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Aminatou Haidar a pu nous faire parvenir la lettre suivante, qui, à travers sa rencontre avec le chef de cabinet du ministre des affaires étrangères espagnol, relate son expulsion vers L’Espagne et donne les raisons de sa grève de la faim.
“Je remercie le Ministère des Affaires Etrangères du gouvernement espagnol qui, après 15 jours, est venu s’intéresser de près à ma situation humanitaire.
Ma situation est, avant tout, inhumaine, toutes les conventions internationales sont en train d’être violées, notamment le Pacte international des Droits civils et politiques signé par le Maroc.
Je ne suis pas venue en Espagne de mon propre gré. J’y ai été obligée après une détention abusive de 24 heures au Sahara occidental. Après que la décision ait été prise de m’expulser de manière illégale de ma terre, j’ai passé plus d’une heure à protester auprès du commandant de l’avion. Je lui ai fait savoir qu’il serait le responsable de ce qui était en train de se produire et qu’il serait complice de cette situation, je lui ai dit que je n’avais pas de passeport, et que tous les agents de police qu’il voyait derrière moi avaient confisqué mon passeport ; que j’étais défenseur des droits de l’Homme sahraoui, arrivée la veille des Iles Canaries, et qu’on m’avait obligée à voyager en laissant mes enfants à El-Ayoune.
Le commandant de l’avion m’a dit qu’il ne pouvait pas transporter une personne sans passeport. Le responsable de la police marocaine lui a répondu que je détenais une carte de résidence espagnole. Je lui ai rétorqué que je ne pouvais pas voyager en Espagne sans passeport, et surtout pas contre ma volonté.
Le commandant fit quelques appels téléphoniques et répondit qu’il ne pouvait pas m’emmener en avion. Une fois de plus, le responsable de la sécurité marocaine lui dit : “la seule chose qui doit vous intéresser est ceci, la billet d’avion”. Il lui montra un billet d’avion. “Et ceci est un ordre dont le ministre des affaires étrangère espagnol est informé”.
Après un moment, le commandant de l’avion reçut un appel téléphonique et s’adressa à moi, me demandant mon nom. Je le lui ai donné. Le commandant répondit affirmativement à la personne avec laquelle il parlait au téléphone en disant “oui, elle s’appelle Haidar”. Après 2 ou 3 minutes, il reçut un autre appel, on pouvait clairement voir que son visage avait changé. Il s’adressa au chef de la sécurité marocaine et lui dit” bon, on peut le laisser”.
A ce moment-là, je lui ai fait savoir que lui-même, la compagnie aérienne et l’Espagne seraient responsables de tout ce qui allait se passer.
Quand je suis arrivée à l’aéroport de Lanzarote…. je ne savais ni quand ni où on allait m’emmener….quand l’avion décolla, le commandant communiqua que la destination serait Lanzarote.
J’étais dans un état psychologique totalement dépressif, c’était la première fois que j’allais à Lanzarote. Tous mes téléphones et cartes téléphoniques avaient été confisquées par la police marocaine. Alors, pour moi, il s’agissait d’un kidnapping. Lors de mon arrivée à Lanzarote, j’en étais tout à fait persuadée, j’ai protesté à l’intérieur de l’avion et je n’ai pas voulu descendre. Tous les passagers sont descends sauf moi. La police est arrivée pour me faire descendre de l’avion, pour me convaincre qu’ils allaient me parler parce que j’avais une carte de résidence espagnole.
Je leur ai dit que je ne pouvais pas descendre de l’avion car je n’avais pas de passeport, que j’avais laissé mes enfants et que j’étais là contre ma volonté. Ils m’ont convaincue que je pourrai repartir l’après-midi même. Quand je suis allée au bureau de police, je leur ai dit que j’étais dans une situation illégale et que je n’allais donc pas sortir de la zone de “transit” de l’aéroport. Le responsable de la police m’a promis alors que je serai de retour à El-Ayoune à 6 heures, et je me suis assise avec les passagers qui se rendaient à El-Ayoune. A ce moment-là, le responsable m’a dit que comme j’étais en situation illégale et sans passeport, il avait reçu des ordres et que je ne pouvais pas aller à El-Ayoune. J’ai décidé alors de rester dans l’aéroport. J’ai été renforcée dans ma démarche par le soutien de toute la société civile espagnole dans ma lutte, qui est venue me voir et me soutenir.
J’étais dans une situation psychologique très dangereuse, j’ai pleuré, surtout en pensant à mes enfants. Je me suis dit qu’il y avait eu un accord entre les gouvernements espagnol et marocain, qu’il y avait une complicité totale dans cette affaire. A travers les media j’ai averti le gouvernement espagnol que cette situation devait trouver une solution, faute de quoi j’étais prête à entamer une grève de la faim ouverte.
