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Inauguration – Fête de l’Humanité
13 septembre 2018
Patrick Le Hyaric
Mesdames, Messieurs les Parlementaires,
Mesdames, Messieurs les élus locaux,
Mesdames, Messieurs les responsables politiques, syndicaux et associatifs,
Cher Pierre Laurent,
Chers amis, chers camarades,
Bienvenue à chacune et chacun d’entre vous pour cette inauguration de la 84ème fête de l’Humanité.
Nous allons ensemble accueillir ici, dans les prochaines heures et prochains jours une immense foule mêlant la jeunesse, des forces vives du pays des travailleurs aux créateurs, des militants associatifs, syndicaux, politiques, *toutes les forces politiques de la gauche seront représentées * ou de simples spectateurs venus pour la programmation musicale ou les débats.
Cette fête est chaque année le résultat d’un investissement lourd de toutes les équipes de l’Humanité, au premier rang desquels les équipes de la fête. Je veux sincèrement les remercier. Préparer la fête commence souvent dès le mois de novembre et s’accélère dès le mois de janvier.
Je veux remercier toutes les équipes qui au fil de l’année, sont au sein de notre groupe, chargées de préparer la fête, animées par Pascal Aubrée et Thibault Weiss.
Comme chaque année depuis quelques temps une belle équipe de jeunes stagiaires nous ont rejoint au printemps, ils n’ont pas économisé leur force ni leur temps pour animer la communication de la fête de l’Humanité, travailler avec nos nombreux partenaires, avec les associations, les responsables de stands et d’espaces ou entrer en contact avec la force militante communiste sans laquelle rien ne serait possible. Je ne doute pas que cette expérience unique leur sera profitable dans leurs études et qu’elle restera un souvenir gravé à vie.
La fête est cet événement singulier et unique que beaucoup nous envient mais qui reste, disons-le, inimitable. Elle ne vit que grâce à l’engagement de chacune et chacun, et non par la grâce de quelques sociétés d’événementiel – comme on dit – qui pullulent dans les grands festivals sans réussir à donner à leurs événements le charme, la couleur et la chaleur de celui que nous organisons.
Le nôtre a une âme et une force qui le rendent incontournable.
La dynamique qui s’empare de notre Fête chaque année, nous dépasse toujours. Elle prend la forme, et c’est une chose à la fois rare et heureuse, que lui donnent ses participants et toutes celles et ceux qui concourent à sa réalisation. C’est sans doute pourquoi elle reste toujours la même et toujours différente, parce qu’imprégnée et nourrie de ce qui fait l’actualité de la France et du monde.
Toujours aussi fidèle à son histoire.
Au fil des ans, elle est devenue un monument vivant qui réinvente, se réinvente en permanence, loin, très loin, des clichés éculés dont se repaissent nos adversaires, relayés par quelques officines médiatiques. Elle est une parcelle d’histoire et de la culture de France qui donne à voir chaque année la vitalité de la scène musicale, de l’édition, des arts vivants, de nombreuses associations, des syndicats, particulièrement de la CGT et du débat politique, tout en étant un immense rassemblement populaire, fraternel et chaleureux.
C’est peut-être cet ancrage populaire qui lui vaut ces doux sarcasmes répétés chaque année dans quelques beaux quartiers où on n’aime pas beaucoup le peuple.
La programmation que nous avons voulu cette année, riche, variée et diverse, fait honneur à ce que nous sommes et représentons.
Que toutes les amis, les camarades, les militants et sympathisants qui ont travaillé à l’édification des stands et des espaces, qui ont fait connaître la fête autour d’eux, dans leur quartier, leur entreprise, leur ville ou leur village et diffusé le bon de soutien ces derniers mois et dernières semaines, que chacun d’entre elles et eux soit vivement et chaleureusement remercié.
Je remercie et je salue également tous les techniciens qui travaillent à monter les différentes scènes et qui adjoignent leurs forces à celles des militants sur quelques espaces. Pour beaucoup d’entre elles et eux, ils répondent au statut d’intermittent qui, pour l’instant, continue à vivre grâce à la forte mobilisation des intéressés eux-mêmes, mais aussi des artistes et créateurs comme des forces progressistes. Il faut redire à quel point ils et elles sont indispensables à la vie culturelle et festive du pays, si nécessaire au moment où les obscurantismes cherchent à assombrir notre vie collective.
