Besoin d’internationalisme

le 17 mars 2021

L’éditorial de L’Humanité Dimanche du 18 mars 2021 – par Patrick Le Hyaric.

Après plus d’une année, la pandémie n’en finit pas de ravager la planète. 120 millions de personnes ont été touchées par le virus et 2,7 millions d’entre elles en ont sont mortes. L’aggravation de la pauvreté et l’augmentation du chômage s’accompagnent d’une restructuration et d’une concentration du capital, tandis que les tentatives de remodelage géopolitique s’accélèrent. La pandémie révèle l’immensité des fractures sociales tout en les aggravant.

Les États de nombreux pays ne sont pas assez puissants pour se porter garants de la stabilité économique et sociale, d’autant que quantité de multinationales ont acquis un pouvoir qui leur est bien supérieur. Le capitalisme sanitaire et ses quelques grands laboratoires constitue un scandale trop peu combattu : 10 pays se sont accaparé 75% des vaccins disponibles et la poignée de multinationales productrices et détentrices des brevets les livrent au compte-goutte, faisant monter les prix selon la loi de l’offre et la demande.

Les contestations sociales se multiplient partout à mesure que les États, soit se révèlent défaillants, soit livrent leurs économies au capital transnational en rognant sur les droits sociaux. La pandémie actualise ainsi la nécessité d’un changement radical du mode de production et d’échanges pour satisfaire des besoins humains colossaux de pays très jeunes. Parallèlement, les modalités de sortie de la pandémie font l’objet d’âpres débats au sein des cercles capitalistes mondiaux qui cherchent par tous les moyens à préserver leur système.

Les mouvements de luttes en Inde, au Liban qui connaît une situation alarmante, comme au Sénégal où les difficultés se sont considérablement accrues depuis un an, témoignent amplement de ces tensions.

Ce sont les jeunes du monde entier qui montent en avant des contestations sociales et politiques. Cette jeunesse aux prises d’un fort paradoxe : peu touchée par le virus, elle en subit en première ligne les conséquences. L’âge médian de la population mondiale se situe à un peu plus de 30 ans : c’est donc une partie considérable de notre humanité qui cherche aujourd’hui les moyens de vivre une vie digne, tandis que le capital transnational s’emploie à exploiter cette main d’œuvre peu expérimentée. C’est aussi vrai dans notre pays, où la jeunesse est laissée à la discrétion du « marché de l’emploi », comme variable précaire destinée à maintenir la pression sur l’ensemble du monde du travail.

Au Sénégal, l’effondrement des prix des matières premières lié à la chute de la demande des pays occidentaux s’accompagne d’une fuite des capitaux, tandis que les investissements directs étrangers ont considérablement baissé. Et les transferts de fonds des Africains émigrés vers l’Afrique sub-saharienne, auraient baissé de 23%, alors que cette manne représente, chaque année, bien plus que l’aide publique au développement!

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture alertait déjà avant la pandémie d’une recrudescence des cas de famine. Elle estime que le chiffre pourrait doubler. Pour la seule Afrique subsaharienne, il passerait à 150 millions d’individus contre 73 actuellement. Ajoutons que selon l’OMS, les décès causés par le paludisme dans la même région pourraient eux aussi doubler pour atteindre 769 000 morts.

Les traités de libre échange en gestation entre l’Union européenne et le continent africain précipiteraient la catastrophe. L’intensification des échanges internationaux, notamment dans le domaine agricole, se ferait au détriment du développement humain, social et écologique, au Sud comme au Nord.

La pandémie pose les bases théoriques d’un mode développement basé sur la coopération et non plus sur le taux de profit des multinationales qui tiennent les rênes du libre-échange international. Par le dialogue et la construction commune des forces disponibles dans chacun des pays, le nouvel internationalisme dont les peuples ont urgemment besoin est à construire. C’est la voie pour relever les défis qui s’amoncèlent.


1 commentaire


Moreau 17 mars 2021 à 13 h 04 min

A l’idée d’internationalisme qui a échoué inefficace, incantatoire, et sans résultats, au-delà de toutes les anticipations humaines laissant un vieux monde d’hostilités et de Martyrs dominé par les droites extrêmes toujours indifférent à l’Humanité dévaluée par elle surtout, je préfère l’idée des universalismes républicains solidaires et coopératifs chacun, et avec chaque universalisme républicains solidaire riche de coopération, qui invite les Peuples de la Terre à se constituer pour leur très grand intérêt, un à un en république authentique universaliste, ce qui ne se fait pas par tirage au sort mais par l’adoption au suffrage universel.

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