En ce qui me concerne, je n’ai jamais pensé que l’Espagne était l’ennemi. Néanmoins, je vois qu’elle joue le même jeu. J’ai été kidnappée, détenue, torturée, éloignée de mes enfants par le gouvernement Marocain, mais cela ne m’a jamais autant blessée que ce qu’est en train de faire l’Espagne, pays démocratique et Etat de droit, je n’ai jamais pensé que l’Espagne arriverait à agir de la sorte.
Je n’ai jamais aimé le silence administratif du gouvernement espagnol concernant les violations des droits de l’homme, de ces sahraouis qui, on peut dire, dépendent encore du gouvernement espagnol, et je n’ai jamais pensé que l’Espagne arriverait à se présenter pour faire ce genre de travaux qui bousculent la légalité internationale. Il y a un accord avec le gouvernement du Maroc.
Quand j’ai entamé ma grève de la faim, ils n’ont même pas pensé à envoyer un représentant local pour me parler et s’intéresser à mon problème. De la même façon que le gouvernement espagnol ignora les sahraouis en 1975, l’Espagne ignore aujourd’hui une activiste des droits de l’homme sahraouis. Et elle le fait exactement le même jour, le même jour “noir” pour les sahraouis qui est celui de l’accord tripartite de Madrid, le 14 novembre. Je ne veux pas cacher l’indignation que je ressens vis-à-vis du gouvernement espagnol, non seulement pour moi, mais pour tous les sahraouis et les militants des droits de l’homme.
Ces solutions proposées par le gouvernement espagnol… Je veux dire que je n’ai pas provoqué cette situation de crise… mais les responsables de tout ceci sont les gouvernements espagnol et marocain. Je n’ai qu’une seule demande, je veux retourner chez moi, le Sahara Occidental, où sont ma terre et mes enfants, avec ou sans passeport. C’est votre problème.
Je remercie le gouvernement espagnol de m’offrir la nationalité espagnole ou le statut de “réfugiée” politique. Néanmoins, pour moi, la nationalité n’est pas une offre du gouvernement espagnol mais mon droit, un droit en tant que sahraouie. Ma mère est espagnole, et une grande partie de ma famille est espagnole. Je n’ai jamais pensé à demander la nationalité espagnole, américaine ni italienne, c’est ma position politique personnelle. Je suis sous occupation marocaine et je milite, comme le reste du peuple sahraoui, pour l’autodétermination.
Le Maroc ne m’a pas offert mon passeport, il a été obligé de le faire car c’est un pays occupant, et selon la 4ème Convention de Genève, il est obligé de donner tous les droits politiques et civils aux citoyens sous son occupation. Je n’ai jamais demandé d’autre passeport. Je ne demanderai jamais d’autre passeport parce que j’en ai déjà un en vigueur et son numéro est R559514, il n’expire que le 2 mai 2010, et je peux le proroger 5 autres années, avant de le faire refaire. Avec ceci, nous pouvons voir clairement que le Maroc viole ses propres lois car je ne peux avoir deux passeports. Je n’ai pas perdu mon passeport pour faire une déclaration de perte, il est confisqué par le gouvernement marocain.
Je n’exige pas que l’Espagne joue le jeu du Maroc. Le Maroc doit vraiment penser à cette situation. Ce que je demande à l’Espagne c’est tout simplement que l’on me ramène chez moi. L’histoire du passeport et des papiers est une guerre, il s’agit de ma guerre avec le Maroc. J’ai passé presque 15 ans à demander à avoir un passeport, jusqu’en 2005, et je n’ai jamais demandé au gouvernement espagnol d’intervenir. Seul le gouvernement américain est intervenu, obligeant le gouvernement marocain à me donner un passeport.
En conclusion, ce sont des options que je rejette catégoriquement. La seule chose que je demande au gouvernement espagnol est de me ramener à ma terre.
(intervention d’Agustin Campos offrant nationalité espagnole et asile politique…)
Il n’est pas nécessaire de m’expliquer les deux options, c’est une perte de temps et d’énergie pour moi. Je ne veux pas connaître les avantages ni les inconvénients parce que je n’accepterai ni l’asile politique ni la nationalité espagnole.
(Augustin Campos offre le passeport espagnol…)
Avant tout, je vous remercie de cette proposition, que je considère plutôt un droit. Malheureusement, la nationalité espagnole n’a pas pu défendre les comités, les associations, les parlementaires espagnols qui furent expulsés d’El-Ayoune vers l’Espagne, vraiment, l’Espagne n’a pas pu les protéger. Elle n’a pas protégé non plus à Yarba, un sahraoui espagnol en chaise roulante qui fut traité brutalement à l’aéroport d’El-Ayoune, puis dans celui de Casablanca et qui fut finalement expulsé à Barcelone.
