Bolkestein à l’Elysée

le 11 novembre 2009

Editorial de la Terre

Refusant durant l’été d’augmenter les prix à la production des fruits et des légumes, le gouvernement avait argué du fait d’une différence de « coût  de la main d’œuvre » entre la France et les pays du sud de l’Europe. Ce qui est vrai. Mais cette différence provient du fait que les pays du sud exploitent des travailleurs sous-payés du Maroc, de Pologne et d’ailleurs. Un gouvernement et des institutions européennes qui auraient le souci des êtres humains et du progrès social agiraient pour que les rémunérations des travailleurs de toute l’Union européenne soient harmonisées vers le haut dans chaque pays. Le moment est d’ailleurs venu d’envisager la perspective d’un salaire minimum en deça duquel il ne serait pas possible de rémunérer le travail.

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Or, c’est exactement le contraire que prônent l’Union européenne et le pouvoir. Et ils agissent en conséquence.  Ainsi, le cabinet du Président de la République vient de proposer aux organisations professionnelles agricoles de fruits et légumes, de s’aligner sur les méthodes des employeurs des pays du sud, en créant des agences de main d’œuvre en Pologne, en Roumanie ou ailleurs. Les employeurs pourraient ainsi aller « louer » de la « main d’œuvre bon marché » dans les pays de l’est ou du sud, à partir d’un bas niveau de rémunérations et de  protection sociale, en concurrence avec les travailleurs agricoles français.

Il s’agit tout simplement de l’application d’une directive européenne baptisée « directive Bolkestein ».

Tel est le visage anti-humaniste de cette Europe : celui de la concurrence sauvage des uns contre les autres au lieu de la nécessaire solidarité.

En révélant et en refusant la proposition élyséenne, les organisations professionnelles agricoles ont eu une réaction juste et digne. Elles permettent de rouvrir un débat de fond : celui de la nature de la construction européenne. Au moment même où dans les palais nationaux et dans les conseils d’administration des grandes entreprises on sable le champagne à l’approbation forcée et volée du traité de Lisbonne, cela en dit long sur la nature des combats qu’il faut poursuivre et amplifier pour changer radicalement le sens et le contenu des politiques européennes.

Suivre la voie actuelle de mise en concurrence des uns contre les autres ne peut qu’aboutir à faire naître les nationalismes, les chauvinismes de toute sorte. Pour l’éviter, l’urgence est bien de créer des conditions d’harmonisation sociale vers le haut, pour progresser vers la justice et l’égalité sociale en Europe. Cela appelle l’augmentation des prix agricoles à la production en faisant cesser le pillage du travail paysan ; l’augmentation des salaires et l’élévation du niveau de protection sociale grâce à un nouveau partage des richesses plus favorables au travail et non plus aux forces de l’argent. Cela veut donc dire qu’il faut abroger le bouclier fiscal pour les riches ; refuser de taxer les accidentés du travail, comme le prévoit le pouvoir ou encore maintenir le principe d’une taxe professionnelle modernisée pour les grandes entreprises.

Nous ne sommes pas de ceux qui regrettons la fin du mur de Berlin. Constatons simplement que les droites européennes dressent de nouveaux murs entre les peuples, notamment un mur de l’argent. Celui-là aussi il faudra l’abattre.


0 commentaires


caradec 13 novembre 2009 à 15 h 22 min

je crois qu’on n’est qu’au début d’un cycle.

Hier,le 12 novembre,Sarkosy est venu chez nous dans la drôme pour expliquer aux arboriculteurs et surtout aux producteurs de pommes qui souffrent économiquement ,que pour survivre il faut savoir exploiter.
exploiter les étrangers.

le message a été reçu 5/5 par Claude Aubrias,le président de la chambre d’agriculture de la Drôme.
il avait même préparé l’opinion dans un reportage sur France 3 qu’on peut revoir en cliquant sur un lien à la droite de cette page:

http://rhone-alpes-auvergne.france3.fr/info/rhone-alpes/Nicolas-Sarkozy-en-visite-dans-la-Dr%C3%B4me-58825162.html

C’est lourd, très lourd, de demander aux agriculteurs français, au nom de leur bien et en faisant appel dans le même discours à l’identité nationale, de collaborer à la mise en place de la surexploitation d’une « main-d’œuvre étrangère ».

plus d’information là:

http://paysan-bio.blogspot.com/2009/11/sarko-dans-la-dromemettre-en-place-le.html

pascal

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