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Pour avoir permis la fuite de près de 700 000 documents militaires et câbles diplomatiques vers l’organisation Wikileaks, un jeune soldat américain, Bradley Manning, risque cent trente six années de prison. 136, c’est-à-dire au delà de la perpétuité ! Présenté devant le tribunal la semaine dernière, après avoir été arrêté en 2010 en Irak où il était en poste, B. Manning était enfermé à la prison militaire de Quantico dans l’état de Virginie.
Tous les experts et associations des droits humains, jusqu’au rapporteur de l’ONU sur la torture, ont dénoncé des conditions de détention insupportables. Le chef d’accusation de « collusion avec l’ennemi » n’a finalement pas été retenu par le tribunal. Mais, il reste accusé de vingt et un autres délits, dont le viol de la loi sur l’espionnage, le vol ou la fraude informatiques. Qu’est ce qui gène le plus une partie de l’administration de l’armée et de la justice nord-américaine ? Ce sont les révélations sur la manière dont sont menées les guerres en Afghanistan et en Irak. B. Manning a révélé les graves abus commis par l’armée des États-Unis dont un acte de guerre atroce où on voit un hélicoptère US cibler et tirer sur une douzaine de personnes, dont deux photographes de l’agence Reuter.
Certes, les secrets d’état peuvent exister. Mais ici, il s’agit d’autre chose. Il s’agit, à partir d’informations toujours cachées au grand public, de dénoncer des faits et des risques de dérives graves, préjudiciables même à l’image des États-Unis d’Amérique. Ainsi, que les citoyens américains et les autres aient accès à de telles informations, ne peut donc que susciter un débat salutaire sur les méthodes de l’armée américaine, voir au-delà, sur la pertinence de ces guerres. Des secteurs de la justice et de l’armée ont reproché à B. Manning d’avoir servi Al Qaïda ou Ben Laden dévoilant ces informations. C’est renverser les choses ! En effet, n’est-ce pas l’armée nord-américaine et les services secrets qui ont formé les leaders terroristes pour empêcher toute forme de contestation progressiste et tout mouvement d’émancipation humaine? Alors que le régime nord-américain déstabilisait et fomentait des coups d’état en Amérique Latine, développait la guerre froide et s’attaquait aux forces progressistes et aux partis communistes, il créait ces montres dont il ne sait que faire aujourd’hui tant ils lui échappent.
De même, vient encore d’être révélé, il y a quelques semaines, grâce à Edward Snowden, un ancien employé des services NSA, que les Etats-Unis écoutent le monde entier, jusqu’aux gouvernements européens, qui se comportent en petits vassaux, comme vient de le prouver l’ouverture de négociations sur un projet de marché transatlantique comme si la révélation de ce vaste système d’écoutes ne leur faisait ni chaud ni froid!
Mais quel est la question de fond? La même que depuis la fin de la seconde guerre mondiale mais dans un contexte totalement bouleversé par la crise et par l’émergence de nouveaux pays qui comptent sur la scène internationale, tandis que l’expérience des peuples qui, plus ou moins confusément, au prix d’une multitude de tâtonnements, cherchent de nouveaux chemins pour l’émancipation humaine. C’est dans ce contexte nouveau que les dirigeants et l’administration nord-américaine cherchent à conserver, affermir et renforcer leur domination mondiale qui leur est contestée. C’est ce qui transparaît tout au long d’un rapport récent de la CIA sur la perspective d’ici 2030. Ce dernier évoque plusieurs scénarios d’avenir dont celui de la poursuite du relatif déclin nord-américain en le présentant comme une catastrophe mondiale, en ces termes : « L’effondrement ou le retrait soudain de la puissance américaine engendrerait très certainement une longue période d’anarchie mondiale* ». Permettre aux États-Unis de garder cette suprématie impliquerait donc de les laisser faire. Dans ce cadre, ils devraient bénéficier d’une totale impunité et les autres pays devraient leur livrer tous les lanceurs d’alerte, comme ils ne cessent de le réclamer. Le monde de la liberté n’a décidément pas le visage qu’on lui prête. Et pourtant, aucun grand débat, aucune sorte de mouvement de protestation n’est développé parmi celles et ceux qui se présentent comme les défenseurs des droits de l’homme.
Pourtant, aux Etats-Unis mêmes, les révélations de B.Manning ont déclenché dans l’opinion des questionnements sur la guerre et aussi sur la transparence et le secret d’état. Sur d’autres sujets, comme les paradis fiscaux, la fraude fiscale, ceux que l’on appelle « les lanceurs d’alerte » sont très utiles à l’information et au débat public. Ce procès aux Etats-Unis et la lourde condamnation de B. Manning créent un climat de peur, menaçant le journalisme d’investigation et le droit d’être informé. Raison de plus pour se mobiliser afin de défendre les libertés partout. Mais peut être que cette chasse aux lanceurs d’informations est elle le révélateur d’enjeux plus profonds qui ont a voir avec la multitude de crises qui touchent en profondeur les Etats –Unis et tout le monde occidental : Les lourds échec en Afghanistan, l’Irak ,la crise économique et financière sans fin. C’est la crise de l’hégémonie nord-américaine sur un monde en pleine recomposition qui est amorcée. Ce n’est pas une mauvaise nouvelle pour les peuples. Cela peut expliquer leur agressivité. Raison de plus pour ne pas laisser, B Manning, Assange ou Swoden seul !