Si la carte de résidence espagnole a été, pour moi, plus une condamnation qu’autre chose, et dont le Maroc a profité pour me faire ceci, imaginez ce que le Maroc pourrait arriver à faire si j’avais la nationalité espagnole. Je ne pourrai plus mettre les pieds à El-Ayoune. Le Maroc est en train d’élaborer un projet pour déplacer les réfugiés sahraouis vers des pays tiers, tous les sahraouis qui sont contre l’occupation marocaine vont être traités de la même façon, c’est-à-dire qu’ils seront expulsés, qu’on leur donnera la nationalité espagnole et qu’ils devront rester en dehors du pays. Je ne demande pas à l’Espagne qu’elle me protège de ce que le Maroc pourrait me faire en torture et détention, que le Maroc fasse ce sale boulot, que le Maroc m’arrête.
Lors de mon retour à El-Ayoune, le 13 novembre, d’après ce que sait mon avocate Inés Mirande, ainsi que Boi-tia et Marselha Gonsalves, il y avait deux possibilités : être arrêtée ou que mes documents soient confisqués. Ceci n’est pas une invention mais la réalité des zones occupées. 7 activistes des droits de l’Homme ont été arrêtés, ils vont comparaître devant une cour militaire et il se pourrait qu’ils soient condamnés à mort. En plus, 8 autres activistes ont vu tous leurs papiers confisqués, dont Sultany.
Il n’y avait que ces deux possibilités, celle de l’expulsion en Espagne n’avait jamais effleuré mon esprit. L’expulsion en tant que telle n’est pas quelque chose de nouveau, il y a toujours eu des expulsions de sahraouis de la zone occupée à l’intérieur du Maroc, on leur interdisait de retourner au Sahara. Un autre activiste fut expulsé à la zone située entre le Sud du Sahara et la Mauritanie. Mais l’expulsion vers l’Espagne qui est un pays démocratique et un pays des droits de l’homme, cela n’avait jamais eu lieu.
Malheureusement, je me vois aujourd’hui contrainte d’affronter le gouvernement espagnol en tant qu’autorité et non pas affronter le gouvernement marocain. Si le Maroc porte une accusation contre moi, qu’il m’emmène devant les tribunaux et on verra ce qu’il se passera. Mais du fait des pressions internationales, et grâce aussi aux différents prix que j’ai reçus à l’étranger, {le Maroc} a pensé autre chose, lancer la balle en Espagne. Le Maroc sait vraiment qui est Aminatou Haidar mais pas l’Espagne.
Mon message à M Moratinos (ministre des affaires étrangères), et, à travers lui, à tout le gouvernement espagnol, est qu’Aminatou Haidar a sacrifié sa jeunesse et sa vie pour la dignité. Aujourd’hui je vois que ma dignité et celle du peuple sahraoui sont “violées” et que le gouvernement espagnol est le responsable de ce qui pourrait arriver avec cette grève de la faim, parce que je suis prête à aller jusqu’au bout. Ma dignité est au-dessus de mes enfants et au-dessus de tous, et je n’ai rien d’autre à offrir.”
Le 29 novembre 2009,
Aéroport de Lanzarote
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L’Espagne a colonisé le Maroc quand la France était en Algérie et au moment où les peuples marocains et algériens luttaient ensemble pour leur indépendance. Le Sahara était le dernier bastion libéré par le Maroc. Les autres colonies à savoir Ceuta et Melilla ainsi que toutes les îles relevant du territoire marocain constituent le principal souci de l’Espagne qui exploite opportunément la souffrance des marocains du sud pour préserver le plus longtemps possible sa colonisation.
Donc la position de l’Espagne dans ce conflit n’aura aucun impact sans l’appui de l’Algérie qui est, elle, très engagée dans ce dossier.
Pour comprendre que l’orientation prise par l’Algérie n’est pas réaliste ni raisonnable depuis 1975 (un peu moins de 35 ans), posons-nous la question de savoir quel est réellement son intérêt dans ce conflit?
L’Algérie, pays voisin et partageant la même culture, la même religion, la même… doit assumer sa responsabilité devant l’histoire et prendre note du grand gâchis en temps et en opportunités de développement pour elle et pour le Maroc et pour les générations à venir.
L’avenir est entrain d’être hypothéqué. L’Algérie a tout à gagner avec un pays voisin et rien avec une entité qui n’a jamais existé et donc ne pourra jamais être créée. Aminatou n’est qu’un grain de sable dans ce vaste étendu porté par les vents du nord ou d’ailleurs. Elle en sortira hélas, victime, étant proie idéale pour toute forme de manipulation, et malmenée par ceux qui pensent en la possibilité de refaire l’histoire par le biais d’un fait dont l’effet s’estampera progressivement et tombera dans l’oubli.
