Ce que la France doit au Parti communiste

le 23 décembre 2020

Photo : Loïc VENANCE/AFP

 L’éditorial de L’Humanité Dimanche du 24 décembre – par Patrick Le Hyaric.

Cent ans déjà, cent ans à peine. Nous fêtons cette semaine la fondation du Parti communiste français. Né de l’horreur de la première guerre mondiale, du refus de la collaboration qu’une partie du courant socialiste scella avec l’Union sacrée, ce parti qui sut concilier le drapeau tricolore et le drapeau rouge a toujours été un élément moteur de l’union populaire et des forces prônant la transformation sociale, comme le fer de lance des combats internationalistes pour l’émancipation humaine.

Malgré les obstacles, les persécutions dont ses militants ont souvent été l’objet, les erreurs et retards dont il a su faire la critique, on ne peut enlever aux générations de militants leur dévouement sans faille à la défense des intérêts populaires, la fidélité à ceux de leur pays et à la solidarité internationaliste, les combats pour la paix, le désarmement et l’antiracisme. C’est par la voix de ces militants que les noms de Sacco et Vanzetti, Julius et Ethel Rosenberg, Angela Davis, Nelson Mandela comme ceux de Marwan Barghouti et de Mumia Abu Jamal ont pu s’inscrire dans les rues et résonner dans les places publiques.

Deux des combats portés par les communistes trouvent aujourd’hui une singulière résonnance. Tout d’abord l’appel qu’il a lancé avec ses parlementaires pour s’opposer à la constitution gaullienne de 1958, dont le présidentialisme exacerbé continue d’être un verrou institutionnel bloquant toute perspective de changement. De même, ses propositions pour refuser « l’Europe du capital »,  dès la fin des années 1950, comme l’incomparable force d’entrainement qu’il a constitué pour que les Français refusent le projet de Constitution européenne, après avoir été le seul parti à refuser l’Acte unique puis le traité de Maastricht, tout en travaillant à une Union des peuples souverains fondée sur des projets communs, démontrent sa capacité d’anticipation.

Les tentatives répétées d’effacer son apport à l’histoire de France, par la guerre idéologique comme par l’empilement des contre-réformes vouées à l’anéantissement d’un siècle de conquêtes sociales, témoignent de l’intangible détermination des capitalistes et de leurs serviteurs à plonger dans l’oubli politique les classes populaires et leurs aspirations à vivre mieux, libres et respectées. C’est ainsi que le champ politique tend aujourd’hui à se résumer à un panel de nuances, parfois fortes voire même inconciliables, mais où les classes populaires sont absentes, reléguées ou renvoyées dans la foule des abstentionnistes anonymes.

Prolongement de l’histoire révolutionnaire du pays, le communisme en fut tout autant la « rupture » en proposant pour la première fois au large peuple du travail un cadre d’organisation inédit, performant et fraternel, que chacune et chacun investissait en le transformant, rendant vivante la maxime de la première internationale selon laquelle « la libération des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ». Ce faisant, le Parti communiste permit à des millions d’entre eux d’acquérir des compétences rivalisant avec celles de la bourgeoisie, d’accéder à des formations de très haut niveau politiques, culturelles, scientifiques, donnant ainsi honneur et dignité à celles et ceux qui n’étaient jusqu’ici jugés digne ni de l’un, ni de l’autre.

Des générations d’élus, gagnant des responsabilités jusqu’aux ministères, de responsables syndicaux ou associatifs devinrent ainsi des « cadres » de grande qualité, restés proche du peuple dont ils et elles étaient issus. Ceci au bénéfice de l’ensemble de la nation qui s’est redéfinie à l’aune des conquêtes sociales arrachées par les travailleurs organisés.

Ses ennemis d’aujourd’hui comme d’hier refusent d’accepter que l’essor de la démocratie en France fut étroitement lié à celui du phénomène communiste. Sans l’apport communiste, la République n’aurait pu être qualifiée de démocratique, de sociale ou de laïque que par abus de langage. Plus que cela, par son activité intense, ses victoires politiques, son ancrage, il a retissé le lien avec les avancées décisives, philosophiques et politiques, de la Grande Révolution ou de la Commune. Et quand la nation sombrait sous la collaboration, il en fut l’honneur. C’est à lui que l’on doit, ces fragments de communisme que sont la sécurité sociale, le statut de la fonction publique, la création d’EDF, les congés payés, les services publics, la retraite solidaire par répartition, les réductions du temps de travail, plusieurs nationalisations, les maisons de la culture comme les centres de santé dans les municipalités, la solidarité concrète avec les travailleurs immigrés.

