Contre le déclassement, changer de système

le 19 janvier 2012

Que les dirigeants des pays européens aient pu laisser trois agences de notations, liées aux milieux d’affaires, peser sur les orientations politiques et économiques, constitue une démission sans nom, une forfaiture. Voici que l’une de ces sévères “notatrices”, liée au capital nord-américain, sanctionne la politique de M. Sarkozy. Preuve que le Président de la République ne protège pas la France. Preuve aussi que ses discours sur ” la moralisation du capitalisme” ne sont que du vent.

Pourtant, c’est ce même M. Sarkozy qui avait répété ces dernières années que la notation dite “triple A” était si précieuse que pour la préserver il a, contre l’opinion majoritaire des citoyens français, démembré le droit à la retraite à 60 ans, abaissé les niveaux de protection sociale, attaqué violemment les services publics, obligé les familles populaires à se serrer toujours plus la ceinture.

Preuve vient d’être administrée que rentrer dans le jeu des marchés financiers et tenter de répondre sans cesse à leurs exigences revient à placer nos concitoyens dans une broyeuse sans fin de leur salaire, de leur retraite, de leurs droits sociaux, démocratiques et politiques. Une réflexion nouvelle vient immédiatement à l’esprit : il ne peut y avoir de réponse authentiquement de gauche si on se moule dans le modèle du capitalisme financiarisé et mondialisé. Plus le pouvoir de droite et les dirigeants européens imposent l’austérité, plus la finance en réclame et plus la crise s’aggrave. Quelle que soit la couleur politique des gouvernants qui l’appliquent, parce qu’ils font souffrir leurs populations, ces dernières les chassent à la première occasion comme dernièrement en Grèce et en Espagne. Mais en guise de changement, les Grecs et les Espagnols ont maintenant encore plus d’austérité, avec plus de chômage et de précarité, certes avec des têtes nouvelles au sommet des Etats. De cette vis sans fin vers le malheur et la désespérance, il est plus que temps de sortir. C’est pour y contribuer qu’existent le Front de gauche et son candidat Jean-Luc Mélenchon.

Eux seuls ont le courage et l’honnêteté de dire que l’austérité n’est pas le moyen de réduire les dettes. Elle en produit et les aggrave sans cesse. M. Sarkozy, ce  grand pourfendeur de déficits, aura réussi cet incroyable et pitoyable exploit de créer à lui seul autant de dettes que les quatre Présidents de la République qui l’ont précédé. Lorsqu’il s’est installé au Palais de l’Elysée en 2007, l’endettement du pays était de 700 milliards d’euros. Aujourd’hui il est de 1600 milliards. Non pas parce qu’il a amélioré les services publics ou la protection sociale. Il les a dégradés. Par contre, il a multiplié les cadeaux aux plus fortunés et au grand capital, tout en réduisant l’activité économique. Il voudrait nous faire croire qu’il n’est pour rien dans la dégradation de la note qu’il présentait encore il y a peu comme une catastrophe à éviter à tout prix, devenue de peu d’importance aujourd’hui qu’elle est là. N’en déplaise à cet illusionniste, la chose est grave. Très grave. Dans l’actuel système, elle oblige notre pays à emprunter à des taux d’intérêt plus élevés. Tout risque encore d’augmenter, avec des  souffrances sociales insupportables.

Le Premier ministre, comme d’habitude, appelle à un tour de vis supplémentaire au nom de la “compétitivité “. Avec d’un côté, une ponction sur le consommateur avec “la TVA-vie chère”. De l’autre, une diminution des salaires. Certains ministres proposent même de supprimer la cinquième semaine de congés payés. Or, dans toute l’Europe l’expérience montre que plus l’austérité est sévère, plus la crise s’aggrave et plus les difficultés s’accumulent, plus la dette grossit. Elle augmente parce que l’économie est étouffée et que les banques ponctionnent des intérêts sur cette dette devenue insupportable pour les Etats et la société toute entière.

S’attaquer à la dette appelle de tourner le dos à ces choix. C’est en effet le développement économique et social qui permettra des rentrées financières et de relancer la production et l’emploi. Il faut une réforme fiscale progressiste pour la justice et une transformation  du système bancaire qui doit cesser d’être un outil de pompage des ressources du travail, des Etats, des collectivités territoriales et des institutions publiques. Il s’agit de mettre ces outils au service du développement humain, social et écologique grâce à l’utilisation d’un crédit peu cher, dès lors qu’il sert le travail, la création, le progrès social et écologique. Pour y parvenir, -condition d’une indispensable souveraineté économique- il devient nécessaire que le système bancaire soit sous contrôle citoyen. Autrement dit, il est indispensable de socialiser les banques et les institutions financières, tout en menant bataille en Europe pour changer le rôle de la Banque centrale européenne de telle sorte qu’elle se mette au service du bien commun et non plus de la rapacité des fonds financiers des banques privées.

C’est l’opposé de ce que tentent d’imposer M. Sarkozy et Mme Merkel avec le projet d’un nouveau traité européen austéritaire. M. Sarkozy avait déclaré qu’il était le point de départ d’une « nouvelle Europe ». Il n’a pas dit pour qui ! Pour les voraces de la finance ? Certainement ! On voit mieux aujourd’hui la nocivité des orientations euro-capitalistes de ce texte, aggravant considérablement les critères antisociaux du traité de Lisbonne, déjà majoritairement rejeté en 2005 par le non au référendum. Le caractère dérisoire des sommets franco-allemands à répétition saute aux yeux. M. Sarkozy y aligne nos droits sociaux sur les choix extrêmement durs que subissent les travailleurs allemands, sans pour autant enrayer la crise, bien au contraire !

 Ce n’est pas en livrant la France, pieds et poings liés à la finance qu’on en sortira. C’est en engageant un processus populaire et démocratique qui s’en émancipe en misant sur “l’humain d’abord”.


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