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Tout progressiste, mais au-delà, tout républicain attaché à un certain nombre de valeurs communes, ne peut que s’interroger avec gravité et inquiétude sur les réactions de la majorité de nos concitoyens aux évènements de ces quinze derniers jours.
Les résultats du premier tour des trois élections législatives partielles du weekend dernier, par leur niveau d’abstention et la désaffection de l’électorat populaire, sanctionnent les candidats du Parti socialiste. C’est ainsi que la droite en profite. Ils sont un sérieux avertissement pour le gouvernement et une alerte pour toute la gauche et l’écologie politique. Les suites des votes à l’UMP laissent la pire des images que l’on puisse donner à ce que l’on appelle communément « la politique ». Les trucages, les magouilles électorales, les mensonges, les insultes sont à l’exact opposé de ce que devrait être « la politique ».
Et la conclusion des débats par le pouvoir sur le site sidérurgique de Florange aussi, avec une cascade de mensonges, de tromperies, voir de trahisons comme l’ont dénoncé les syndicalistes de l’aciérie Arcelor-Mittal.
Ce qui vient de se passer pour « Florange » est lourd de conséquences pour la gauche au gouvernement. Cela constitue un marqueur profond. Celui selon lequel, elle fait une nouvelle fois l’exact contraire de ce qu’avait annoncé le Président de la République lorsqu’il avait dit qu’il se mettrait au service du travail en affrontant la finance. En négociant de pseudos engagements dans ses bureaux, avec la seule direction d’Arcelor-Mittal, en l’absence des représentants des salariés et en repoussant l’engagement du ministre du redressement productif de nationalisation, formulé dans l’enceinte du Parlement, le Premier ministre s’est considérablement éloigné de la traditionnelle méthode « social-démocrate », elle-même.
La fracture politique n’est désormais plus entre l’actuelle gauche au pouvoir et celle qui n’y participe pas. Une partie de la première, jusqu’au sein du gouvernement lui-même, partage les analyses, les réactions et nombre de propositions de la seconde. C’est vrai au sommet de l’Etat et dans les partis politiques. C’est vrai aussi dans la population. Il y a là comme un premier signal d’un début de résistance dans le peuple de gauche et écologiste à ce qu’il perçoit comme une accélération de la mutation du socialisme français vers le « social libéralisme ».
La ville de Florange et ses hauts fourneaux étaient devenus un puissant symbole. En y venant soutenir la lutte des travailleurs contre M. Mittal durant la campagne des élections présidentielles, les responsables politiques en faisaient, non seulement un enjeu national, mais surtout alimentaient à juste raison la flamme du combat de l’émancipation du travail face au capital. Ce dernier était incarné par la sixième fortune mondiale qui a fait main basse sur nos aciéries grâce à une OPA hostile en alliance avec la grande banque nord-américaine Goldman- Sachs.
L’émotion que nous avons tous pu lire sur le visage livide et dans les larmes du leader de la CFDT, Edouard Martin, symbolisait ce lâchage et l’abdication du pouvoir face aux puissances industrielles et financières. « Un coup de poignard » a-t-il dit. Heure après heure, nos concitoyens ont découvert, ébahis, la triste réalité d’une duperie que ne parvenait pas à masquer la pseudo-victoire incarnée dans l’absence d’un plan social. La meilleure preuve, durant plusieurs jours, le texte de l’accord avec Mittal a été dissimulé. La promesse de relance des hauts fourneaux était un mensonge, comme le projet de modernisation de la fabrication de l’acier avec le procédé Ulcos. Seule demeurait comme une quasi certitude la fermeture du site, d’ici l’été prochain. Ce que confirme à son corps défendant le Président de la République quand il déclare aux journalistes, jeudi dernier: « On aurait nationalisé, on aurait dû fermer nous-mêmes ». Fermez le banc !
Le déplacement à Florange durant la campagne présidentielle, la liberté laissée au ministre du redressement productif de se battre plusieurs jours pour une nationalisation temporaire et la recherche d’un possible repreneur, tout cela ne visait donc qu’à masquer le fait qu’au sommet de l’Etat, on ne croit plus en l’avenir de la sidérurgie lorraine. Et après on s’étonnera que nos concitoyens, eux, croient de moins en moins en la capacité des responsables politiques à améliorer leurs vies.
