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Editorial de l’Humanité dimanche
Le sommet sur le climat et l’environnement qui s’ouvre dans quelques jours à Copenhague n’est pas une réunion internationale de plus. Elle est d’une exceptionnelle importance car elle s’inscrit dans une nouvelle conscience mondiale de la crise profondeur écologique planétaire. Elle pourrait marquer l’ouverture d’une ère nouvelle pour l’humanité.
Le réchauffement climatique bouleverse en effet, jusqu’à le menacer, le système Terre.
La réunion internationale de Copenhague doit donc impérativement se conclure par des résultats concrets. Parmi ceux-ci l’impérieuse nécessité de réduire les émissions mondiales de dioxyde de carbone, générées par les combustibles fossiles.
Il s’agit d’obtenir des engagements contraignants, des objectifs chiffrés globaux et pas seulement une somme d’objectifs nationaux, tout aussi imprécis. Jamais le besoin de solidarité entre Etats et entre les populations n’a été aussi indispensable. L’humanité ne peut faire face aux enjeux de préservation de l’environnement et du défi climatique sans cette absolue solidarité mondiale. C’est l’exact opposé des canons actuels de la mondialisation capitaliste qui promeut la concurrence, le chacun pour soi, dans une compétition qui ne peut que s’avérer meurtrière.
C’est en ce sens que tous les pays industrialisés devraient combiner et unir leurs efforts : d’abord réduire pour eux-mêmes de manière importante l’émission de gaz à effet de serre. En même temps, ils doivent honorer leur « dette climatique ». Ils ont le devoir de donner les moyens aux pays pauvres de faire face aux dérèglements climatiques dont ils sont largement responsables. La convention des Nations-Unies reconnaît cette responsabilité historique et ce devoir de solidarité.
Or, malheureusement, les dirigeants nord-américains tentent d’esquiver leur propre responsabilité. Et l’Union européenne fait à peine mieux en annonçant qu’elle engagera pour ses objectifs aux alentours de 35 milliards d’euros par an d’ici 2020, alors que le coût du réchauffement climatique est estimé à au moins 100 milliards d’euros par an pendant 20 ans. L’Union européenne s’est engagée d’ici 2020 à réduire de 20% ses émissions de gaz à effet de serre. Mais que vaut cet engagement quand la Commission européenne envisage d’exonérer de tout effort 164 secteurs industriels, au nom de la compétitivité. Nous y revoilà !
Au moment même où se prépare le sommet de Copenhague, se tient le cycle de négociation de l’Organisation mondiale du commerce pour faire des biens et des services des marchés juteux pour quelques oligopoles. L’OMC va jusqu’à dire que « l’ouverture des marchés peut contribuer aux efforts d’atténuation et d’adaptation consentis en matière de changements climatiques ». Or, c’est bien ce libre échangisme intégral, mondialisé, qui en mettant les entreprises et les services dans une compétition mondialisée ; les travailleurs manuels et intellectuels en concurrence entre eux, a multiplié les circuits de transports, a ravagé les agricultures vivrières et imposé des modes de vie destructeurs des tissus économiques locaux et de l’environnement.
Et aujourd’hui, au nom de cet ultra libéralisme codifié dans les mêmes termes à l’OMC et dans le traité européen de Lisbonne, la pollution devient elle-même un marché au travers du « marché carbone ». Les forêts et les terres des pays du Sud sont de plus en plus privatisées et avec elles les ressources naturelles. Et les privatisations des secteurs de l’énergie, des transports, de l’eau, des médicaments, des semences agricoles conduisent à cette marchandisation toujours plus grande, incompatible avec le respect et la préservation de l’environnement. La spoliation des peuples de leurs ressources naturelles va de pair avec la négation de leurs droits fondamentaux au travail, à la santé, au savoir et à la formation.
Mettre un terme aux changements climatiques appelle d’urgence de tourner le dos au capitalisme mondialisé qui empêche de construire un monde viable. La préservation de l’environnement est indissociable de la justice, la démocratie et la solidarité mondiale. Toute tentative de repeindre le capitalisme en vert est vouée à l’échec.
La nécessaire révolution écologique mondiale va de pair avec une révolution sociale et une révolution démocratique. Elles appellent à considérer la terre, les ressources naturelles et le travail humain comme des biens communs de l’humanité. Dés lors ils doivent être non marchandisables, dans le cadre d’une révolution générale de nos systèmes productifs, de distribution et de consommation. L’avenir du genre humain et de son environnement passe par un saut civilisationnel qualitatif : celui d’un processus post-capitaliste à inventer dès maintenant.
Celui-ci inclurait le projet d’une appropriation sociale publique et démocratique de ces biens communs, gérés au service de tous, contrôlés grâce à des pouvoirs d’intervention des populations sur les choix à décider en commun. En ce sens, le projet de grands services publics nationaux, européens et mondiaux, doit être envisagé sans attendre. Une agence mondiale de l’environnement, sous l’égide d’une organisation des Nations-Unies rénovée et démocratisée, impulsant un pacte social et écologique mondial est à l’ordre du jour.