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A chaque réforme de la Politique agricole commune ou de cycle de négociations de l’Organisation mondiale du commerce, correspond un changement de la législation agricole dans notre pays. Il en est de même cette fois. A peine la nouvelle modification de la PAC adoptée, le gouvernement a mis en débat au Parlement depuis une semaine, une « loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt ». Celle-ci est marquée par un projet que porte le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll depuis sa nomination : celui d’une nette inflexion vers un projet agro-écologiste afin de préserver les sols, diminuer la part de pesticides ou d’antibiotiques dans la production, améliorer la qualité des aliments.
L’idée générale est de porter un projet alliant une « double performance » économique et environnementale. En ce sens, cette loi qui a été votée mardi en première lecture à l’Assemblée nationale, est porteuse de bons objectifs. C’est ainsi que vont être créés des groupements d’intérêt économiques et environnementaux qui bénéficieront d’aides incitatives pour préserver ou améliorer l’environnement. Le même dispositif est prévu pour la forêt. Il est indispensable, avec les agriculteurs eux-mêmes, les chercheurs, les scientifiques, les économistes agricoles, d’engager un processus de réorientation substantielle du modèle de production de la ferme jusqu’aux assiettes. On peut même, dans les cadres actuels, trouver des systèmes nouveaux de travail de la terre dans des exploitations qui permettent de dégager des revenus presque plus convenables que dans des systèmes productifs intensifs.
Mais on ne peut écarter l’enjeu fondamental auquel les consommateurs comme les travailleurs agricoles sont confrontés. Celui de leur revenu. La pression mondiale à la baisse des prix à la production, exercée par des acheteurs mondiaux de ces productions, en lien avec les banques et les marchés financiers, va de pair avec la pression de plus en plus grande à la baisse du pouvoir d’achat de l’ensemble des salaires et des protections sociales. L’enjeu de fond pour le capitalisme dominant est de trouver les moyens de ne pas augmenter la partie alimentaire dans la reproduction de la force de travail. Ceci comprend évidemment les salaires directs et indirects, la protection sociale, les prestations familiales. Pour atteindre ces objectifs, la Politique agricole commune et les traités européens ont organisé la mise en concurrence des agriculteurs européens avec ceux du monde entier. Or, la production agricole a ceci de particulier qu’on ne peut indéfiniment bousculer, compresser, ignorer les cycles naturels, la qualité des sols, les différences de climat. Le système de prix mondial dans ces conditions est mortifère pour l’agriculture paysanne. L’autre versant de ces choix est l’insertion de l’activité agricole dans un vaste complexe agro-industriel où dominent quelques monopoles internationaux en amont et en aval de la production agricole. Ceux-ci imposent leur prix d’achat des produits industriels nécessaires à la production agricole et les prix d’achat des produits agricoles à l’exploitation agricole.
La loi d’avenir n’affronte pas ces enjeux, puisqu’elle inscrit la production agricole dans le marché mondial pour, soi-disant, la rendre « compétitive ». Elle ne tranche pas non plus les problématiques liées au fait que ce sont les centrales d’achat qui imposent les prix d’achats à la ferme, même si elle évoque le projet de contractualisation, évoqué dans les enceintes de Bruxelles. Évidemment, elle ne modifie pas le fait que nos productions et les travailleurs agricoles ne sont pas protégés de la concurrence inégale avec les agricultures d’autres continents. De ce fait, la question vitale du revenu ne peut être convenablement traitée, au sens de la sécurité d’un revenu décent pour chaque exploitant agricole, donc de la sécurité du travail et donc de l’existence des petites et moyennes exploitations. C’est ainsi que se poursuit la concentration agraire, avec toutes les conséquences négatives que cela comporte désormais pour la vie de nos campagnes. L’idée d’inventer un nouveau mécanisme aidant à la transmission des exploitations à des plus jeunes, est pourtant intéressante. Mais, elle peut être en échec à cause de l’insuffisance de revenu des jeunes qui s’installent.