Un évènement de cette nature, de cette dimension, de cette ambition, nécessite de nouer de nombreux partenariats avec des institutions et entreprises qui contribuent à donner à la fête une visibilité qui n’est jamais acquise d’avance. Je pense, notamment, à la FNAC qui assure une partie de la billetterie ou encore au groupe Radio France.
Je tiens enfin à souligner la bonne intelligence de nos travaux avec la préfecture de police, rendus plus difficiles ces derniers temps à cause de la menace d’attentats, pour assurer la plus grande sécurité aux abords de la fête.
Que les forces de police soient ici remerciées.
Chers amis, chers camarades,
Notre fête s’ouvre, alors qu’enfin le président de la République française vient d’annoncer que l’État reconnaît l’assassinat du militant communiste, du mathématicien Maurice Audin en 1957.
Voici, une belle victoire. Une grande victoire qui ouvre les portes jusque là cadenassées des archives de l’armée pour rechercher la vérité. Une grande victoire de toutes celles et tous ceux qui, depuis 61 ans, demandent cette vérité, cette reconnaissance du crime d’État. En ce moment nous pensons fort, très fort à Josette Audin l’épouse de Maurice qui nous rejoindra demain après-midi pour inaugurer symboliquement la « place Maurice Audin » de la fête. Nous pensons aux enfants et petits enfants.
Nous pensons à tous ses camarades communistes notamment Henri Alleg.
C’est une longue bataille menée par le Parti communiste, des associations, des personnalités d’opinions diverses, des parlementaires dont Cédric Villani.
Ce fut un long combat que mena l’Humanité avec constance depuis 1957.
Un combat qui valut à notre journal d’être saisi et mis au pilon sur ordres des services de la police et de l’armée parce qu’il avait publié une lettre ouverte du dirigeant communiste Léon Feix au garde des sceaux de l’époque avec cette question « où, est passé Maurice Audin ? » Puis d’innombrables articles, enquêtes, prise de position seront frappés de censure.
Sans cesse l’Humanité aura réveillé, poussé, ce combat. On se souvient notamment de la grande série d’enquêtes et de ce que nous avons nommé « l’appel des douze » qu’a animé avec talent et esprit d’ouverture Charles Silvestre.
Depuis, surtout ces derniers mois, c’est Maud Vergnol, rédactrice en chef de l’Humanité qui a consacré beaucoup d’énergie pour réactiver le travail qui porte ses fruits aujourd’hui.
Après l’appel d’un témoin, ancien appelé, à mon secrétariat, elle a recueilli son témoignage et publié plusieurs articles, puis quelques semaines plus tard elle a mis sur pied une lettre ouverte de cinquante personnalités au président de la République demandant cette reconnaissance officielle de la torture subie par M. Audin et son assassinat par l’armée Française. L’Humanité une nouvelle fois peut être fière d’avoir été utile.
Cette étape est importante, indispensable pour que s’effectue le travail de mémoire et de deuil. La France doit avoir le courage de regarder son Histoire en face. Une chape de plomb se soulève. Cette reconnaissance d’État peut libérer des esprits. En donnant toute sa place à la recherche de la vérité, les mémoires française et algérienne permettront aux générations à venir de préparer un avenir commun.
Nous y reviendrons demain à l’occasion de l’inauguration de la place Maurice Audin après un débat qui aura lieu en début d’après midi ici-même.
Chers amis, Chers camarades
Notre fête prend place dans un contexte géopolitique, politique, social totalement nouveau.
Ce n’est pas l’époque qui change. Nous sommes en train de changer d’époque.
Au cœur de celle-ci se déroule une lutte de classe féroce, une lutte dure entre les lumières et l’obscurantisme, entre les forces d’émancipation et les forces de la régression s’acharnant à défendre un capitalisme mondialisé dont de plus en plus de citoyens à travers le monde se rendent compte qu’il nous mène à la catastrophe.
L’humanité fait face à des menaces pour beaucoup d’entre elles d’une ampleur inédite.
Certaines sont nouvelles, d’autres ressurgissent et s’enracinent.
