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Avec la déclaration de cessation de paiement du groupe volailler Doux, le risque d’un terrible drame social est en train de se nouer dans des dizaines de milliers de familles dans l’ouest de la France.
Créé en 1955 près de Châteaulin dans le Finistère, ce groupe dominant dans le secteur avicole n’a cessé de grandir et de profiter à ses propriétaires et actionnaires. Il est actif sur la totalité de la filière : de l’élevage, aux produits frais et congelés jusqu’à la fabrication de produits alimentaires élaborés à forte valeur ajoutée. Il est devenu le cinquième exportateur mondial, grâce en partie aux subventions Européennes à l’exportation. Ceci a fait sa force durant longtemps. Peut-être aussi sa faiblesse ! En tout cas celles-ci n’ont pas empêché ce groupe de réduire l’emploi et de compresser les salaires et les revenus des aviculteurs ces dernières années. Aujourd’hui, le groupe est en cessation de paiement depuis le 1er juin. Mais cela fait au moins deux ans que le groupe est entré dans de sérieuses difficultés. C’est l’un des principaux dossiers lourds pour l’emploi auquel s’est attelé le nouveau gouvernement.
Au moment où tant de proclamations sont faites un peu partout autour de la nécessité de « produire en France » va-t-on laisser ce groupe qui emploie plus de dix mille personnes à travers le monde dont trois mille quatre cent emplois directs en Bretagne et Pays de Loire s’écrouler, ou au mieux être vendu par compartiment au gré de la recherche de profits de ses concurrents ? Il faut y ajouter les milliers d’emplois indirects que ses activités génèrent, et les milliers d’emplois d’éleveurs avicoles qui sont intégrés au groupe lui-même. Ceux-ci ne sont plus payés depuis des mois déjà.
Jusqu’à ces dernières années, les comptes de l’entreprise étaient plutôt équilibrés. Son endettement provient du tournant pris dans la stratégie de l’entreprise avec le rachat par Doux de l’entreprise Brésilienne Frangosol en 1998. Au nom de la frénésie de la mondialisation capitaliste, les dirigeants et actionnaires de Doux ont espéré inonder le monde des volailles Doux produites à des conditions de dumping en s’installant au Brésil pour y bénéficier d’une main d’œuvre bon marché, et proche de la production de soja. L’objectif était de réexporter la production réalisée en terre brésilienne ici et ailleurs, au détriment de la filière avicole française et de nos emplois.
Aujourd’hui, les dirigeants du groupe Doux imputent à l’Etat brésilien la responsabilité de leurs déboires parce qu’ils ne percevaient pas là-bas les subventions aux exportations. Quel cynisme et quel mépris ! En achetant une entreprise au Brésil ils connaissaient exactement les conditions de production. Et ils y ont été dans l’espoir d’y réaliser d’énormes profits à partir d’une pression sur les salaires et le prix des céréales, réduisant des capacités de production et de transformation en Bretagne. Dix usines ont été fermées en France ces dix dernières années. Et les investissements nécessaires à la modernisation des unités de production ont été négligés. Ajoutons qu’il est heureux que le Brésil n’ait pas financé ces réexportations ou plus exactement ces suppressions d’emplois et d’activité ici. Beaucoup de mystères entourent d’ailleurs cette opération brésilienne. Les salariés comme les pouvoirs publics seraient en droit de réclamer une commission d’enquête sur cette aventure.
Par contre, l’an passé encore, le groupe Doux a bénéficié de 59 millions d’euros d’aides publiques de la politique agricole commune. On peut estimer que ces dernières années Doux a bénéficié de près d’un milliard d’euros de crédit public européen sous forme de « restitutions aux exportations »sur le budget de la politique agricole commune. J’ai demandé à la Commission de Bruxelles de nous fournir des éclaircissements à ce sujet. Jamais aucune autorité, qu’elle soit française ou Européenne, n’a conditionné de telles aides au maintien de l’emploi agricole et agro-alimentaire ainsi qu’à la vie des territoires. Celles-ci ont continué à faire baisser les prix de la volaille exportée dans le cadre d’une concurrence mondiale acharnée. Le bilan de ces choix a conduit à de dramatiques impasses.
Les victimes en sont les salariés et les éleveurs. On ne peut laisser faire ! Le nouveau gouvernement est mobilisé pour empêcher le pire. Les syndicats ont fait valoir en fin de semaine dernière leurs inquiétudes et des propositions. Les offres de reprise présentées lors du comité central d’entreprise sont plutôt curieuses. Certains repreneurs sont des concurrents directs de Doux. Il est clair qu’ils prendraient sa clientèle, ses marques et ses marchés, en saccageant l’emploi et la vie territoriale. Une autre offre est présentée au nom de Sofiprotéol, dirigé par l’actuel président de la FNSEA .En réalité cette offre se fait au nom d’un consortium de plusieurs acteurs du secteur avicole et de l’aliment pour animaux. Ceci signifierait que le groupe serait dépecé en plusieurs entités selon leur degré de rentabilité supposé, et l’emploi sacrifié. Le pôle poulet frais avec les usines de Pleucadeuc et Sérent dans le Morbihan ainsi que Laval en Mayenne sont très menacés. Et voilà que M. Doux lui-même s’apprête à présenter un plan de continuation. L’ensemble de ces offres doit être présenté en principe pour le 23 juillet. Ajoutons que le risque existe que le groupe puisse être racheté par des fonds financiers étrangers dont certains basés au Moyen-Orient. Notre pays perdrait ainsi une part importante de la maîtrise de sa filière avicole. C’est dire si le temps presse ! Le gouvernement doit maintenir sa pression. Les syndicats doivent être écoutés. Ce sont les travailleurs ; les aviculteurs et les pouvoirs publics, en distribuant des aides sans contrôle, qui ont contribué à faire la force hier du groupe Doux. Ce ne sont pas à eux de payer les conséquences de cette faillite.
Le gouvernement a la possibilité de prendre l’initiative de réunir très rapidement une table ronde de travail avec les élus départementaux et régionaux, les maires concernés, les syndicats, le groupe Doux et ses experts financiers ; ainsi que les banques, notamment BNP-Paribas actionnaire à 20 % du groupe, pour examiner un plan de relance maintenant l’intégrité du groupe, la sauvegarde des emplois, la modernisation de certains sites industriels et la recherche d’activités nouvelles. L’occasion est peut être donnée d’ouvrir un véritable débat sur les moyens d’une modernisation et d’un nouveau modèle de développement de la filière avicole française.
10/07/2012
0 commentaires
Des économies, le groupe Doux ont dû en faire !
“[1] La société Doux-Père Dodu a reconnu sa responsabilité, en plaidant coupable, et expliquant son faux étiquetage par les distorsions de concurrence entre pays européens qui n’appliquent pas de la même façon la réglementation sur la VSM. L’entreprise a été condamnée par le tribunal de Quimper à près de 18.000 euros d’amende en avril 2012. Source : Le Télégramme”
http://www.bastamag.net/article2498.html
Que l’on donne au personnel, le choix de créer quelque chose, autre chose de viable. Quelque chose de sain, de correct, mais des poulets OGM, basta !
Tant pis si mon commentaire est modéré.