Nous sommes au coeur du concept de « révolution copernicienne de la gauche » annoncée par P. Moscovici. Il y a eu l’acceptation du traité européen, co-écrit par M. Sarkozy et Mme Merkel ; la décision d’adopter une loi organique qui va au-delà des critères requis par ledit traité ; l’adoption de la loi de programmation budgétaire, inscrivant l’austérité dans le marbre des politiques publiques nationales ; le pacte de compétitivité qui fait de la chasse au « coût du travail » ce nouveau credo politique. A tout cela s’ajoute maintenant la décision d’abandonner le site de Florange au bon vouloir de Mittal. Autant d’actes politiques qui traduisent un basculement inquiétant du courant socialiste français vers l’acceptation de la loi de la finance, comme c’était déjà le cas dans la plupart des autres pays européens. Il ne faut pas s’y résigner ! Mais disons le avec gravité, si ces choix se confirmaient, ils ne pourraient que conduire notre pays dans de terribles impasses. Non, il n’y a pas qu’une politique possible et fous seraient ceux qui envisageraient de faire admettre le contraire à une majorité de nos concitoyens à la faveur de la profondeur de la crise, précisément celle d’un système d’organisation sociale, le capitalisme financiarisé et mondialisé.
La chance de la France, son redressement résident dans une gauche riche de ses diversités, capable de se rassembler dans un projet qui rompt avec les politiques de droite et la domination des puissances d’argent. Penser autrement revient à ouvrir une immense boîte où fourmillent un mélange de déception et d’amertume, de ressentiment et de rejet de toute la gauche, de l’idée même d’un progrès possible où les salariés, les chômeurs, les retraités, les jeunes, sont plaqués contre un mur, rendus impuissants, sauf à tenter n’importe quelle aventure du côté de l’extrémisme et du populisme.
Dans ces conditions, au nom même des idéaux historiques de la gauche, le journal de Jaurès que nous restons, comme le Front de Gauche, avons la responsabilité de se placer au cœur d’un mouvement pour que la gauche sociale, intellectuelle et politique travaille à s’unir pour construire une majorité de progrès contre l’austérité et pour la défense des droits sociaux, économiques, démocratiques et écologiques.
En ce sens, la campagne contre l’austérité et la destruction du travail, initiée par le Front de Gauche, doit prendre de l’ampleur dans tout le pays, s’élargir aux autres pays européens. Elle doit pouvoir associer, dans le débat et l’action, toutes celles et ceux qui cherchent une vrai alternative de gauche. Ils sont socialistes, syndiqués, engagés dans le mouvement associatif et citoyen, communistes, écologistes et ont voté différemment au premier tour de la présidentielle. Toutes et tous veulent promouvoir d’autres choix, pouvoir travailler ensemble à un grand mouvement social et politique de la gauche afin d’inventer un processus de transformation sociale et politique, porteur d’émancipation humaine. Que ce mouvement soit lancé de Florange constituerait un puissant symbole pour un autre élan, un nouveau cap.
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Lamentable! J’ai voté Hollande au 2ème tour sans illusion aucune pour être débarassé de Sarko mais vraiment cela passe les bornes!!! La prochaine fois au 2 eme tour je vais à la pêche!!! Les français ( et pas qu’eux) sont des veaux la démocratie c’est malheureusement la médiocratie Enfin, heureusement on va manger du foie gras!!!! Cordialement Un vieux con
Comme Guy, beaucoup de Français dont je suis ont voté Hollande au 2ème tour, nous l’avons fait en premier pour débarquer le malfaisant qui nous conduisait à l’abîme, mais aussi en pensant que le poids de notre vote inciterait le nouveau gouvernement à faire une politique + favorable au monde du travail, hélas la grande majorité des mesures prises depuis s’avèrent pour l’essentiel favorables aux possédants.
il est impératif que nous fassions le maximum pour développer des campagnes de propositions programmatiques alternatives vers les citoyens et de nous démarquer sans ambiguité de la politique de collaboration de classe de cette équipe qui ne tient aucun compte des propositions de ceux sans lesquels ils ne seraient pas au pouvoir, pouvoir dont il n’est pas sur qu’ils le conservent cinq ans s’ils continuent dans cette voie, à moins que pour s’y maintenir, ils concluent une alliance contre nature de soit disant unité nationale ce qui n’est pas exclu à terme