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Son sourire irradiait tout l’espace en vous accueillant, les mains grandes ouvertes et les bras tendus vers vous. “Frère”, disait-il affectueusement. Un mot sorti tout droit du cœur en vous embrassant comme un intime de la famille. Il avait le doux visage jovial de la bonté et de la fraternité.
Tel était Fernand Tuil. Fradji en arabe : celui qui est toujours heureux. Heureux ! Il se montrait toujours ainsi. Heureux de vous voir. Heureux de la vie. Heureux encore de découvrir les pays comme les œuvres de l’esprit du monde entier. Heureux de porter en lui l’amour des autres. Heureux encore de vivre et de combattre. Et des combats il en aura menés, toujours avec la même passion, la même générosité, la même intensité, le même don de soi.
Il portait au plus profond de lui l’universelle humanité. Celle qui élève chacune et chacun. Celle qui cherche à éclore au milieu de la violence des injustices et du fracas des armes. La justice chevillée au corps qu’il défendait, de rue en rue, de Montataire à Montreuil, d’usine en usine dans le bassin de Creil, de Gaza à Jenine, en passant par Nazareth et Ramalah.
Il avait la dignité humaine et l’internationalisme à fleur de peau, sans cesse grossie depuis l’horrible crime perpétué par l’armée israélienne dans les camps palestiniens de Sabra et de Chatilla, au Liban.
A partir de ce jour, il a décidé de répondre au feu et au fer par la main tendue et l’appel à la solidarité. Venait de naître un grand projet audacieux et très courageux pour l’époque. Il dû en braver alors des doutes, des critiques et des interdits alors que Yasser Arafat, qui portait Fernand en haute estime, était comme le fut Nelson Mandela, traité de « terroriste ». Comme il en a fallu aussi de l’audace et du courage pour organiser « l’avion pour la paix ». Il a eu deux amours : Isabelle et la Palestine. Il leur a offert sa vie. Il a déployé la plus grande énergie pour rencontrer des dizaines et des dizaines d’élus, des maires pour leur proposer de jumeler leur ville avec un camp de réfugiés palestiniens. Pas n’importe quel jumelage ! De la solidarité vraie et concrète. Une soixantaine de « jumelages-coopération-construction ». Il ne ménage aucun effort de conviction pour les réussir avec de nombreux maires communistes mais aussi socialistes et quelques uns de droite.
Il a ainsi parcouru ainsi depuis un quart de siècle chacun des camps de réfugiés, de Gaza au Liban, de Syrie en Cisjordanie, ou encore de Jordanie. Il avait créé à cet effet une association Franco – Palestinienne qu’il co-présidait avec son frère Ahmed Mushaisen du camp de Deheisheh, près de Bethléem.
Il n’était avare d’aucune explication pour défendre cette belle cause. Il a même fait le choix d’organiser des voyages sur place pour que chacune et chacun puisse se rendre compte par lui-même. C’est ainsi que des dizaines d’élus et des centaines de progressistes se sont rendus en Palestine. Il leur a montré à quel point la colonisation par l’Etat Israélien est devenue la règle alors que les terres détenues par les Palestiniens est l’exception. Avec “l’Humanité”, il a animé la campagne pour le droit à l’éducation : « un cartable à chaque enfant palestinien ». Depuis la dernière Fête de l’Humanité, il avait lancé une collecte d’instruments de musique pour les jeunes et projetait d’organiser à Ramallah un concert de solidarité. Depuis plusieurs mois il nourrissait le projet de construire un dispensaire dans le camp de Balata à Naplouse. Après celle de Salah Hamouri, Fernand était totalement engagé dans la campagne pour la libération des prisonniers politiques palestiniens.
Il laisse une œuvre de solidarité considérable qu’il aura enrichie jusqu’au bout, alors même que cette satané maladie le tiraillait, le taraudait, s’acharnait injustement. Il luttait contre elle sans jamais se plaindre, en nous rassurant chaque fois que nous nous inquiétions.
Au terme de ce long combat, elle aura eu le dessus le jour de Noël. Le même jour où, alors qu’il perdait ses forces et son souffle, les dirigeants israéliens bombardaient à nouveau Gaza tuant des innocents dont de très jeunes enfants.
Je l’entends dire : « J’ai la rage ! Il faut faire quelque chose ! ». Nous ne laisserons pas faire Fernand. Nous allons poursuivre avec toi en nos cœurs, ce beau combat pour la justice et la dignité du peuple palestinien.
Nous allons nous interdire d’oublier les camps de réfugiés et le droit au retour que tu nous rappelais sans cesse. Nous allons poursuivre l’action pour la libération des prisonniers politiques, à commencer par celle de Marwan Barghouti. Nous allons tout faire afin que le peuple palestinien dispose de son Etat au côté de celui d’Israël et qu’enfin les deux puissent vivre dans la paix et la sécurité.
Nous allons continuer ta belle œuvre. Celle du splendide communiste que tu resteras. Toi qui portais si bien ce joli nom de camarade. Celle d’un frère pour tous tes frères palestiniens. Celle d’un frère de tous les combats pour qu’advienne l’Humanité.
Salut frère… !
7 commentaires
Amour et respect pour cet homme exceptionnel. Mon souvenir le plus bouleversant fut un voyage avec lui, Patrick et des élus communistes dans des camps palestiniens en cisjordanie. Une pensée aussi pour Isabelle. Merci Fernand d’avoir croisé ma route …
J’ai croisé les pas de Fernand par hasard, jeune conseiller régional socialiste, il m’avait embarqué en Palestine. Il avait au cours de ce voyage trouvé les mots justes pour nous faire ouvrir les yeux sur la situation dans les territoires. Pour autant avec beaucoup d’humanité il nous avait fait rencontrer des progressistes israéliens.Fernand c’était un homme de bien, de culture, de tolérance et de conviction. Un homme que l’on rencontre peu souvent dans sa vie … il nous manquera à tous !!
Bravo et profonds regrets. En son nom, les souhaits qu’il aurait exprimés: “Poursuivre la lutte pour un monde plus humain”…R.F.
je ne connaissais pas personnellement Fernand, mais je partage la peine de tous ceux qui ont eu la chance de rencontrer cet homme d’exception dont le combat m’inspire respect et admiration.Il va falloir continuer son combat pour voir un jour libérer tous les prisonniers Palestiniens et la reconnaissance pleine et entière du droit de ce peuple à son état.
dommage que les médias restent silencieux sur ces grands hommes!
C’est avec beaucoup de tristesse que je viens de découvrir le décès de Fernand avec lequel j’avais effectuer l’école du parti à Draveil voila plus de vingt ans.
C’était un homme généreux attentive aux autres et avait soif de solidarité , de fraternité.
Je le rencontrer de temps en temps toujours avec plaisir et joie , je ne l’oublierais pas .
Profonds regrets pour cet homme d’exception. J’espère que les hommes de bien en France de gauche et de droite continueront son œuvre pour que la Palestine retrouve enfin la Paix.