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C’est avec une immense tristesse que j’apprends le décès d’un ami très cher, d’un ami sincère de notre Humanité, Jules Borker, une figure, une voix du palais de Justice de Paris. On a du mal à imaginer que Jules, en fait Antoine, nous quitte, même du haut de ses 94 ans tant il était resté alerte et vif d’esprit. Il continuait à faire des exercices physiques, à produire des notes et des analyses. Je l’ai toujours connu ainsi, la tête pleine d’idées et de projets voilà déjà de nombreuses années lorsque je présidais la Commission justice du Parti communiste et dans mes responsabilités à l’Humanité où il a toujours été de bons conseils et d’aide extrêmement précieuse.
Durant 60 ans, il aura arpenté les tribunaux, fait résonner ses fines plaidoiries mêlant bon sens, droit et une grande culture. Il aimait les mots, il aimait passionnément défendre, il aimait faire vivre le droit, toujours dans le respect de l’autre et dans le respect des juges et de la justice.
Engagé dans la Résistance au nazisme très jeune, celui qui se prédestinait à devenir médecin avant l’occupation, devint un grand juriste au sortir de la seconde guerre mondiale. Il sera le défenseur de milliers de travailleurs et de la CGT, de plusieurs dizaines de collectivités territoriales progressistes, des militants de la paix et de la lutte anticolonialiste, tantôt aux côtés du FLN, tantôt aux côtés du comité Audin et de Josette Audin, ou encore d’Angela Davis. Aux cotés aussi de Georges Marchais pour faire droit contre l’ignoble campagne menée contre lui à propos du STO.
Jules Borker était aussi un passeur, un négociateur, un médiateur. C’est lui qui aura grandement favorisé les rencontres jusque dans son propre appartement entre François Mitterrand et Waldeck Rochet dans la perspective de la réalisation de l’union de la gauche et de la préparation du Programme commun du gouvernement.
L’histoire du Parti communiste, des mouvements progressistes d’émancipation, comme celle du barreau de Paris porteront une partie de ses empreintes, de ses actions tenaces.
Depuis des décennies, il aura été un avocat fidèle et efficace de l’Humanité. Il ne manquait jamais de nous alerter, de nous conseiller sur les évolutions du droit de la presse jusqu’à venir patiemment les expliquer aux journalistes. Il aura toujours été à notre égard proche et attentionné. Nous perdons un camarade, un ami authentique, un porteur d’humanité.
Nous présentons à sa famille, à ses proches, nos condoléances les plus sincères. Nous remercions Jules Borker. Nous ne l’oublierons pas.
Patrick Le Hyaric
Directeur de l’Humanité
Député au Parlement européen
4 commentaires
C’est un pan de l’histoire des luttes à une époque où elles n’étaient pas vaines qui s’efface de notre quotidien
merci à Jules Borker pour tout ce qu’il a fait pour faire connaitre la vérité sur la mort de Maurice Audin
merci à lui et à sa famille pour toute l’ aide qu’ils m’ont apportée
On ne l’oubliera pas
Josette Audin
J’ai travaillé pendant de nombreuses années avec Jules, que nous appelions Antoine, son prénom de résistant.
A ses côtés, comme tous les autres jeunes qui ont eu le bonheur d’être accueillis dans son équipe, j’ai appris ces valeurs essentielles du métier d’avocat: la conviction, le courage, le respect, l’humanité et l’indépendance.
Borker restera une des grandes figures du Palais dont il ne s’était éloigné que sur le tard, après plus de 60 années d’exercice.
Comme Patrick Le Hyaric l’a si bien écrit, le grand âge n’aura jamais eu la moindre prise sur la vivacité et la jeunesse de son intelligence, sa joie de vivre et son intérêt pour les autres. Elles l’ont aidé à tranquillement fermer son livre.
Salut l’artiste.
cher maitre, je voulais vous indiquer combien notre ami Antoine parlait de vous toujours en bien avec beaucoup d’éloges.
je suis comme vous très triste d’apprendre son grand départ, j’espère simplement qu’il est parti sans trop de souffrance.
Chapeau bas pour Antoine que je n’oublierai pas
cordialement à vous. Danielle une amie d’Antoine