Les participants de la Fête de l’Humanité viendront ici, qu’ils soient militants, sympathisants ou qu’ils viennent simplement assister à des concerts ou profiter en famille de ces trois jours de fête, avec le bruit bourdonnant du monde en tête.
Avec les inquiétudes qu’il génère.
Avec leurs difficultés.
Avec leurs espoirs aussi.
Celui de portée révolutionnaire du mouvement mondial des femmes pour le respect, l’égalité et la justice,
Celui qui appelle à sortir des austérités en relevant le pouvoir d’achat, celui des associations, des citoyens qui se mobilisent comme samedi dernier pour sauver la planète du désastre environnemental,
Celui de cet immense élan de solidarité avec les réfugiés/exilés, celui du monde sportif qui refuse que son ministère ait désormais un budget moins important que le deuxième club de foot professionnel,
Celui des élus locaux qui refusent la diète, celui des retraités qui refusent de se faire essorer pour qu’une partie de leur retraites soit transférée dans les caisses du grand patronat, celui des militants et des combattants de la liberté ici contre la répression syndicale,
Celui des grands combats émancipateurs à travers la planète qui vont retentir au village du monde.
Action renforcée pour que le peuple Palestinien accède à sa souveraineté et à sa liberté. Oui, liberté pour la Palestine. Liberté pour les prisonniers politiques dont Marwan Barghouti. Liberté pour Salah Hamouri. (Ahed Tamimi)
Liberté pour les peuples Latino-américains et particulièrement pour Lula au Brésil ; respect et liberté pour le peuple kurde aujourd’hui mis de côté alors qu’il a tant fait contre le terrorisme.
Action pour le désarmement et la Paix.
Tous ces combats et bien d’autres vont retentir ici, vont irriguer la fête de leur force et de leur détermination.
Nous accueillons ici, tous ces combats. Au-delà, nous nous faisons un devoir d’accueillir chacune et chacun avec toute la bienveillance requise.
La nature de cette fête, son caractère unitaire, cordial et chaleureux, constitue un bien si précieux que nous nous efforçons de préserver.
La fête de l’Humanité est à la disposition du front large des travailleurs et citoyens mobilisés, engagés, ou tout simplement inquiets et à la recherche de solutions et de perspectives face au tapis de bombes des contre-réformes. Le Forum Social comme cette Agora où nous constituerons samedi après midi un nouveau gouvernement : le gouvernement des luttes en seront des lieux privilégiés.
Le nouveau monde dont se prévaut le pouvoir en place se révèle être un tout petit monde : celui des privilèges et des coteries, étroit et méprisant, loin, très loin du quotidien harassant de millions de nos concitoyens.
La fête de l’Humanité va servir à alerter sur le pari présidentiel ; aussi absurde que dangereux.
Non, il n’y a pas d’avenir en France, en Europe et dans le monde pour des politiques ultralibérales.
Non, il n’y a ni soutien, ni avenir pour un pays soumis aux politiques d’austérité qui privent tant de nos concitoyens de beaucoup trop d’éléments indispensables à la vie harmonieuse et sûre d’une famille. Le droit au logement, à la santé, à l’éducation ne sont que virtuels pour beaucoup trop d’entre nous.
Et nous renverrons à l’expéditeur les insultes crachées de la bouche du Chef de l’Etat qui depuis l’étranger n’hésite pas à abaisser une population qu’il devrait défendre. Les agents de la Fonction publique, les fonctionnaires seraient des privilégiés, avides de congés-maladie. Les retraités, des vaches à lait qu’on n’hésite pas à remercier après les avoir pressurés.
Les premiers concourent à la cohésion du pays.
Les seconds ont consacré leur vie au travail et à sécuriser leur famille. Et nous allons dire Non, il n’y a pas de réfractaires au changement si c’est pour augmenter les salaires, si c’est pour garantir un travail à chacune et chacun combiné avec des formations, si c’est pour donner des pouvoirs aux salariés dans leur entreprise, si c’est pour défendre les services publics et en créer de nouveau.
Il y a en assez de cette morgue d’un prince qui se croit tout permis !
Un prince autoritaire qui pour tout avenir offre la destruction de la Sécurité sociale et de son financement solidaire, sans un financement indépendant des diktats budgétaires imposés par des États et une Union européenne complices des marchés financiers.
