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Chaque jour qui passe, la crise de la vie politique prend une inquiétante ampleur. Elle mêle désormais, dans une multitude de refus et de rejets, des aspirations très contradictoires. Faire croire que les intérêts du grand patronat et ceux des ouvriers, employés, cadres et techniciens qu’il emploie, sont les mêmes, revient toujours à satisfaire les demandes du capital. C’est ce que ne cessent de faire les gouvernements qui se succèdent parce qu’ils se conforment aux impératifs dogmatiques, énoncés par la Commission de Bruxelles et aux choix de la Banque centrale européenne, organe fédéraliste européen, élu par aucun citoyen et ne rendant de compte à personne. Cette infernale mécanique ne peut que provoquer et approfondir le sombre manteau de la crise sociale et politique qui se déploie jusqu’à prendre de dangereuses proportions.
Le peuple élit un parlement et un Président sur la base d’un programme et d’un certain nombre d’engagements qu’ils ne respectent pas, parce qu’ils se conforment aux ordres venus d’en haut. Ces ordres les Présidents de la République contribuent à les écrire, puisqu’ils sont décidés dans l’opaque et secrète enceinte du Conseil européen. Ainsi, si la Commission s’est permise cette semaine d’évaluer la politique gouvernementale française, c’est parce que désormais le traité budgétaire européen (TSCG*) que M. Sarkozy a négocié et que M. Hollande met en œuvre, le prévoit.
La Commission donne ainsi son avis sur un projet de budget que nos parlementaires n’ont pas encore voté ! Elle fait donc pression sur les élus du peuple, qui, quel que soit leur sentiment, sont sommés d’obtempérer à un prétendu « seul budget possible ». La Commission demande de réduire encore les services publics, d’aller plus loin dans la contre réforme des retraites, de concentrer la fiscalité sur des impôts indirects comme la TVA et des taxes, dites « écologiques », d’introduire plus de concurrence dans les transports, en refusant le contrôle des lignes de chemin de fer par la SNCF.
Tant que le gouvernement répondra à ses injonctions au lieu de tenir le cap sur ses engagements, il sera, comme dans les autres pays européens, déconsidéré et rejeté. Cette démarche ne fait qu’aggraver les défauts de la Vème République où un président monarque gouverne en appliquant les orientations européennes. Il doit rendre des comptes à celles-ci, mais ne répond jamais de ses actes devant le Parlement. Le premier ministre et le gouvernement devenant, dans des domaines essentiels, de simples courroies de transmission ou des exécutants de choix. Contre leurs propres engagements et les aspirations populaires, ils décident de contre-réformes des retraites ou fiscale. Le Premier ministre a lourdement tort de refuser de reconsidérer le projet de hausse de la TVA, l’impôt le plus injuste qui soit, qui doit s’appliquer au 1er janvier prochain. Ceci ne fait que renforcer la nécessité de mettre toutes nos forces dans la réussite de la marche pour la justice fiscale, le 1er décembre.
Cette servitude étouffe la République ! De même, l’application du dogme de « la concurrence libre et non faussée » conduit à des fracturations de la société, au déploiement de terribles inégalités entre régions, entre individus, sur un fond général de diminution des moyens pour vivre. Ainsi, dix-sept millions de nos compatriotes terminent le mois à 50 euros près. De plus, on divise les Français à l’aide d’un brouillage général des repères et d’une désinformation organisée. Cela conduit certains à rechercher et désigner des boucs émissaires aux causes desdifficultés. Parfois les responsables sont les femmes au travail. D’autres fois, les allocations chômage. D’autres fois encore les services publics ou encore les travailleurs immigrés. Or, les causes de la crise économique n’ont été provoquées que par les lois de l’argent libre de toute entrave et par une politique de rente financière contre le travail. Ce que nous avons souvent proclamé en disant que le problème « ce n’est pas l’immigré, c’est le banquier ». De même, le refus de donner la parole et des responsabilités aux français d’origine étrangère ou le refus d’octroyer le droit de vote à leurs parents ne peut qu’entretenir la thèse selon laquelle il y aurait deux catégories d’êtres humains. Cet état de fait nourrit les xénophobies et les racismes. D’inquiétants petits monstres, sortis de leur boîte cramoisie, se sentent si libres qu’ils se permettent d’insulter une ministre de la République, garde des Sceaux, parce qu’elle n’a pas la même couleur de peau qu’eux, tentant de la rejeter de notre humanité. Il ne faut, sous aucune prétexte, laisser faire ! Un tel déchaînement empêche de voir que demain pour équilibrer sa population active, l’Europe aura besoin d’au moins cinquante millions de personnes venues d’ailleurs.
Cela vise aussi à fermer la porte à un débat de fond, pourtant si nécessaire sur un nouveau projet politique pour la France et l’Union européenne, au lieu de les placer dans la gueule des marchés financiers. Il faut un débat serein libéré des petites phrases préfabriquées dans les agences de communication et pour d’éphémères plateaux de télévision, portant sur une politique s’attaquant aux crises sociales, économiques, environnementales, aux crises de sens et de civilisation. Les révoltes qui se développent et qui s’agglomèrent parfois, doivent pouvoir être portées par l’espoir d’une alternative, qui puise sa légitimité à partir de débats contradictoires dans lesquels les citoyennes et les citoyens doivent jouer le premier rôle. C’est en ce sens que dans l’unité, les organisations syndicales appellent à la mobilisation ce samedi, dans toute la Bretagne. C’est en ce sens, pour réclamer une loi de refondation de la fiscalité, opposée aux choix actuels et à ceux des institutions européennes, que l’ensemble du Front de gauche et d’autres forces progressistes, marcheront à Paris, vers le ministère de l’économie et des finances, le 1er décembre prochain. Soyons-y nombreux !