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Plusieurs études montrent désormais que les critères et les savants calculs qui ont conduit à décider des actuelles politiques d’austérité sont faux. Voici que l’un des dogmes inscrit dans le traité de Maastricht et repris par celui de Lisbonne, selon lequel un pays ne peut pas avoir plus de 90% de dettes, comparées aux richesses qu’il produit, vient de s’effondrer sous l’effet des études de trois universitaires américains. Ils ont démontré que ceux qui ont inventé ce critère pour appliquer de violentes réductions des crédits publics ont truqué leurs chiffres. Les accusés ont simplement répondu qu’il s’agissait d’une erreur dans l’utilisation des tableaux que fournissaient leurs ordinateurs.
Le 17 avril dernier, le professeur Rogoff, dont l’ordinateur marche si mal, a, dans une lettre, promis qu’il « redoublerait d’efforts pour éviter à l’avenir de telles erreurs ». Ce serait presque comique si ceci n’avait pas eu tant d’effets négatifs sur la vie de millions de familles. Ces calculs ont en effet conduit depuis des années et conduisent toujours à la destruction de millions d’emplois dans les secteurs publics et privés, à aggraver la pauvreté et la détresse sociale et humaine.
Un autre critère inscrit noir sur blanc dans les traités et qui sert au gouvernement à réduire les crédits publics, de la santé, de la protection sociale, des retraites ou à privatiser les entreprises pour combler des déficits des caisses de l’Etat ou de la sécurité sociale est maintenant critiqué par l’institution qui l’avait inventé, c’est-à-dire le Fonds monétaire international. Ce concept s’appelle le « coefficient budgétaire ». Le FMI avait dit que le coefficient de déficit public ne devait pas dépasser 0,5% comparé aux richesses annuelles produites. C’est en fonction de celui-ci qu’a été bâti le dernier traité européen, les deux nouveaux règlements austéritaires européens dit « two pack » et que le gouvernement a décrété ce qu’on appelle « la règle d’or ». C’est-à-dire la règle d’équilibre budgétaire. La ligne du FMI consistait à dire qu’une réduction des dépenses publiques n’avait que très peu d’influence sur l’économie réelle. Tous les plans d’austérité de la Grèce au Portugal, à l’Espagne, en France en Italie sont basés sur ces calculs. Or, voilà que le chef économiste du FMI vient de dire que son institution avait mal évalué la situation et que la réduction des crédits publics avait un effet négatif d’entrainement sur toute l’économie réelle. Ainsi, ils avouent qu’une économie de 1 euro sur les budgets conduit à une perte dans l’économie réelle qui va de 90 centimes à 1,70 euros. C’est d’ailleurs ce qui se passe. Plus les budgets se sont réduits, moins la dette des pays s’est réduite. Au contraire. Elle n’a cessé d’augmenter partout à cause de la contraction de l’activité, de l’augmentation du chômage, de la destruction de la capacité industrielle et agricole, qui a abouti à des diminutions des recettes dans les caisses des Etats et celles de la protection sociale. A ceci s’ajoute le taux d’intérêt usuraire qui transfère l’argent public vers les banques.
Il est en de même de l’autre dogme : celui selon lequel il faudrait sans cesse abaisser le « coût du travail », en comparaison de ce qui se fait en Allemagne. C’est-à-dire les salaires, les revenus agricoles et celui des artisans. Là encore, il s’avère qu’on manipule les chiffres en comparant les salaires incluant l’inflation, tout en défalquant cette même inflation des calculs concernant la productivité. Si on est honnête, on est forcé de constater que le prétendu « coût du travail » n’est pas plus élevé en France qu’en Allemagne.
Ainsi, les dirigeants européens et nationaux trompent les gens depuis des années et nous mènent dans le mur, en faisant croire à de faux chiffres, ressassés en permanence à la télévision et présentés comme des évidences. La vérité c’est que ces choix sont injustes et très inefficaces économiquement. Tout individu de bonne foi est forcé de le constater. C’est sans doute la raison pour laquelle un débat se développe dans le Parlement et même au sein du gouvernement. Celui-ci est salutaire. Nous ne saurions qu’inciter chacune et chacun à s’y impliquer, tant cela concerne nos vies quotidiennes.
Mais voici que le Président de la Commission de Bruxelles lui-même, M. Barroso a entamé une reculade la semaine dernière en poussant l’audace jusqu’à dire que : « l’austérité a atteint des limites en Europe ». « Je sais qu’il y a des conseillers technocratiques qui nous disent quel est le modèle parfait pour sortir de la situation actuelle, mais lorsque nous leur demandons comment le mettre en place, ils nous disent : ce n’est pas mon problème », a-t-il ajouté. Quel aveu contre lui-même, la Commission de Bruxelles et les traités européens imposés aux peuples.
Maintenant que la porte s’ouvre et nous donne raison, portons le fer avec hardiesse contre les choix d’austérité, pour obtenir une nouvelle répartition des richesses, la justice, une réorientation profonde de l’Europe et une démocratisation profonde de la société. Bref, un changement de cap net pour l’intérêt général. C’est le sens de la marche citoyenne du 5 mai. Que chacune et chacun s’en empare.