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Qui n’a pas partagé dans les profondeurs de son être, l’émotion et les larmes des salariés de l’abattoir Gad de Lampaul-Guimiliau dans le Finistère ? Huit cent cinquante personnes jetées dans le trou noir du chômage, avec de surcroît des indemnités chômage de misère après des dizaines d’années de travail, souvent dur. Des couples parfois, qui ont toujours un crédit pour rembourser l’achat de la maison, poussés dans l’abîme de l’endettement sans perspectives. Toute une commune, un canton asphyxié, avec son cortège de fermetures de services publics, de moyens réduits pour la municipalité.
Bref, un monde qui s’écroule. En même temps que la fermeture de l’abattoir de Lampaul-Guimiliau, cinquante salariés perdent leur travail à Saint-Martin des Champs et soixante autres près de Saint-Nazaire. La coopérative CECAB, propriétaire majoritaire de Gad, envisage aussi la fermeture dans quelques mois d’une usine de transformation de légumes à Rosporden, privant de travail cent quarante salariés à plein temps et deux cent saisonniers.
Ce nouveau drame est celui de la logique du capitalisme financiarisé. En effet la CECAB, oubliant son statut coopératif, a décidé, il y a quelques années de se lancer dans la course « à la taille » en Bretagne et hors de France en rachetant des entreprises par endettement, auprès de fonds financiers. La dette du groupe s’élevait à plus de 500 millions d’euros en fin d’année dernière. L’achat de Gad par la CECAB s’est fait à partir d’un mécanisme financier particulier qu’on appelle « LBO* », ou « financement d’acquisition par emprunt ». L’argent étant apporté par un fonds financier qui se rémunère sans cesse sur l’entreprise grâce aux taux d’intérêts exorbitants qu’il applique et se réserve donc ainsi de considérables frais financiers et versement de dividendes, au détriment des salaires et de l’investissement dans l’entreprise. Cela alimente les requins de la finance facile que sont les fonds financiers et trop souvent les banques.
Cette destruction humaine et économique est aussi celle d’une Union européenne qui fait valoir en son sein la concurrence dite « libre et non faussée » qui permet aux grands abattoirs, installés en Allemagne, d’utiliser une main d’œuvre surexploitée, venue des pays de l’Est de l’Europe, payée au prix de leur pays d’origine.
Deux actions au moins sont indispensables pour sortir de ces destructions d’activité et d’emplois. D’une part, revenir à un système de crédit public pour soutenir l’activité des entreprises et le maintien de l’emploi, la qualification de ceux-ci dans le cadre de nouveaux projets d’innovation. Ceci éviterait les situations actuelles où les rapaces de la finance subtilisent les fruits du travail humain. L’autre chantier doit consister à préserver nos capacités productives, nos filières agricoles et agro-alimentaires dans le cadre d’une autre Europe où prévaudraient la solidarité et le progrès social et non plus la loi de la jungle de la concurrence destructrice. Ceci devient urgent !
Au sein de la région Bretagne, un débat doit avoir lieu pour réfléchir à nouveau pour l’élaboration d’un nouveau type de développement humain, durable et progressiste de l’agriculture et de l’agro-alimentaire. En même temps que devrait se tenir un tel travail pour un renouveau industriel et agricole de la Bretagne, le gouvernement doit prendre des mesures d’urgence pour faire cesser cette violente saignée. En ce sens, une conférence régionale, associant les élus, les entreprises, les syndicats et comité d’entreprise, les banques, l’Etat, pour défendre l’emploi et les activités devrait être convoquée d’urgence.
On est très loin ici des faux discours sur une prétendue reprise. Les populations reçoivent, à Lampaul-Guimiliau comme ailleurs chez Jean Caby, Doux, Tilly-Sabco, Marine Harvest, Alcatel, Citroën, etc…, coup de massue sur coup de massue, à tel point que près de 4000 emplois directs dans l’industrie agro-alimentaire, auxquels il faut ajouter des centaines et des centaines d’exploitations agricoles, sont en cours de destructions. Il est urgent de ne pas laisser faire !
* LBO est un terme anglais qui veut dire « leveraged buy out »
2 commentaires
Nous en avons marre du baratin à la Hollandréous et les bretons le démontrent de façon magistrale, la colère gronde ça va mal finir, il faut arrêter de se moquer des salariés Monsieur Hollande ce n’est pas digne d’un socialiste. Après les fermetures de Florange, Peugeot Aulnay sous bois et de bien d’autres le résultat de Montebourg est lamentable et maintenant la retraite à 66 ans, Sarkozy n’avait pas fait pire.
Monsieur Hollande c’est vous le four-voyeur du vote Lepeniste!!!
le gouvt parle de reprise , mais il ne veut pas dire d”la reprise du développement , donc du travail” mais de la reprise des fermetures d’usine !!!!faut pas confondre!!