Les classes possédantes ont ainsi été contraintes de céder du terrain, non pas tant par la radicalité des discours et des postures que par l’organisation politique massive de celles et ceux qui ont un intérêt objectif à changer le monde : l’immense peuple des travailleurs, dont les plus exploités d’entre eux, les créateurs. Cette irruption des classes populaires, conscientes de leur poids, de leur rôle historique, de leurs responsabilités à l’égard du peuple français comme des peuples du monde en a fait pâlir plus d’un. Et le poids que le Parti communiste, certes réduit, continue d’exercer par l’activité parlementaire, par l’engagement de ses milliers d’élus et ses réseaux militants, qui en ce moment même organisent la solidarité avec les plus démunis dans les quartiers, animent des combats pour la garantie de l’emploi dans des entreprises et se placent aux côtés des créateurs, n’a pas fini d’exaspérer les tenants de l’ordre injuste qui ne rêvent que de conjurer définitivement le spectre d’un changement révolutionnaire, au moment où le mode de développement capitaliste est entré en procès permanent.

Comme ont su le faire les anciennes générations de militants et de dirigeants, l’heure est à l’invention pour une puissante ambition transformatrice, rassembleuse et innovante. Avec, au cœur de tout, la démocratie jusqu’au bout, la démocratie pour de vrai. Voilà ce à quoi se refusent les capitalistes. Voilà ce qui continue d’inspirer les communistes.


7 commentaires


COLLET 24 décembre 2020 à 19 h 30 min

La Maire de Chevilly-Larue dans l’Huma du 17 déc. 2020 relève que “la société craque de toutes parts, les gens n’ont plus de perspective. c’est bien au parti communiste dans donner une, mais malheureusement, il s’acharne à refuser la nationalisation-socialisation de l’économie pour en arriver à la formule : “chacun, chacune, propriétaire de son emploi”, comme dit Marx dans le Manifeste. Nationaliser les banques, deux seulement sur une affiche : la Générale et la BNP, c’est insuffisant. Et il faudrait définir le capitalisme : propriété des moyens de production et d’échange, avec pour but le profit. Socialisme, Communisme : la propriété collective. Et aller vers la gratuité de tout. Faire disparaître l’argent. On vivra mieux quand un poireau vaudra plus qu’un lingot. Parce qu’il est utile. Arrêter la frénésie électoraliste et s’occuper des usines. Quand le secrétaire fédéral de la Hte-Savoie ne se remue pas pour ALPINE ALU, à 500 m à vol d’oiseau de son bureau, on s’étonne qu’à sa médiocrité s”ajoute le fait d’avoir été désigné par le CN pour la liste des candidatures au dernier Congrès !!! Et que l’imposture continue dans le compte rendu du dernier CN. Et je ne dis pas tout par manque de place sur ce bulletin.

Moreau 26 décembre 2020 à 12 h 18 min

Oui, la société craque de toutes parts avec une mauvaise santé physique et une mauvaise santé psychologique pour un une partie de la population hélas de plus en plus nombreuse. La proposition que je trouve très sérieuse sous réserve qu’elle soit dédiée à la réalisation de la vision de la France fondatrice de l’Union Européenne, et de l’Union Européenne du vingt et unième siècle ; est celle d’élaborer puis de réaliser un programme de nationalisation-socialisation républicaine, parce que c’est le devoir de la république authentique de résoudre les urgences pouvant être résolues. Toujours selon cette même vision, je suis entièrement d’accord de développer l’économie sans argent tout en tenant compte que travailler n’est pas gratuit dans certaines activités importantes et notamment dans certaines activités associatives ; sans supprimer d’emblée l’euro.
La gratuité de tout peut être vision à long terme, il faut déjà arriver à avoir une vraie économie sans argent sans cette économie jusqu’à ce jour et ce n’est pas encore fini : barbare.
D’accord aussi d’arrêter frénésie électoraliste, le prêt-à-tout cruel pour des places de pouvoir ; et des manifs qui suscite réprobation par des excès et des violences. Le parti communiste ne peut pas rassembler la gauche avec un candidat qui a dit un jour qu’il ferait un nouveau référendum sur le rétablissement de la peine de mort si le Peuple le voulait. Le problème du choix d’un candidat ou d’une candidate du communisme du vingt et unième siècle reste donc entier et l’élection de 2022, c’est dans un an environ.
L’argent peut disparaître dans un certain nombre d’années mais il faut déjà réduire son utilisation en développant l’économie sans argent possible, et dès lors plus personne ne pourra dire que le social républicain, ça coûte un pognon dingue.

