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Ci-dessous les principaux éléments qui ont été discutés et votés lors de cette session.
Le Parlement ouvre la session sur la journée de la Femme.
Lundi 11 mars le Parlement a ouvert sa session sur le thème de la journée que l’on appelle – de la femme, célébrée vendredi 8 mars. En vérité, il s’agit de la journée internationale des droits des femmes. Trois textes ont été débattus et adoptés le mardi 12 mars.
Le premier concerne les Femmes et la crise. Rédigé par Elisabeth Morin-Chartier, membre comme moi de la commission Emploi et affaires sociales, cette élue de l’UMP a axé cette résolution sur l’impact négatif que fait peser la crise sur les droits des femmes. Cette résolution dénonce les coupes budgétaires et les mesures d’austérités qui ont affaibli la condition des femmes, elle souligne également le risque d’une régression et d’un arrêt dans les efforts fait pour promouvoir l’égalité entre hommes et femmes.
Le deuxième texte a été présenté par mon amie Kartika Liotard, députée néerlandaise, siégeant au groupe de la Gauche Unitaire Européenne / Gauche Verte Nordique. Ce texte porte sur les multiples stéréotypes liés au genre et véhiculés par les médias, la publicité ou encore l’éducation. La résolution demande l’élimination de ces clichés et plus particulièrement lorsque les publics sont jeunes. Dans la même logique le texte demande un effort dans l’éducation pour déconstruire ces images.
Ce texte demande également de renforcer la présence des femmes, là où elles sont sous-représentées: en politique avec la proposition de quotas contraignant dans les Parlements, dans la nouvelle Commission européenne, dans les directions d’entreprises et dans les secteurs où elles sont peu présentes. Pour ces métiers il est proposé que le Fond Social Européen soit utilisé pour attirer les femmes dans ces secteurs.
La troisième résolution porte elle, sur la protection des droits des femmes en Afrique du Nord demandant aux Pays du pourtour méditerranéen et du Sahel d’inscrire explicitement ces droits dans les constitutions.
Avec mon groupe nous avons soutenu l’ensemble de ces textes. L’extrême droite a préféré s’abstenir ou voter contre.
Shimon Peres oublie la Palestine au Parlement européen
Mardi 12 mars Shimon Peres, Président de l’Etat d’Israël, est intervenu en séance solennelle.
Son intervention ne s’est malheureusement limitée qu’à enfoncer des portes ouvertes sur la situation dans la région dont on peu partager certaines analyses. Le Président israélien a mis plus l’accent sur l’importance de l’association UE-Israël que sur son soutien à une solution à deux Etats. Il n’a fait aucune mention du statut de Jérusalem.
On aurait pu espérer plus d’un homme qui fut avec Itshak Rabin un des principaux protagonistes des accords d’Oslo qui dressaient une route pour une paix au Moyen-Orient et la création d’un Etat Palestinien dans les frontière de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. Pas un mot pour les prisonniers palestiniens, et notamment de sa promesse selon laquelle s’il était élu président d’Israël, il ferait libérer Marwan Barghouti.
Les conditions de vie des Palestiniens n’ont pas été abordées une seule fois, la question de la colonisation que sous l’angle de la soi-disant bonne volonté d’Israël lorsqu’a été décidée l’évacuation de la bande de Gaza.
Cette analyse qui ferme littéralement les yeux sur la Palestine pour regarder avec envie du côté des coopérations avec l’Union européenne est plus qu’inquiétante. C’est pourquoi je me félicite des mobilisations pour que l’Union européenne reconsidère ses coopérations avec Israël du fait du bafouement de la clause sur le respect des droits de l’Homme inscrit dans tout accord de coopération avec l’Union européenne.
Il ne s’agit pas ici de punir l’Etat d’Israël, mais de l’inciter à regarder les contradictions qui font se côtoyer un Etat moderne et une justice indépendante avec des violations constantes des droits de l’Homme. L’Union européenne ne doit pas se contenter d’être le plus grand donateur pour la Palestine, elle doit inciter Israël à reconsidérer ses politiques vis-à-vis des Palestiniens de Cisjordanie et d’Israël pour enfin avancer vers une paix juste au Proche-Orient, avec deux Etats, pas un mot dans l’enceinte de ce Parlement.