* Le monde en 2030 vu par la CIA (rapport CIA)
8 commentaires
Le lanceur d’alerte est bien le maillon faible actuel d’un système américain de propagande et de désinformation qui perdure depuis très longtemps si l’on en croit Noam Chomsky et Edward Herman ou encore Howard Zinn qui fait croire que c’est une grande démocratie qui protège le monde de la catastophe alors qu’en vérité elle est la principale initiatrice de la violence capitaliste guerrière et économique(Vietnam,Cambodge,Laos,Salvador,Nicaragua,Guatemala,Indonésie et j’en passe).On pourrait rajouter à leur actif la catastrophe écologique dont on ne survivra pas engendrée par leurs multinationales et… les nôtres c’est à dire tout un système de prédation et d’exploitation qui nous renvoie à la critique de la valeur chez Marx, Kurz, Jappe, Postone etc.
Conditions de travail et santé des salariés des industries à risques , maintenant vous saurez.
Sous-traitant oui , esclave non ! Citoyen.
L’homme est le maillon FIABLE , seulement quand celui-ci est RESPECTE !
Nous sommes :
Un collectif de salariés militants sous-traitants de l’industrie nucléaire française.Nous participons , à la maintenance , à la production, à la distribution, aux traitements et conditionnement des déchets, à l’enrichissement et/ou la recherche .
Certains d’entre nous , sont , ou pas adhérents, dans divers syndicats nationaux .
Notre association : http://www.ma-zone-controlee.com/?page_id=57530
Bonjour
Je ne vois pas de différence entre sous-traitant et esclave. Comme le signale J.M. Abgrall dans son livre tous manipulés tous manipulateurs. La personne qui n’a pas compris son conditionnement (voir Pavlov), retombe plus vite et plus enfoncé dans un nouveau conditionnement.
À moins que vous soyez en coopérative autogérée.
Merci de votre attention
Merci de vous préoccuper de ce sujet et de ces trois personnes (entres autres) persécutées par les Etats-Unis. Manning, Assange et Snowden (et non Swoden, petite erreur à la fin de vote papier)ont effectivement besoin de notre appui et de tout notre soutien pour défendre leurs droits fondamentaux que violent l’administration Obama. On désespère de l’Europe d’ailleurs qui ne se fait pas assez entendre à ce sujet.
Il est regrettable que les gouvernements d’Europe, soient tellement inactifs pour défendre ces trois hommes,qui ont sauvés le monde en dénonçant , les violations des droits internationaux, par les EE-UU pour essayer d’être les maîtres du monde, toutes leurs erreurs, leurs sont permises, aucun gouvernement les ramènes à la raison,heureusement les Latinos, sont les seuls, à leur faire comprendre que chez eux, ils ne feront plus la loi, les colonisés ce n’est plus eux, mais les Européens qui se couchent devant eux,espérons que ce traité transatlantique, ne soit pas signé, c’est un traité du même genre, qui a ruiné l’Amérique Latine,heureusement ils ont relevés la tête, et ne se laissent plus dicter leur lois,c’est les êtres humains qui comptent maintenant.Alfred
Historique, la découverte : l’impérialisme en fait trop !
Ce sera l’occasion pour le PCF, à n’en pas douter, de dénoncer le role de la France, caniche de l’oncle Sam dans l’affaire Snowden… comme dans l’agression contre la Syrie ?
Les cris d’orfraie entendus un court moment quant à l’espionnage à la BigBrother (de la part d’européens qui ont une activité secrète similaire) ne vont conduire à une réévaluation de nos rapports avec l’empire que si les peuples se saisissent sérieusement du problème. Possible ici, sans doute, quand le mariage gay et le voile à l’université et l’athlétisme etc laisseront nos neurones plus disponibles.
Héros ? ou traitres ? les Snowden et Manning nous empecheraient de dormir en rond : leur pardonnera-t-on ?
je partage entièrement tout ce qui est dit plus haut, mais comment faire
comprendre tout cela au peuple. Il nous faut absolument revendiquer plus d’espace dans les médias!!!
je veux mettre cet article de Jean Ortiz écris sur le grand soir parce que je le trouve juste,et me fait comprendre que mon raisonement d’hier ici même se rapproche pas mal de Ortiz, sauf que lui c’est un intellectuel universitaire, et il es beaucoup plus explicite.Je lui dis bravo pour son article.Alfred.
De notre correspondant au Sommet anti-impérialiste.
« Le Gouvernement français vient de porter atteinte à son prestige sur deux front, le front latino-américain et le front européen, en raison de sa capitulation face aux diktats de Washington qui exigeait que (l’avion d’Evo Morales) ne fût pas autorisé à survoler l’espace aérien français », a déclaré, hier, Jean Ortiz, membre de la délégation française au Sommet. « Notre gouvernement n’a même pas poussé un cri de colère et d’indignation pour condamner l’espionnage des institutions de l’Union Européenne et des services français par l’Agence de Sécurité Nord-américaine. La supposée présence du courageux Edward Snowden (ex-analyste de la CIA) ne justifiait aucun acte de piraterie, et même si présence il y avait eu, La Bolivie est un pays souverain et l’avion présidentiel l’est également », affirme-t-il. Jean Ortiz a déclaré que la France est devenue le vassal des États-Unis alors qu’elle a un gouvernement qui se dit socialiste et il se demande ce qu’est devenu le prestige de la France. « Comme disent les indignés, ce gouvernement ne nous représente pas ». « Pardon, camarades et frères Boliviens, au nom de tous les hommes en lutte, des démocrates et des antifascistes, la France ce n’est pas cela », a dit Jean Ortiz, et il a reconnu : « la dignité, la noblesse, le courage, la forte personnalité du président Evo Morales ».
Jean Ortiz.