De nouvelles missions vont être données aux Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural. Mais, il faudrait être plus audacieux en dotant les SAFER de budget conséquent pour leur permettre de louer des terres aux jeunes qui doivent s’installer. Rien ne servirait à inciter ici à des méthodes « agro-écologiques », quand nous importons soja-ogm, poulets traités au chlore et du cheval dans les lasagnes. C’est donc des dispositions d’une toute autre ambition qu’il faudrait porter aujourd’hui pour la qualité alimentaire et la santé, l’environnement, l’emploi, l’équilibre des territoires et la souveraineté alimentaire. Pour cela il faudrait en même temps qu’une loi nationale, une volonté forte et des actes pour s’affranchir des traités européens, pour refuser le projet de marché unique transatlantique, une nouvelle action de la France à l’Organisation mondiale du commerce pour que, compte tenu de ses spécificités, l’agriculture ne soit pas une monnaie d’échange contre d’autres secteurs et réintroduire dans la Politique agricole européenne des prix de base minimum intracommunautaires et des systèmes de protection de nos productions.
L’enjeu agricole est si immense qu’il est indispensable que chacune et chacun s’en mêle.
9 commentaires
Toujours et encore cette concurrence entre des pays qui n(ont pas les mêmes lois sociales,les mêmes droits sociaux, et qui tire vers le bas,sinon qui cherche à éliminer les derniers acquis des travailleurs, c’est de plus en plus scandaleux.
N’OUBLIONS PAS QUE NOUS N’AVONS PAS CONSTRUI UNE EUROPE DES PEUPLES MAIUNE EUROPE LIBRALE
SEUL LE CAPITAL COMPTE ET LA POLITIQUE MENE PAR LE SOCIAL LIBRALISME NE FAIT RIEN POUR ARRANGER LES CHOSESJE SUIS D’AILLEUR CHOQUER PAR LES LISTES COMMUNES A PARIS OU AILLEUR JE NE VOTERAI PLUS PLU POUR CES HIPOCRITES
C’est juste. On peut aussi
lire ça dans l’Humanité-Dimanche et La Terre. Mais je n’arrive pas à trouver dans l’HD le bulletin d’abonnement; mes amis me disent qu” on en trouve un de temps en temps”. Je demande donc au directeur de l’Huma de faire figurer, toutes les semaines et en bonne place, les bulletins d’abonnement dans l’HD.
Merci! Et à bientôt.
Sur le site de HD
http://www.humanite.fr/laboutique?quicktabs_boutique=1
Quelle erreur majeure de s’allier avec les sociaux traitres aux élections. Titre de l’huma de ce matin: ” moi commis du patronat” VOUS AVEZ COMPRIS? Alors AUTONOMIE.
“L’enjeu de fond pour le capitalisme est de trouver les moyens de ne pas augmenter la partie alimentaire dans la reproduction de la force du travail”.
Très bien mais …
L’enjeu pour le capitalisme est toujours le même : exploiter, sur-exploiter,pressurer les peuples au maximum pour le profit maximum. Et qu’importe s’il les affame ! Comme on a pu le voir pour l’Afrique — et ailleurs — avec le colonialisme puis le néo-colonialisme, avec la pratique intensive de la monoculture qui a ruiné l’agriculture familiale de subsistance au profit du tout-arachide, du tout-coton …
Ce qui est “nouveau” aujourd’hui, c’est que les anciennes colonies sont exsangues, ravagées par les guerres tribales, religieuses, ethniques — bombes à retardement laissées par le colonialisme et le néo-colonialisme —, c’est que le Chine, le Brésil, la Russie et les pays émergents faussent la donne,dans ces anciennes zones de surexploitation des peuples. Alors il se retourne vers ses anciennes terres de prédilection en Europe. Mais là, c’est une autre paire de manches : ces pays ont une histoire, des organisations syndicales et démocratiques, des souvenirs de luttes. Cette baisse généralisée des revenus, des salaires, des protections sociales, des prix à la production, risquent de déclencher des révoltes de la faim, voire des Révolutions. On comprend alors le souci qu’il a de ” ne pas augmenter la partie alimentaire dans la reproduction de la force de travail” ce qui serait — un frein ? un obstacle ? un empêchement — à la mise en place d’un gigantesque complexe agro-industriel
aboutissant au vaste projet d’une dictature impérialiste des marchés. Oui, tout se passe pour l’Europe, comme si les puissants de la terre et leurs gouvernants, retrouvaient le conseil de l’Empereur Tibère à ses Consuls : “Il faut tondre les brebis sans les écorcher”.