Une majorité vote des règlements pour l’austérité perpétuelle.
Mardi 12 mars, le Parlement a adopté sans débat et en catimini deux textes de règlement qui font entrer les pouvoirs de la Troïka dans le droit européen, c’est ce qui s’appelle le two-Pack.
Les missions de la Troïka sont ces délégations d’experts de la Commission, du FMI et de la Banque centrale européenne qui s’assurent que les Etats en difficultés appliquent des politiques « austéritaires » qui leurs sont demandées en échange d’une aide.
Sans revenir sur les conditions même de cette aide qui consiste le plus souvent en des prêts avec des taux d’intérêts plus élevés que ceux auxquels les Etats créditeurs empruntent -entrainant donc une plus value au passage-, il est important de revenir sur les buts et les conséquences de ces missions.
Elles s’inscrivent dans une politique de mise en place graduelle d’une supervision étroite des budgets des Etats européens. Le semestre européen qui ouvrait la possibilité de donner des recommandations et des orientations de politique économique avant l’adoption de budgets en fut la première étape. Elle fut suivie par le Six-Pack (six règlements) qui créé un cadre de supervisions et de sanctions avec les six textes qui le composent. Le TSCG est venu renforcer l’édifice en imposant aux Etats l’inscription d’une règle d’or dans leur cadre budgétaire limitant tout déficit structurel à 0,5%.
Passons sur la définition du “déficit structurel” qui n’est toujours pas arrêtée bien qu’inscrit dans un Traité et désormais dans la Constitution de plusieurs Etats-membres. Le 2-Pack vient quant à lui clore cette construction avec deux textes législatifs:
– un premier règlement permettant à la Commission de surveiller tout au long de l’année les budgets des Etats: le “Règlement établissant des dispositions communes pour le suivi et l’évaluation des projets de plans budgétaires et pour la correction des déficits excessifs dans les États membres de la zone euro”, le rapport Ferreira.
– un second règlement permettant à la Commission de superviser les budgets et de donner des orientations qui devront être appliquées par les Parlement nationaux: le “Règlement relatif au renforcement de la surveillance économique et budgétaire des États membres connaissant ou risquant de connaître de sérieuses difficultés du point de vue de leur stabilité financière au sein de la zone euro”, le rapport Gauzès.
Pour résumer: le TSCG demande aux Etats membres de la zone Euro de s’astreindre eux-mêmes à l’autodiscipline, ces deux règlements permettent de s’assurer au niveau européen que c’est bien le cas.
Ces deux textes, bien que complémentaires du nouveau Traité sur l’austérité, ont été tous deux adoptés à une large majorité grâce au soutien des verts et des socialistes. Ces deux groupes mettront en avant que le fait que le Parlement ait obtenu les principes d’un contrôle plus démocratique sur les missions de la Troïka, que les investissements dits productifs pourront ne pas être comptabilisé comme de la dette, ou enfin qu’ils ont obtenu de la Commission une réflexion sur la faisabilité d’une mutualisation plus ou moins partielle de la dette des pays de la zone Euro.
Mais en accordant leur soutien, ces groupes ont surtout donné une large majorité à ces deux textes adoptés à 528 et 526 voix sur les 751 députés que compte le Parlement européen. De fait, le Parlement valide à une écrasante majorité les logiques de confiscation des souverainetés populaires et parlementaires qui sous-tendent ces textes.
Faire semblant de demander un contrôle démocratique plus grand des missions de la Troïka reste une validation du principe même de ces missions qui mettent sous tutelle les politiques économiques des Etats. Exiger que la Commission procède à une réflexion à contrecœur sur la mise en place des Eurobonds d’ici mars 2014 c’est préparer les prochaines élections européennes avec une annonce pour la mutualisation de la dette, pour s’assoir dessus une fois les élections passées.