Il n’y a pas plus d’avenir dans l’accaparement des richesses produites par le travail humain par quelques actionnaires qui se gavent comme jamais.
Dix ans, mois pour mois, après la déflagration boursière de 2008, les dividendes fleurissent comme jamais. 50,9 milliards d’entre eux, soit un dixième du total mondial ont été empochés en France. Une progression de 23,5 % par rapport à l’année précédente ! Partout en Europe le capital se délecte de ce vol, sans jamais être rassasié.
Toujours plus, jamais assez !
Pour quels résultats ? Le chômage ne cesse de croitre et la pauvreté gagne du terrain comme viennent de le démontrer avec force nos amis du Secours populaire dans leur enquête alarmante sur la pauvreté en France.
Alarmante et révoltante !
Heureusement que le Secours populaire, le Secours Catholique, la Croix rouge, les Restos du cœur et d’autres sont là pour apporter quelque réconfort à ceux qui n’ont rien et besoin de tout. Ces associations, leurs bénévoles méritent notre reconnaissance, celle de tout le pays.
Quand les injonctions ministérielles et publicitaires nous demandent de « manger cinq fruits et légumes par jour », 53% des foyers qui gagnent moins de 1200€ n’y parviennent pas, comme près de 40% de ceux qui gagnent entre 1200€ et 2000€ par mois. Et ce sont les femmes qui trinquent les premières, si j’ose dire.
Quant à la peur de sombrer dans la pauvreté, elle est partagée par 60% de nos concitoyens.
Dans le même temps, nous apprenons que des dizaines de « nouveau-nés sans abris » n’ont trouvé cet été, avec leur mère, aucune place d’hébergement d’urgence, ici-même en Seine-Saint-Denis.
Comment accepter pareille misère humaine dans un pays développé comme le nôtre ?
Le capital dans sa forme financière nous coûte non seulement un « pognon de dingue », enracine la pauvreté, mais il menace, dans son exploitation démesurée du travail humain et des ressources naturelles, jusqu’aux équilibres qui permettent à la planète d’accueillir la civilisation humaine.
Plusieurs débats de la fête vont en résonner.
La démission du ministre de la transition écologique et solidaire, ce qu’il a dit sur les ondes de radios a aggravé la crise politique précisément parce qu’elle a levé le voile, et de manière spectaculaire, sur une illusion.
Une illusion entretenue par des cabinets noirs et les forces d’argent selon laquelle le capitalisme débridé serait compatible non seulement avec la préservation de la biodiversité mais aussi avec la lutte contre le réchauffement climatique.
Cette illusion s’est dissipée avec fracas, sans non plus éclairer totalement, en toute lucidité, la nécessité que nous portons de conjuguer l’urgence écologique à l’égalité sociale et à la grande question démocratique.
Malgré les apparences des rapports de force électoraux, de cette fête n’avons-nous pas à porter encore plus profondément le fer dans la chair du capitalisme ? Pousser le combat avec encore plus de détermination sur l’enjeu fondamental de notre époque : changer de système, sortir de l’appropriation privée et la monopolisation du capital et inventer la société, le monde des communs, inventer le communisme, celui qui prolonge le meilleur des actions et des réflexions des révolutionnaires français ?
Chers amis, cette fête de l’Humanité, dans ce contexte particulier et en prenant en compte le fait que les participants viendront avec ces questions en tête, doit être une caisse de résonnance pour faire monter cette triple exigence qui, au fond, n’en forme qu’une seule et même : celle d’une humanité réconciliée avec elle-même.
D’êtres humains maîtres de leur destin.
Oui, l’urgence écologique est intimement liée à l’égalité sociale. Elle l’est de manière immédiate au regard des catastrophes naturelles dues au réchauffement climatique qui frappent d’abord et plus fort les classes populaires et laborieuses, partout dans le monde.
Ces mêmes classes populaires qui figurent en première ligne des pollutions de toutes sortes qui génèrent tant de maladies.
Elles ont un intérêt immédiat à engager l’humanité vers une grande bifurcation écologique, sociale, démocratique.
Elles ont intérêt à sauvegarder leur santé et celle de leurs enfants.
