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J’ai, ici même, il y a quelques semaines, alerté sur la distorsion existante entre le risque de pénurie mondiale de lait et la pression à la baisse sur les prix à la production. Au terme d’une discussion entre organisations de producteurs, industriels et distributeurs, il a été accordé péniblement 2 centimes de plus par litre de lait à la production.
Renseignement pris, les producteurs de lait n’en ont toujours pas vu la couleur. Même avec cette augmentation, les prix à la production seraient encore très en deça de 300 euros la tonne. C’est le prix payé, il y a plusieurs années, alors que la spéculation fait monter les prix des produits céréaliers. On estime ainsi que les revenus issus du lait sont au mieux en stagnation depuis 2010, alors que les coûts des aliments ont augmenté de près de 40%.
Ainsi, il est clair que la dérégulation impulsée par la Commission de Bruxelles, avec la fin des prix minimum et la prévision de la suppression des quotas de production, détruit à petit feu la production laitière à base familiale. La loi du précédent gouvernement dite de « modernisation de l’économie » continue à faire sa mauvaise œuvre en permettant aux quelques groupes de la grande distribution d’imposer leurs prix. On peut même dire que ces groupes dominants se comportent comme un cartel qui impose les prix d’achat à l’industrie laitière, sous l’égide de M. Leclerc qui se vante d’aider le pouvoir d’achat des consommateurs, alors qu’il ne fait que remplir ses caisses de profits. Et que dire du chantage à la sortie de certains produits laitiers, de certaines marques des rayons de supermarché.
L’autre phénomène très inquiétant pour la production laitière comme pour l’élevage en général, est la tendance de plus en plus d’agriculteurs de retourner leurs prairies pour semer des céréales dont les cours sont très élevés depuis quelques années. Cette tendance à la « végétalisation » de nos campagnes est mortelle pour la valorisation de nos territoires en provoquant une « décapitalisation » importante des fermes. L’ensemble de ces phénomènes provoquera sans tarder des pénuries de viande et de lait, tout en favorisant de nouvelles concentrations agricoles, à rebours de la valorisation des territoires, de l’emploi et de la souveraineté alimentaire.
25 000 exploitations laitières ont été supprimées ces trois dernières années. C’est l’équivalent de dix plans sociaux de PSA. Dans l’industrie laitière, sept usines ont été fermées l’an passé, supprimant 1000 emplois. Toutes les informations montrent un certain épuisement des producteurs, découragés, non reconnus, alors qu’ils sont un maillon essentiel de l’économie nationale, produisant une matière essentielle à la vie et à la santé. Il en est de même des petites et moyennes fromageries dont une cinquantaine risque de fermer cette année, entraînant dans leur chute, la disparition de 10 000 emplois.
Il ne s’agit pas ici du grand mot de « redressement productif ». Il s’agit de maintenir une activité en faisant rémunérer correctement le travail agricole et en redistribuant la valeur issue du lait et des produits laitiers, accaparée par la grande distribution. Il y a urgence !
1 commentaire
Ce n’est pas en passant par la grande distribution, que les producteurs gagneront leur vie. Ils doivent faire de la vente directe, et les gens doivent assimiler que la nourriture doit être payée à sa juste valeur, comme le travail.