En favorisant ces tactiques politiciennes les groupes qui ont soutenu ce rapport jouent un jeu dangereux semblable à celui qui se dessine sur le budget européen: jouer la confrontation pour ensuite laisser faire.
Ces textes ne peuvent être améliorés ou adoucis simplement pour la raison qu’ils cherchent fondamentalement à tuer la dépense publiques en l’enfermant dans des normes budgétaires strictes dont seule la Commission aurait les clefs. Avec le Front de Gauche nous nous opposons depuis le début à ces textes.
*voir mon livre « L’Europe des peuples nous appelle »
*document d’explication sur le two-Pack
Un vote pour une Politique agricole commune insérée dans l’ultralibéralisme mondialisé.
Le Parlement a adopté, mercredi 13 mars, un mandat pour négocier avec le Conseil et la commission européenne, les cadres d’une Politique agricole commune à minima.
Cette 5ème refonte de la Politique agricole commune devait prendre la mesure de la détresse du monde agricole et des inquiétudes des citoyens sur la souveraineté alimentaire et la qualité de l’alimentation. Mais plutôt que de s’attaquer à l’instabilité des prix agricoles, à la hausse des couts de production, à la concentration du secteur et la désaffection de la profession, c’est encore une fois les logiques libérales qui l’ont emporté.
Faisant partie des rares domaines entièrement communautarisé, la réglementation de la PAC et son financement sont entièrement pris en charge par les institutions européennes et le budget de l’Union européenne. Dès lors, la part réelle de la PAC dans le budget européen (41% en 2011 soit 57,2 milliards d’euros) doit être relativisée. Sachant que le budget européen représente un peu plus de 1% de la richesse produite dans toute l’Union Européenne; permettre aux agriculteurs de garantir l’approvisionnement alimentaire européen, d’entretenir nos campagnes et d’assurer la vie de ces territoires ne revient finalement qu’à 41% de 1% de la richesse nationale européenne.
Les montants de la PAC peuvent sembler considérables, mais toute proportion gardée, est-ce que 0,5% de la richesse européenne répartie entre 13,7 millions d’exploitations employant 26,7 millions de personnes représente un trop grand fardeau pour assurer notre alimentation?
Les réformes successives n’ont pas remédié aux problèmes auxquels fait face l’agriculture européenne, à commencer par la fluctuation des prix et la spéculation. En libéralisant et en déréglementant la production agricole les précédentes réformes ont de fait augmenté les fluctuations des marchés alimentés par la spéculation financière. Les revenus des agriculteurs, eux n’ont guère progressé, au contraire puisque que le revenu moyen d’un travailleur du secteur agricole ne représente que 60% du revenu moyen européen.
Il aurait été nécessaire de sortir la PAC de ces logiques en prenant en compte les caractéristiques propres des métiers agricoles et des missions de l’agriculture pour la remettre au service des citoyens afin que l’agriculture européenne continue à fournir une alimentation de qualité, à des prix abordables, tout en respectant l’environnement.
Après l’adoption en commission de l’agriculture fin janvier, c’est en session plénière que la position du Parlement devait être confirmée avant des négociations avec le Conseil, l’institution qui représente les gouvernements européens et la Commission européenne. J’ai alors redéposé avec mon groupe des amendements pour encadrer la production européenne notamment dans des secteurs fragiles comme le lait, limiter à 100 000 euros les fonds versés aux très grandes exploitations, maintenir une conditionnalité écologique forte dans la PAC, et lui assurer des moyens en adéquation avec l’importance de cette politique.
Or les 4 rapports législatifs qui ont été adoptés pour définir les contours de la future PAC ont battu en brèche ces propositions tout comme d’ailleurs celles des élus verts et socialistes que nous soutenions et qui allaient dans le sens d’une PAC plus ambitieuse et plus humaine: le plafonnement sera limité à 300 000 euros ne concernant que 0,12% des exploitations, les quotas laitiers ne seront pas étendus au delà de 2015, et le verdissement de la PAC amoindrit.