Auquel François Hollande et Stéphane Le Fol ajoutent leur touche social-démocrate. Leur projet de “préserver les sols, la nature, la qualité des aliments et la santé des gens” — on pourrait en recevoir des miettes, bien sûr — n’est que le paravent, le masque, la tenue de scène pour sceller le ralliement sans complexe et définitivement de la social-démocratie au néo-libéralisme. Mais Léon Blum ne disait-il pas déjà, sous le Front populaire et lors de sa prise de pouvoir :”Nous voulons démontrer que nous serons les gérants loyaux du capitalisme”!
Aujourd’hui le moment leur semble venu d’aller plus loin. Du moins c’est ce qu’ils tentent.
L’avenir sera ce que les peuples le feront.
Une « simplification » de cochon !
Un décret, discrètement publié au Journal officiel, le 31 décembre, éclaire
ce que la « simplification » vantée par François Hollande peut signifier.
Ce texte permet aux éleveurs de porcs de créer ou d’agrandir plus facilement leurs porcheries, au grand dam des défenseurs de l’environnement. Jusqu’à présent, les élevages de moins de 450 bêtes devaient simplement s’enregistrer, mais toute ouverture ou extension au-dessus de 450 animaux nécessitait une autorisation assortie d’une longue enquête administrative afin de vérifier l’impact environnemental. Cette demande d’autorisation disparait !
Désormais, les élevages de 450 à 2 000 porcs (ou inférieurs à 750 truies) n’auront qu’à s’enregistrer. La mesure ravit le lobby porcin, très actif en Bretagne, mais va augmenter les rejets nitratés alors que la Cour de justice européenne a constaté en juin le manquement de la France à ses obligations en matière de lutte contre cette pollution.
En passant outre, le gouvernement fait sienne l’exaspération de Nicolas Sarkory qui déclarait au Salon de l’agriculture en 2010 :
« Les questions d’environnement, ça commence à bien faire! »
ou est la politique agroécologique de ce gouvernement?
Si on veut faire du bio ou de l’agriculture en développement durable, il faut faire ce que disait José Bové, il faut des fermes de 50 hectares au maximum, dans chaque ferme il faut mettre en place une exploitation de multi-cultures, faire une rotation des terres tous les trois ans de façon à faire reposer les terrains et de manière à mettre une fumure naturelle, je ne crois pas que l’on reverra ça un jour à moins dans finir avec la mondialisation capitaliste.
En Europe l’agriculture est à la pointe de l’esclavage qui n’a rien de moderne (Italie Allemagne France Espagne et les pays de l’est )voilà ou nous en sommes avec la bénédiction des libéraux de tous acabits mais précisément libéraux .1992 maastrich 2013 l’esclavage 20 ans pour écraser le genre humain .Il faut accélérer dit le commis du medef pour réduire les salariés au méme état que les ouvriers agricoles et déjà en application à l’autre bout de la chaine alimentaire dans la grande distribution A quand la révolte ,cela devient urgent pour les “oubliés ” des conférences de presse .Au fait le valet vient de condamner à mort le ps , mais ce qui reste d’adhérents doit étre déjà mort (aucune réaction) ,le but étant de tuer aussi la gauche désormais exclus des média .