Bonsoir, je vous félicite pour la bonne tenue de ce blog! Pascal, journaliste.
L’affaire Aminatou comme l’affaire du Sahara dans sa globalité a été créée à partir d’une confusion qui a été vite et opportunément saisie par divers intervenants ayant des desseins certains dans la région. Pour donner une crédibilité historique au dossier, il fallait définir l’objectif qui est en apparence un trait d’union entre une époque marquée par la lutte pour la libération contre le colonialisme ou tout simplement pour l’instauration de la démocratie, et une époque marquée par la mondialisation des économies et la lutte pour le développement humain, mais sous-tendue par des conflits légués par le colonialisme. Cette première étape a été réussie puisque le conflit a été installé et entretenu depuis 35 années. Toutefois et progressivement, l’objectif annoncé, perd avec le temps sa tonalité révolutionnaire, le contexte international ayant connu des mutations. Les faits à caractère humanitaire mobilisateurs d’opinions publiques des nations démocratiques, notamment européennes, deviennent, à ce moment là, un apanage pour stimuler la confusion et faire valoir la même thèse moyennant un recadrage de l’objectif qui n’est plus révolutionnaire mais humanitaire. A chaque fois que l’occasion de maintenir la confusion se présente et même s’il s’agit d’un fait éphémère limité dans le temps et dans l’espace, la partie qui n’est pas dans son droit tente d’en faire un événement historique qui alimentera l’actualité et produira un impact médiatique en attendant que la vérité soit rétablie et l’histoire réhabilitée.
Le POLISARIO a été créé en 1973 à l’époque de l’occupation espagnole par ses Fondateurs dont les principaux vivent au Maroc pour constituer un front intérieur de soutien aux démarches déjà entreprises par le Maroc au niveau des Nations Unies qui ont abouti par la suite au jugement rendu par le tribunal de Lahaye qui a reconnu l’allégeance de cette région au royaume du Maroc au même titre que toutes les autres régions des quatre points cardinaux du Maroc.
Pour la petite histoire, il est intéressant de savoir aussi certaines vérités qui ne se prêtent pas à la confusion. Monsieur Abdelaziz Marrakechi (de Marrakech), l’actuel leader de ce mouvement est le fils de Mohammed Marrakechi Responsable de la fraction sud de l’armée de libération marocaine à l’époque de la colonisation franco-espagnole au Maroc.
Le père avec le reste de sa famille, s’est installé au Maroc en tant que marocain et ancien résistant ayant combattu pour la libération du Maroc. Le fils, ayant été marqué par l’époque marxiste léniniste comme tous les jeunes de cette période qui ont fréquenté l’université marocaine, a tracé sa destinée avec l’appui ou plutôt sur recommandation de l’état algérien qui a éliminé physiquement Mostafa El Ouali, le premier Président et principal fondateur du Front POLISARIO et qui avait aussi fait ses études à l’université de Rabat. Ce dernier n’arrangeait pas les visées algériennes dans la région.
Toujours pour la petite histoire, plus d’une trentaine de personnalités marocaines (ambassadeurs et haut responsables de l’état chef d’entreprises) de la famille de Aminatou, ses oncles, cousins,…, outre les dignitaires de sa tribu, sont entrain de raisonner la concernée pour arrêter son action et rentrer chez elle.
Je suis une jeune marocaine née en France de retour au maroc, donc les droits de l’homme je suis au courant.
Cette dame je ne la comprends pas, que recherche t-elle exactement????? tout le monde sait qu’elle est sous l’emprise de l’algérie… Mais qu’elles sont les intérêts de pays comme l’espagne de soutenir se genre de personnage???? n’ont-il pas encore digéré le fait qu’on ait pu reprendre le sahara sans armes, juste avec un coran à la main???? on a vraiment pas de leçon à recevoir de leçons de la part de pays ou le délit de sa gueule est toléré (je pense à la france en plus de l’espagne).
A t-on jamais pris parti pour l’ETA ou encore la Corse?????Pourquoi le polisario et l’algérie refuse les négociations (Manhasset)?????? Mme AMINATOU parlait nous des soldats marocains enlevés par des algériens et disparus ou torturés…. parlait des camps de Tindouf et de si qui s’y passe….
Pourquoi avoir acceptée l’argent (Plus de 40 000 euros)???? Pourquoi les algériens ont ils éliminés le fondateur du Polisario????? Pour finir je répondrais à cette dame que nous sommes plus de 30 Millions de Marocains, FIERE DE L’ETRE, si nos parents ont pu en faire sortir les espagnols et les Français, sachez que les enfants de Massira Khadra sont prêt à ce battre pour ce PAYS.