Ces textes sont au final bien trop en deçà des exigences pour une agriculture européenne pérennisée, protégeant les petites exploitations, et accordant un revenu décent aux agriculteurs en rémunérant leur travail. Ils consacrent au contraire une PAC attentiste, faisant le jeu des diktats de l’OMC, favorisant des modèles productivistes et n’intervenant qu’en dernier ressort au lieu de fournir un cadre stabilisé.
Les gouvernements européens et surtout les grandes multinationales de l’agro-business avec lesquels des délégations du Parlement européen vont désormais négocier sur la base ce vote n’en demandaient pas tant, eux qui ont décidé de baisser le budget agricole de 16% pour les 7 prochaines années.
Voici l’intervention que j’ai prononcé lors du débat:
Madame la Présidente, Monsieur le Commissaire,
Des espoirs avaient été placés dans cette réforme de la politique agricole commune, mais malheureusement en l’état, il nous faut bien constater qu’elle ne répond pas aux grands défis auxquels sont confrontés les agriculteurs, comme les consommateurs européens.
Elle ne s’attaque ni à la spéculation mondiale sur les matières premières agricoles et alimentaires ni au libre-échangisme intégral, qui détruit les souverainetés alimentaires, détruit l’environnement et abaisse les sécurités alimentaires et sanitaires des aliments, ni aux injustices liées à la déconnexion des prix par rapport au travail. Le plafonnement des aides envisagé se situe à un niveau trop élevé pour être efficace et pour permettre une distribution juste des crédits publics en faveur d’une agriculture familiale et paysanne, de l’emploi et du développement durable.
J’ajoute qu’on ne voit pas bien comment il est possible aujourd’hui que nous votions un mandat pour négocier avec le Conseil européen, qui lui-même veut réduire le budget de la politique agricole commune. Une nouvelle fois, nous prônons ici la mise en place d’outils d’intervention pour des prix de base garantis au-delà du système de filet de sécurité évoqué par Michel Dantin et de régulation des productions, notamment le maintien des systèmes des quotas pour le lait.
Des aides publiques qui pourraient être plafonnées à 100 000 euros pourraient être dégressives. Comme vous, Monsieur le Commissaire, je crois qu’une prime aux premiers hectares, comme le défend le gouvernement français, serait positive. Comme le seraient des visas sociaux et environnementaux aux frontières qu’il faut inventer, ainsi qu’un plan protéines qui aurait pu être possible avec une rotation nouvelle des cultures. Évidemment, ce qui est envisagé ici ne va pas dans ce sens.
Un rapport sur les migrants. Il évite les questions délicates mais promeut des droits supplémentaires
Le rapport portant le nom de Mme Hirsch présenté ce mardi 12 mars sur “l’intégration des migrants, ses effets sur le marché du travail et la dimension extérieure de la coordination des régimes de sécurité sociale” se donne pour objectif de faciliter l’arrivée de nouveaux travailleurs des pays tiers en Europe.
Le constat fait par cette députée allemande libérale est que l’Europe aura besoin de main d’œuvre, privilégiant par la même occasion une vison utilitariste de l’immigration comme fournisseur d’une main d’œuvre qualifiée, à basse rémunération.
Le danger était que cette vision imprègne son rapport. Fort heureusement, la Commission Emploi où je siège à su introduire dans ce rapport, et avec l’accord de son auteur, un ensemble de dispositions pour améliorer les conditions des travailleurs migrants sur le sol européen: lutte contre le racisme et toutes formes de xénophobie ou discrimination; défense des droits fondamentaux, notamment ceux concernant le droit du travail; établissement d’une stratégie européenne pour favoriser l’arrivée des migrants et leur intégration. Ce rapport prône également des améliorations dans le processus d’intégration en misant sur la citoyenneté, et la participation aux élections locales.
