réunion du Conseil européen. Dans un entretien à un magazine français, M. Bannon affirme vouloir lancer « une guerre culturelle visant à saper les institutions européennes ». Cela ne le conduit pas à boycotter le scrutin européen. Bien au contraire : « nous voulons avoir plus de pouvoir au Parlement européen » avance-t-il.
A ceux qui parmi les ouvriers, employés, privés d’emploi, précaires et tous les sacrifiés du capitalisme mondialisé pourraient penser un instant trouver là une force pour les sauver, il est utile de rappeler quelques décisions des gouvernements nationaux populistes déjà en place, comme les attaques contre la presse et la justice en Hongrie ou en Pologne, ce même pays qui s’attaque aux droits des femmes, ou l’instauration des 67 heures maximales par semaine en Autriche. Quant au parcours de M. Bannon, il ne le prédispose pas à être un défenseur du prolétariat comme tentent de l’instiller quelques officines de propagande. Tour à tour cadre dans la grande banque américaine Goldman-Sachs, homme d’affaires dans les secteurs de l’audio-visuel, et l’un des acteurs du scandale dit « Cambridge-Analytica », société qui captait les données personnelles de millions de citoyens, il se prononce pour « le démantèlement de L’Etat et la dérégulation totale au profit des entreprises privées ». Il dispose d’un trésor de guerre évalué entre 30 et 44 millions d’euros. Très présent aux côtés du chef du parti UKIP dans la campagne pour la sortie du Royaume-Uni de L’Union européenne, il l’était tout autant pour faire gagner le parti de M. Salvini en Italie aux côtés du Mouvement Cinq étoiles. Du reste, ce mouvement siège dans le même groupe que les députés britanniques de l’UKIP au Parlement européen, auquel adhère M. Phillipot ancien stratège de Mme Le Pen. Et c’est à la convention organisée par celle-ci le 10 mars dernier que M. Bannon est venu prodiguer ses conseils et ses ambitions. « L’Histoire est de notre côté, la vague de l’Histoire est avec nous et nous portera de victoire en victoire » y a-t-il lancé. En retour, il a présenté et donné la parole à Marion Maréchal-Le Pen lors d’une réunion annuelle organisée par ses soins.
Comme quoi, par-delà les ambitions, tout ce monde est en phase. Il convient de prendre avec sérieux et gravité l’exacte mesure de ce qui est en train de se jouer. Ce national-populisme d’extrême droite est l’enfant du galop des inégalités, du chômage, de la pauvreté sur le territoire européen. La désagrégation qui menace du fait des contradictions intra-capitaliste dans le monde peut anéantir l’idée même de construction européenne à partir des nations et des peuples, ouvrant encore plus la voie aux forces déchainées des puissances d’argent.
Ceux qui, au sein des institutions actuelles, ont violé l’idée européenne en la mettant aux services des marchés financiers, en protégeant Monsanto, en alimentant les guerres, en vendant les entreprises publiques, en jetant un voile pudique sur les paradis fiscaux, ou en nourrissant la haine et en rejetant l’exilé portent une lourde responsabilité. Ils ne pourront pas s’en sortir en utilisant l’extrême droite comme épouvantail ou faire valoir. Raison de plus pour ne pas délaisser les futures élections européennes. Les enjeux n’ont jamais été aussi importants.
7 commentaires
Résistez autant que vous le pouvez. C’est ce que je fais à mon “petit” niveau.
Soyons colibri
Bon courage
Comme quoi il ne faut jamais remplacer la culture réelle française et européenne par la sous-culture française et européenne ; et les socialistes authentiques et les communistes authentiques ont en commun à partager avec les libéraux authentiques qui ne veulent pas de l’ultralibéralisme de madame Merkel et de l’illibéralisme des uns et des autres, la pensée de Voltaire, la pensée de Jaurès, la révolution perpétuelle de Pierre Mendès France, le socialisme historique et les 110 propositions de l’Union de la Gauche portés par François Mitterrand. Ce à quoi il faut ajouter un programme écologiste très démocratique et très sérieux.
Merci monsieur Le hyaric pour cette belle explication de fond.
Notre Europe a toujours été pour les avantages des très grandes entreprises et les échanges
entre ces dominants.
Il nous est nécessaire de nous réunir, nous les européens afin que cette Europe soit réelle à propos des conditions de travail et de rémunérations.
Toutes les entreprises doivent payer au SMIG pour 40 heures de travail, ce qui semble le + efficace contre le chômage.
Très bon article, merci – Pour illustrer et préciser un peu plus l’enjeu de l’élection de juin prochain : Bannon a indiqué que l’objectif était d’atteindre l’équivalent de 30% du parlement européen pour les droites nationalistes.
Ce chiffre, donnerait à ce front de droite d’un nouveau genre, au gré d’alliances ponctuelles, des minorités de blocage pour faire pression sur l’UE. Un tel scénario (catastrophique pour le moins) n’est pas impossible en cas de faibles participations des électorats de gauche, par exemple.
Bonjour.
Alors, l’UE-système Kaput.
Enfin une bonne nouvelle ?
L’UE doit se reconstruire sur de nouvelles bases et les Peuples doivent en être les maîtres d’oeuvre. Pas les Pierre Jean Jacques spécialistes de la politique.
La Constituante
Le nouveau pacte social
Le nouveau paradigme économique
Comment voyait Jaurès ?
Vous avez parfaitement raison, merci de cette mise au point. Cultiver exclusivement des richesses matérielles, à profusion et par l’argent de la finance,
négliger, mépriser les richesses immatérielles que sont la culture, le savoir et l’éducation,
c’est semer la misère morale et mentale chez tout le monde avec la guerre comme solution
de facilité.
Oui, en effet, ça fini par la guerre.
Confiné les esprits dans l’étroiture d’une pensée religieuse , d’une idéologie… dès la jeune enfance c’est fabriqué des imbéciles (absence de réel questionnement…) et technologisé maintenant.
L’éducation doit suivre le développement de l’enfant, mais aussi lui laisser des temps de liberté.
Et lui donner une bonne instruction générale pour qu’il puisse faire les liens nécessaires par le questionnement. Une bonne éducation générale, c’est aussi transmettre la capacité de voir globalement.
Toute personne se trouve normalement des champs plus précis, tantôt une passion, mais n’est pas rivé et privé du contexte générale et diversifié de la vie.
Mais cela dépend de la base qu’il lui est transmise.
Plus l’esprit est diversifié et moins la violence a de la chance de prendre de la place.
La violence est toujours un facteur de frustration, de manque de vision, elle résulte d’un esprit prit dans un réduit, incapable d’épanouissement dans le vaste champ de la vie si diversifiée. Incapable d’adaptation et de laisser derrière, le faux qui résulte en dernière analyse de l’ignorance du à l’incapacité de remettre en question selon les faits.
Le croyant tentera toujours de récupérer les faits, tout comme l’idéologue.
Le philosophe sera en perpétuel questionnement à la recherche de vérités cachées derrière les apparences.
Le nouveau pacte social est dans ces eaux là.