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Nous sommes à quelques semaines du premier tour des élections municipales qui aura lieu le 23 mars prochain. Les jours qui nous séparent de ce scrutin devraient être un moment de débat démocratique. Il s’agit de choisir des équipes municipales au sein desquelles seront choisis les maires et leurs adjoints qui mettront en œuvre des programmes municipaux. La plupart du temps, dans nos communes rurales, il s’agit de listes d’intérêts communaux et généraux. Il faut rendre hommage au courage et à l’abnégation des maires ruraux et de leurs équipes qui se dépensent sans compter au service de leur concitoyens, souvent avec peu de moyens et une multitude de tracasseries en tous genres, dont les soucis administratifs et bureaucratiques ne sont pas les moindres, alors que leurs moyens financiers sont sans cesse réduits.
Ceci rend encore plus insupportable les conditions imposées par le ministère de l’intérieur et les préfectures concernant les listes dans les communes de mille habitants et plus. Celle par exemple de déclarer l’étiquette politique des candidats alors que de nombreux candidats le sont sur la base d’un volontariat et d’un engagement au service des autres ; celle aussi de la présentation obligatoire par les électrices et électeurs d’une pièce d’identité devant l’urne alors que dans ces communes, tout le monde se connait ; celle aussi de la prise en charge du matériel électoral dans les communes de moins de deux mille cinq cent habitants. Ceci relève d’une méconnaissance totale des réalités de la vie dans les campagnes. Plus grave, ce sont ainsi des principes démocratiques qui sont rognés.
Pour la première fois dans l’histoire de la République nous assistons, dans nos communes rurales, à un phénomène nouveau : soit la présence d’une seule liste, dans de nombreuses communes, soit même l’inexistence de listes.
Dans les grandes villes, les postulants à la mairie se multiplient, alors que différents préfets de départements ruraux comme les Hautes-Pyrénées, l’Yonne ou la Gironde lancent l’alerte car un nombre très important de petites communes n’ont toujours pas de candidat. A trois semaines du scrutin, il en manquait par exemple 63 dans le Var qui compte 153 communes. Ce phénomène risque de devenir une donnée politique négative pour la vie de ces territoires où sera facilité un vieux projet de suppression des communes pour des regroupements qui éloigneront encore les populations des services publics. La commune est en effet un service public et un foyer de démocratie qu’on aurait tort de sous estimer. Avec les regroupements de communes en d’immenses communautés d’agglomération, il est sûr qu’un certain nombre d’entre elles ne seront réduites à n’être que des « lieux-dortoirs », où les population paieront tout de même des impôts locaux toujours plus élevé, où seront relégués les plus modestes ou les plus pauvres parce que le coût de l’accès au logement y sera moins élevé, tandis que les classes supérieures pourront rester dans les centres villes. Le risque existe donc d’une nouvelle modification des territoires liée avec le recul des services publics, la concentration agricole, le laminage du petit commerce et de l’artisanat au seul bénéfice des grands groupes de la distribution. Il s’agit ici de données de fond qui ont à voir avec la politique au sens le plus élevé du terme.
En effet, l’engagement politique au sens de « la vie de la Cité » et de la vie démocratique à la tête d’une commune rurale désertée par les services publics et les commerces, est un sacerdoce qui dépasse de très loin les petits enjeux politiciens radiotélévisés. Le (ou la) maire d’une commune rurale est souvent l’unique référent pour les habitants pour qui il assure la fonction de premier magistrat, de policier, d’assistant social, de pôle emploi voire même de « chambre de commerce » dans la mesure où c’est à lui qui doit se battre seul pour chercher le commerçant, l’artisan, parfois le médecin ou encore des entrepreneurs qui peuvent s’installer sur son territoire pour redynamiser la commune en y créant des services indispensables et des emplois.
Le gouvernements et les services de l’Etat doivent donc d’urgence se préoccuper d’aider ces hommes et ces femmes engagées dans le développement et la survie de leurs communes à se mettre en réseau, à y défendre les services publics nationaux, à obtenir des financements nationaux et européens pour le développement d’infrastructures durables et utiles a toutes et tous, à trouver des pistes pour créer des emplois non délocalisables et attirer des projets innovants dans des domaines aussi importants que l’agriculture paysanne, l’artisanat les petites entreprises, l’énergie, le services aux citoyens (tout particulièrement les retraités ou la petite enfance), et la culture. La création des « groupements d’intérêts économiques et écologiques », prévue dans la nouvelle loi d’avenir portée par le ministre Stéphane le Foll, peut devenir un outil de développement durable dont pourront se servir demain les municipalités rurales comme atout. Et le ministère de l’égalité des territoires devrait servir précisément à un redéveloppement humain et durable de tous les territoires de manière harmonieuse et équilibrée.
La vie rurale et la vie démocratique appellent de décider rapidement d’un statut de l’élu qui lui permettrait d’exercer son mandat au service de ses concitoyens.