Le grand oublié de ce rapport reste néanmoins les politiques qui concourent à la criminalisation des travailleurs migrants que mènent l’Union européenne à travers la directive retour, ou les missions de Frontex bloquant les frontières du Sud de l’Union européenne. Cet oubli n’est pas innocent puisqu’il vise à évacuer les questions qui fâchent pour établir le plus large consensus.
Aussi, lors de mon intervention, que voici, j’ai rappelé ces contradictions tout en réaffirmant le soutien de mon groupe aux politiques qui garantissent aux migrants le respect de tous leurs droits:
Monsieur le Président, Madame la Commissaire,
Le rapport de notre collègue, Mme Hirsch, suggère d’intéressantes recommandations. L’insertion ou l’intégration des travailleurs venant de pays tiers doit, en effet, être facilitée par le respect du droit au travail, une coordination positive des systèmes de protection sociale et de retraite, en condamnant avec force toute forme de racisme, d’exclusion et de discrimination.
La première discrimination à combattre est celle liée à l’accès au travail et à la formation. Les travailleurs issus de pays tiers ne doivent pas être utilisés comme main-d’œuvre à bon marché pour peser sur les rémunérations de l’ensemble des travailleurs mais doivent disposer des mêmes droits que ceux du pays d’accueil. Le rapport aurait gagné à être plus audacieux, je crois, à ce sujet.
D’autre part, il est difficile de parler d’intégration des travailleurs immigrés en opposant des critères de lieu de résidence.
J’ajoute que nous devrions contester avec force la criminalisation des migrants avec la directive “retour” et faire cesser la chasse aux étrangers avec les missions Frontex.
En même temps, nous devrions empêcher les tentatives de captation à bas coût des créateurs, des chercheurs, des enseignants, des médecins, alors que leurs compétences seraient nécessaires au développement de leur pays d’origine, de telle sorte que notre Union européenne agisse pour une vraie coopération de codéveloppement
Le Parlement vote contre les coupes du budget européen
Le Parlement a adopté ce jeudi 14 mars par 582 voix contre 86 et 67 abstentions une résolution sur le prochain budget européen 2014-2020 critiquant fortement les coupes programmées par les gouvernements européens tout comme l’approche prise pour nous l’imposer.
Le 8 février les chefs de gouvernements réunis en Conseil européen se sont entendus sur un budget d’austérité pour les 7 prochaines années à venir. Non seulement le budget est en recul, ce qui constitue une première historique, mais cette baisse importante, de l’ordre de 10% sur l’ensemble du budget, touche principalement les politiques de solidarité, la PAC, les fonds de cohésion, l’aide aux plus démunis ou le crédit pour la recherche et la formation.
Les fonds de la Politique Agricole Commune et de cohésion respectivement réduits de 16 et 8 pourcents sont pourtant un puissant vecteur de solidarité européenne en redistribuant ces fonds sur l’ensemble des territoires européens et plus particulièrement ceux enclavés ou les moins développés. Le Compromis que veut imposer le Conseil au Parlement reprend lui la logique de la Commission cherchant à faire du budget européen un instrument de ses politiques libérales, tout en réduisant significativement l’enveloppe globale.
C’est pourquoi, nous avons décidé de soutenir la résolution commune à tous les groupes qui rejettent le budget en l’état actuel et rejettent la manière dont le Conseil essaie de nous imposer un cadre budgétaire déjà bouclé.
Il nous faut cependant rester très vigilant car les raisons de l’opposition aux cadres actuels différents selon les groupes, certain critiquant plus la manière, que l’enveloppe même du budget. Cette opposition va de l’ensemble même des moyens, que nous critiquons, à ceux qui estiment que le cadre doit avant tout éviter un déficit structurel européen. Lors des débats les groupes libéraux et conservateurs ont d’ailleurs laissé une porte ouverte en sous-entendant qu’un mécanisme de flexibilité entre les différentes rubriques du budget et surtout une clause de révision, pour revoir le budget d’ici deux à trois ans, pourrait les satisfaire.
