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L’éditorial de L’Humanité Dimanche du 19 au 25 août 2021 – par Patrick Le Hyaric.
Au cœur de l’été, l’amplification des événements météorologiques, accompagnés de leurs terribles souffrances et de leurs deuils, s’est invitée à notre table, en pleine pandémie, sans masque. S’ajoutant aux innombrables décès dus au Covid 19, en partageant les mêmes origines, mégafeux ou pluies diluviennes, canicules et sécheresses envahissent des pans de la planète, avec leurs lots de destructions et de morts. Le sixième rapport du Giec (1) sonne l’alerte rouge, à moins de trois mois de la nouvelle conférence sur le climat qui doit se tenir à Glasgow (COP26). De grandes parties de notre Terre commune vont devenir invivables si la communauté humaine ne réussit pas à réduire beaucoup plus rapidement sa production de gaz à effet de serre due essentiellement à la combustion de charbon et de pétrole. Sachant que l’ampleur avec laquelle notre planète se réchauffe n’a pas d’équivalent dans l’histoire, ne pas s’engager dans cette voie reviendrait à accepter d’irréparables désastres. La fonte des glaciers, la montée des eaux des océans, la modification des écosystèmes océaniques et terrestres mettraient en cause la sécurité alimentaire mondiale et provoqueraient, par conséquent, des déplacements de populations à grande échelle vers des zones moins touchées. Une course de vitesse est donc engagée tant chaque jour et chaque dixième de degré compte pour sauver l’humanité. Songeons qu’un enfant qui naît aujourd’hui peut connaître cette catastrophe. C’est dire nos responsabilités ! Et ce ne sont pas les rodomontades culpabilisantes envers les citoyens-consommateurs par un écologisme politicien qui peuvent nous sortir d’affaire.
Trois milliards d’êtres humains manquent de l’essentiel, alors que les 10 % les plus riches de la population émettent plus de la moitié du gaz carbonique. Le système capitaliste et sa soif jamais étanchée de profit sont bien en cause. Ce sont à la fois le modèle productif de l’agrobusiness, favorisé par exemple par la politique agricole commune, les banques et assurances, avec la liberté totale de circulation des capitaux spéculatifs, les privatisations des ressources énergétiques et des transports mais aussi la conception des villes et des logements comme les systèmes de distribution et de consommation qu’il s’agira radicalement de dépasser. Certes, à chaque grande réunion internationale, les chefs d’État et de gouvernement rivalisent d’engagements aussi dérisoires qu’hypocrites devant micros et caméras sur l’inversion des tendances actuelles. Rentrés en leurs palais, ils défendent les intérêts de classes et poursuivent la guerre intracapitaliste au service de leurs multinationales, dont celles qui ont paraît-il la « bonté » d’investir dans leur pays en bénéficiant de ponts d’or. C’est ce qu’il s’est passé il y a quelques semaines au grand « raout » du château de Versailles avec le président Macron à genoux devant les milieux d’affaires nord-américains. Sachant que la durée de rotation du capital investi est dix fois plus importante que celle d’un mandat présidentiel, on mesure l’urgence à porter des actions et un débat populaire sur les réorientations des productions afin de les mettre au service des besoins humains, démocratiquement décidés. La vie humaine et celle des écosystèmes sont antagonistes avec l’accumulation capitaliste et la « concurrence libre », prétendument non faussée, qui génèrent à la fois inégalités sociales et destructions environnementales. C’est au contraire un monde de coopération, de partage des avoirs, des savoirs, des pouvoirs qui est à l’ordre du jour. L’appropriation sociale, citoyenne et démocratique de larges secteurs de l’économie, le postcapitalisme deviennent l’intérêt supérieur de l’humanité. L’émancipation humaine et le respect des écosystèmes doivent prendre le pas sur toute autre considération.
*GIEC : Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat.
4 commentaires
Un système c’est avec une culture, quand le système est insuffisant, la culture est insuffisante. Quelle culture de rechange ?
Le moins pire et le pire sont deux populismes ; passer à la culture populaire majeure, très grand progrès assuré car elle est universaliste et cosmopolite, plus besoin de course aux armements et de guerres de toutes les sortes. Changement d’un bénéfice infini assuré.
Les peuples doivent prendre conscience de leur véritable pouvoir: s’organiser en comités de préparation de la Constituante Citoyenne.
Mettre à l’ordre du jour les grands enjeux qui ont tant d’effets collatéraux sur nos vies, et planifier les changements incontournables. La notion de clef de voûte doit être considérer.
Cette dernière question est mise en lumière dans le documentaire:
Serengeti, les clés de notre avenir (la partir de 57 min)
Comme a dit Cousteau: il faut faire des liens entre des choses qui semblent ne pas en avoir.(dans mes mots).
Mais hélas, juste cette prise de conscience qui semble en voie, est instrumentalisée.
Si la technologie l’emporte, il est probable que la vie sera perdue. Il ne s’agit nullement de la science qui s’emploie à découvrir et à nous donner accès à la réalité d’ensemble au sein de laquelle la condition humaine peut faire la différence si elle est bien comprise. Et la connaissance à cet effet est rendue à maturité. :
«« passer à la culture populaire majeure, très grand progrès assuré car elle est universaliste et cosmopolite »»
La connaissance globale, culture universaliste, la science dans tous les domaines nous donne accès à notre réalité. L’Évolution sur la Terre est notre Matrice, ce n’est pas une opinion, c’est Universaliste quelque soit la Culture.
Au fur et à mesure des époques, cette connaissance c’est mise en place pas à pas, avec des enjambés très dérangeantes par moment, comme la mis en lumière la saga Darwin. Encore aujourd’hui, et cela dans le pays le plus avancé et le plus conservateur des croyances, les US.
Ce paradoxe s’explique par le multiculturalisme religieux même, qui refuse systématiquement la reconnaissance de nos origines. Et qui, même, va à son instrumentalisation, jusqu’au ridicule: Le Parc d’attraction de l’Arche de Noé et ses dinosaures.
Einstein se posait cette question:
Deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue.”