L’enjeu écologique est encore lié à la question sociale quand il met en lumière la production et, par conséquent, la finalité du travail humain.
A quels besoins et à quels objectifs correspondent les injonctions patronales ou actionnariales, dans la production comme dans la consommation ?
Peut-on encore appeler « humanité » une civilisation qui se moque de l’environnement qui conditionne son existence ?
Quand nous disons « l’Humain d’abord », nous n’appelons pas à autre chose qu’à une humanité qui puisse vivre en harmonie avec son environnement, dégagée des pures logiques de rentabilité qui l’enserrent et freinent sa pleine réalisation.
La progression démographique qui s’annonce, fortement liée à l’enjeu écologique, rend urgent un développement égalitaire, rend urgent une libération des femmes partout sur la planète.
L’urgence écologique est intimement liée à la question démocratique. Elle la pousse jusque dans des endroits où le capitalisme refuse de la faire entrer : dans le monde de l’entreprise et celui de la production.
Qui décide de la production, de sa qualité, des conditions dans lesquelles elle est réalisée ?
Qui donne droit à Monsanto de déverser par fleuves son glyphosate hautement toxique qui détruit autant les sols qu’il menace la santé humaine ?
Qui encourage les entreprises à jouer le jeu du libre-échange à tout crin, ou de son envers : le protectionnisme agressif ?
Les procès intentés contre la firme nord-américaine doivent nous inciter à faire monter l’exigence de participation citoyenne aux grands enjeux industriels et agricoles.
Chers amis, chers camarades,
Au sentiment d’une catastrophe écologique imminente, étayée par un important travail scientifique, s’ajoute celui d’un monde menacé par les tensions et les guerres.
Cette fête de l’Humanité survient dans un contexte géopolitique totalement nouveau. Des forces obscures que l’on croyait hier cantonnées à la périphérie du débat et du pouvoir gagnent du terrain, jusqu’au sommet des États. Toutes les récentes élections témoignent de leur poussée spectaculaire dans les urnes, mais aussi dans les esprits.
Au cœur d’une lutte idéologique féroce qui a cherché à porter un discrédit sur les idées communistes et progressistes, elles ont frayé leur chemin, prétendant s’affirmer en contestation de l’ordre néolibéral.
Elles sont parvenues à faire entrer dans les esprits des idées parmi les plus rétrogrades, le nationalisme le plus rance, le racisme et la xénophobie.
Elles prétendent incarner la nouveauté quand elles ne sont, en réalité, que l’expression nocive et meurtrière des contradictions et impasses du capitalisme.
Elles prétendent soutenir les aspirations populaires quand elles mènent partout, en Hongrie, en Autriche, en Pologne des politiques antisociales, allongeant en Autriche le temps de travail hebdomadaire, réduisant drastiquement l’impôt sur le capital en Italie, lançant des guerres commerciales comme le font les Etats-Unis du sinistre Trump.
Elles gagnent le soutien d’un fascisme de rue que l’on croyait éradiqué, violent et meurtrier.
Et partout, l’immigré, le musulman sont pointés comme boucs émissaires.
L’immigration serait dit-on le grand sujet clivant, un prétexte même à la création de nouveaux mouvements à gauche.
La presse et les idéologues de droite se délectent des divisons qu’ils ont réussi à instiller, encourageant ces fragmentations politiques à gauche sur les thèmes qu’ils ont réussi à imposer dans le débat.
Puisqu’il faut le redire, redisons-le : non ce n’est pas l’immigré le problème, c’est le banquier ! C’est le capitaliste qui toujours utilise la précarité humaine pour exploiter, asservir, diviser.
Ce n’est pas nouveau, ce n’est pas d’hier !
Oui, de cette Fête de l’Humanité nous allons réaffirmer que les réfugiés et les exilés méritent d’être dignement accueillis en France, ce pays dont ils ont contribué et contribuent toujours à doter de ponts, de routes, de métros.
Les gouvernants du monde n’assument pas leur responsabilité de contribuer au développement de ces pays que fuient leurs populations pour échapper à la misère, à la guerre ou aux méfaits du réchauffement climatique.
Pire, ils pillent leurs richesses naturelles, leurs cerveaux et sont à l’origine de biens des conflits armés.
Nous ne dénoncerons jamais assez ce crime.