Concernant le budget l’opposition gauche – droite n’est en fait pas la plus clivant. C’est aussi la différence entre pays contributeurs et bénéficiaires qui viennent influencer les députés. S’il est vrai que l’ensemble de la Gauche européenne défend un budget ambitieux, il est à craindre qu’une partie de celle-ci, celle issue des pays les plus riches, puisse se rallier à un compromis à minima à condition qu’elle soit assortie d’une clause de révision et plus de flexibilité entre chapitres budgétaires. Ce serait un marché de dupe. C’est pourtant ce qu’il faut craindre.
Notre groupe considère qu’il est vital d’avoir un budget européen beaucoup plus ambitieux. Celui-ci doit être à même de faire face aux conséquences terribles de la crise que nous traversons et surtout d’initier des politiques de relance européenne par le développement humain et social, l’investissement dans les territoires, la formation, les infrastructures, la transition écologique.
Appel de la gauche européenne contre le projet de budget européen:
Strasbourg 13/03/13
La gauche européenne rejette le cadre financier pluriannuel du Conseil européen.
Le projet d’accord du Conseil européen sur le futur cadre financier pluriannuel de l’Union européenne pour les sept années à venir (2014 – 2017) est inacceptable.
Cet accord ouvre la voie à sept années d’austérité et de ralentissement économique en Europe et renie la notion de solidarité européenne.
Contrairement aux déclarations officielles, les chefs d’Etat et de gouvernement proposent des coupes dans des domaines tels que le Fonds Social Européen, qui concernent principalement les vies des citoyens européens en temps de crises.
Nous remarquons avec consternation que les chefs d’Etat européens ont choisi de frapper fort sur les citoyens les plus démunis : le budget dédié à l’aide alimentaire qui était d’environ 3,5 milliards d’euros pour la période 2007-2013 sera drastiquement réduit. Il ne sera que de 2,5 milliards d’euros pour les années 2014-2020 ; en sachant qu’il couvrira alors 28 et non plus 27 Etats. La solidarité est une fois de plus sacrifiée sur l’autel de l’austérité budgétaire alors que le nombre de personnes vivant en-deçà du seuil de pauvreté dans l’Union européenne est passé de 18 à 25 millions entre 2008 et 2012. C’est un dommage qui ne peut qu’alimenter le rejet croissant de l’Union Européenne par ses peuples.
Les violentes coupes budgétaires prévues pour la politique de cohésion et la politique agricole commune, respectivement amputées de 8% et de 16%, sont la conséquence directe de cet abandon. En délaissant ces politiques, qui constituent les politiques redistributives par excellence de l’Union Européenne, la décision est prise d’oublier une fois pour toutes le projet d’une Union basée sur la solidarité.
Nous sommes totalement opposés à la direction qu’ont prise les politiques européennes. Nous rejetons sans réserve les coupes budgétaires généralisées qui pénalisent tous les citoyens européens mais d’abord et avant tout la jeunesse, les agriculteurs, les pêcheurs, les chercheurs, les universités, les collectivités locales, les projets environnementaux.
Les aides d’Etat à l’agriculture, la pêche, l’industrie, et bientôt aux collectivités territoriales sont réglementées et, dans la plupart des cas, interdites par les dispositions des Traités établissant les règles du marché intérieur. La réorientation vers l’agriculture paysanne, plus respectueuse de l’environnement et des agriculteurs est totalement absente. La PAC continuera de bénéficier aux plus grandes exploitations et à celles qui polluent le plus. Sans les programmes européens financés à la hauteur des besoins et des enjeux, tout ce qui concerne la vie quotidienne des citoyens européens sera gravement atteint s’il n’y a pas de possibilité d’octroyer une aide budgétaire nationale supplémentaire.
Dès à présent, nous appelons tous les membres du Parlement Européen à poursuivre les efforts amorcés pour rejeter les politiques d’austérité sur lesquelles se sont entendus les chefs d’Etats et de gouvernement. L’Union européenne ne saurait et ne peut se résumer à une Europe libérale ayant pour unique objectif le seul marché commun. A ce rythme, l’idéal d’une Europe unie est condamné.