Collet n 26 décembre 2020 à 18 h 02 min

Ambroise CROIZAT : la SECURITE SOCIALE , la retraite par répartition, les Comités d’Entreprises, les Allocations familiales, etc… Marcel PAUL : EDF, GDF, Frédéric JOLIOT-CURIE : le CEA, Maurice THOREZ : le STATUT DE LA FONCTION PUBLIQUE, Fernand GRENIER : le DROIT DE VOTE DES FEMMES, Henri WALLON, le CNRS, CHarles TILLON,
ministre de l’air, de la reconstruction, François BILLOUX, Santé publique, Economie, ……

Moreau 26 décembre 2020 à 22 h 49 min

Et depuis, plus rien, ce n’est pas normal du tout ! Et comment concilier Karl Marx et l’Union Européenne encore mieux que la Chine concilie Karl Marx et la Chine, en suivant la pensée de Jean Jaurès. Karl Marx n’a pas dit comment pouvaient s’unir les proléraires parce qu’il arrêta de travailler la création (la poésie), c’est par la Poésie bien sûr que l’union des prolétaires était toujours possible, c’est l’évidence.

SERRES Jean-pierre 27 décembre 2020 à 9 h 47 min

C’est très bien de rappeler aux gens les progrès sociaux et sociétaux réalisés grâce au parti communiste avec les luttes des travailleurs et des syndicats, surtout l’un d’entre eux La CGT.

Moreau 27 décembre 2020 à 23 h 29 min

Rappeler, oui, bien sûr ; mais il faut dire la suite !

Moreau 29 décembre 2020 à 11 h 10 min

Si Karl Marx avait continé à créer il serait probablement arriver à souhaiter les voeux ainsi et aurait uni tous les prolétaires je pense :

LA POESIE CHANTER AVEC TOUS LES ENFANTS DE LA TERRE

CHANTER LES POETES AVEC LES ENFANTS

Heureux qui chante avec tous les Enfants de la Terre et avec Léo Ferré, et avec Jacques Brel, et avec toute l’anthologie de la poésie populaire. Chanter les Poètes avec les Enfants est vrai bonheur partout en France, partout, partout en Europe, partout ; partout dans le Monde, partout.

Les poètes ce sont le saviez-vous
Des braves nigauds des illustres fous
Qui écrivent pour vivre arrivent
A écrire mais peinent à vivre
Ils ont un’ âme dans chaque poèm’
Les poètes ce sont le saviez-vous
Des braves nigauds des illustres fous
Les enfants ont pour eux les mots simples
Ils ont des chiens comme ce labrador
Qui quand je pense debout croit que je dors
Debout quand je pense je ne dors pas
Quand je dors je ne pense plus mais il
Ne fait pas la différenc’ quand je vis
Debout il aboie pour me réveiller
Les labradors ce sont le saviez-vous
Des braves nigauds des illustres fous
Nous sommes tous des Mohicans en chant
Ils n’ont pas de jardin mais quelques fleurs
Dans lesquelles ils voient un’ âm’ aimée
Les papillons sont plus rich’s mais personn’
Ne sait assez vite les vrais papillons
Car le vrai papillon est fidèle
A l’homme fidèle à son âme
Pour lui l’amour est décoration peint’
De l’âm’ pour le regard qui se posera
Sur ses ail’s décorées ouvert’s
Sur une soie unique au monde
C’est ainsi que la terr’ peut rester vert’
Les poètes ce sont le saviez-vous
Des braves nigauds des illustres fous
Ils chantent pour des maisons vivantes
Ils chantent des villes et des îles
Et partout le même grand royaume
Des campagn’s où sont pauvres les rubans
Les poètes ce sont le saviez-vous
Des braves nigauds des illustres fous
Ils n’ont pas de jardin mais quelques fleurs

Et avec Jacques comme promis :

Quand on n’a que l’amour
Pour meubler de merveilles
Et couvrir de soleil
La laideur des faubourgs
L’amour est la décoration
Consolation est la même
Pour une unique chanson

Quand on n’a que l’amour
Pour unique raison
Pour unique chanson
Et unique secours
L’espérance est la même
Espoir d’une décoration
Pour l’universel poème.

LIVRE D’AMOUR LA VIE SIMPLE L’UNIVERSEL LA COLOMBE

TRES BONNE ANNEE 2021 AVEC TOUTE LA SANTÉ POSSIBLE.

Révolution perpétuelle ! Révolution romanesque ! Révolution pacifique ! Révolution d’art ! Révolution d’or !

LA POESIE GUY MOREAU

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