Nous voulons toujours mieux être des militants du Co-développement et des actes concrets qui le permettent.
Le destin de l’humanité est celui d’un monde plus mélangé, plus métissé : telle est la réalité du monde qui vient, interconnecté, portant au cœur des contractions du capitalisme la possibilité d’une unité supérieure du genre humain. Telle est la vocation des nations vivantes, et non des nations mortes qui portent en elles la loi de la race et du sang.
L’enjeu, notre enjeu est de ne pas laisser le marché capitaliste décider seul ni de l’utilisation, ni de la localisation de la main d’œuvre immigrée, de lutter pour l’égalité des droits, d’offrir à la population immigrée un droit nouveau à la formation pour faire progresser l’ensemble des sociétés ici, comme dans les pays du sud.
Aidons les travailleurs immigrés à se libérer de l’exploitation patronale et de la pauvreté autant que du nationalisme. Soyons là, soyons avec eux pour les aider comme tous les travailleurs à se libérer des logiques les plus brutales de la mondialisation capitaliste autant que des égoïsmes rances.
Ici c’est la fête de l’Humanité, de l’égalité et la liberté.
C’est la fête qui va appeler à révolutionner la construction européenne ; Oui, nous voulons remplacer cette Europe des marchands et de l’argent par une Europe de la solidarité, de la coopération, une Europe du travail et de la création, une Europe qui se fixerait pour ambition de garantir un travail, et les formations, la santé, le logement, à chacune et chacun. C’est le sens des débats qui auront lieu ici ces trois jours et des initiatives qui vont se tenir avec notre ami Ian Brossat.
Chers amis, chers camarades,
Notre journal va, pendant ces trois jours de fête prendre à la Courneuve la lumière que lui refusent tout au long de l’année les grands médias. Ce moment est l’occasion unique de le faire connaitre et d’insister pour qu’il soit lu, notamment auprès de la jeunesse.
Ce journal porte un nom : le nom magnifique que lui a donné Jean Jaurès il y a plus 114 ans et qui conserve tout son éclat.
« C’est, en effet, à la réalisation de l’humanité que travaillent tous les socialistes. Cette humanité qui, [poursuit Jaurès] n’existe point encore ou existe à peine ».
Dans la profondeur de tous les combats que nous avons menés, que nous menons et que nous continuerons de mener, il s’agit bien de défendre «l’humanité », cette civilisation humaine, ce genre humain qui ne « sera » pleinement que dans le combat internationaliste, comme le dit si bien la chanson.
Ce titre de presse et ce nom sont un trésor dont nous avons parfois du mal à estimer la juste valeur.
Au-delà de son histoire si riche, si complexe et si belle, il est le seul titre de presse à porter en lui un projet politique, une vision, une ambition. Et ce n’est pas un hasard mais la conséquence directe du lien étroit qu’il a noué dès ses origines et qu’il continue de nouer avec le mouvement ouvrier et les mouvements d’émancipation.
Car ce n’est pas la planète, qui en a vu d’autres et qui a encore quelques milliards d’années devant elle, qui est menacée par le réchauffement climatique et les catastrophes climatiques : c’est bien l’humanité.
C’est bien l’humanité qui est menacée par l’exploitation féroce du travail humain, la division internationale du travail, et les guerres économiques qui en découlent.
C’est encore l’humanité qui est interrogée quand les nouvelles technologies, le numérique envahissent le travail et la production, jusqu’à laisser croire à un trans-humanisme au visage hideux.
Chaque jour, chaque semaine, nos équipes travaillent à éclairer l’information d’une lumière militante, progressiste. D’une lumière que nous voulons être dignes de celle de Karl Marx qui a inondé le monde de son génie.
Elles le font dans des conditions extrêmement difficiles qui sont à la fois celles de la presse et celle du mouvement social que nous représentons et défendons. Je souhaite une nouvelle fois les en remercier.
Nous le faisons en totale indépendance des forces d’argent, fidèles au serment de Jaurès lui-même.
Oui, il y a besoin d’un journal, d’un groupe de presse attaché à la défense active de l’humanité, relai des luttes sociales et écologiques, creuset du débat transformateur.
Je vous remercie de votre attention !
1 commentaire
Très belle intervention humaine et rassembleuse.