Nous ne pouvons accepter que des compétences étatiques soient systématiquement transférées des Etats à l’Union européenne pour que les politiques confiées se retrouvent sans cesse budgétairement affaiblies.
Nous militons avec fierté, unité et cohérence, pour un cadre financier pluriannuel de l’Union européenne qui ne prolonge pas l’austérité imposée aux Etats membres parce que nous savons que l’austérité ne mènera jamais à rien de positif, quel que soit le niveau auquel elle est appliquée.
Le vote sur la résolution du Parlement européen sur les Conclusions du Conseil européen sur le cadre financier pluriannuel ira au-delà de la dimension économique et sociale qui nous est si chère. De manière plus discrète mais tout aussi sérieuse, il en va aussi du respect du peu de démocratie européenne existant. Si le Parlement européen valide la décision des chefs d’Etats, il renoncera du même coup à ses pouvoirs de décision.
En effet, les dispositions des traités accordent au Conseil européen, qui rassemble les chefs d’Etats et de Gouvernement nationaux au niveau européen, le droit de déterminer le montant global du cadre financier pluriannuel et les montants globaux de chaque rubrique (cohésion, agriculture, etc.). Mais le Conseil a pris en otage les quelques instruments légaux de la démocratie européenne existant en définissant le cadre financier pluriannuel de l’Union Européenne 2014-2020 dans ses moindres détails. Le Parlement européen est donc mis devant le fait accompli et ne peut que l’accepter ou le rejeter en bloc ; cela excède largement les compétences des chefs d’Etat et de Gouvernement. C’est tout à fait inacceptable.
Nous rejetons totalement le cadre financier pluriannuel 2014-2020 proposé comme nous avons rejeté tous les mécanismes austéritaires, du Semestre européen au « Two pack », en passant par le « 6 pack », le MES et le traité Merkozy.
Nous avons besoin d’une autre Europe, refondée pour devenir une vraie démocratie. Une Europe dotée d’un budget redistributif, sans l’austérité en contrepartie, afin de permettre à tous ses citoyens de bien y vivre. C’est pour cette Europe-là que nous nous battons.
Nous adressons une solennelle mise en garde. La politique d’austérité sans fin et le pouvoir autoritaire des chefs d’Etat et de Gouvernement sur les budgets nationaux font coïncider reculs sociaux, recul de la souveraineté et recul de la démocratie. La résistance du peuple est inéluctable. Elle ne connaîtra pas de limite.
Signataires : Alexis Tsipras, Président de Syriza; Jean-Luc Mélenchon, co-Président du Parti de Gauche; Cayo-Lara, Coordinateur fédéral d’Izquierda Unida; Catarina Martins, co-Presidente de Bloco de Esquerda; João Semedo, co-President de Bloco de Esquerda; Katja Kipping, co-President de Die Linke; Bernd Riexinger, co-President de Die Linke; Martine Billard, co-Presidente du Parti de Gauche; Pierre Laurent, Secrétaire national du Parti Communiste Français; Younous Omarjee, GUE/NGL; Nikolaos Chountis, GUE/NGL; Jürgen Klute, GUE/NGL; Marisa Matias, GUE/NGL; Jiri Mastalka, GUE/NGL; Alda Sousa, GUE/NGL; Lothar Bisky, GUE/NGL; Marie-Christine Vergiat, GUE/NGL; Cornelia Ernst, GUE/NGL; Patrick Le Hyaric, GUE/NGL; Miloslav Ransdorf, GUE/NGL; Sabine Wils, GUE/NGL; Gabriele Zimmer, GUE/NGL; Sabine Lösing, GUE/NGL;Helmut Sholz, GUE/NGL; Gregor Gysi, Die Linke au Bundestag; Martina Michels, Comité des Régions; Diether Dehm, Die Linke au Bundestag; Wulf Gallert, Die Linke au Bundestag; Dimitrios Papadimoulis, Syriza au Parlement hellénique;Francis Wurtz, Ancien président de la GUE/NGL
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