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Au-delà de la simple opération de communication politique sans lendemain, un débat citoyen approfondi sur un nouveau projet pour la « France en 2025 » est nécessaire. Il est en effet indispensable de sortir du court-termisme et de retrouver l’essence même de la politique. Celle qui consiste à fixer un cap pour que cela aille mieux pour chacune et chacun, pour sécuriser l’avenir. Celle qui renoue avec le progressisme à la française et veut contribuer à changer le monde. Malheureusement, le gouvernement ne s’est pas fixé cet objectif avec le séminaire qu’il a tenu. Un regard lucide sur le présent permet aisément de voir que, dans notre pays, les familles populaires connaissent, pour la première fois depuis la fin de la seconde Guerre mondiale, une sérieuse régression de leur niveau de vie. C’est là une nouvelle donnée historique. Les décisions prises sous les deux derniers quinquennats de la droite, tout comme, depuis un an, celles prises par le gouvernement socialiste-écologiste, vont produire de nouvelles dégradations de la vie quotidienne, de nouvelles insécurités sociales et environnementales, de nouveaux reculs des droits humains et sociaux, alors que les puissances d’argent sont sécurisées. Ceci n’a rien à voir avec un projet progressiste !
L’acceptation de ce que l’on appelle « le pacte budgétaire européen » ou la « loi de flexibilité du travail » va produire de terribles effets négatifs dont on ne mesure sans doute pas encore toute la portée. Le refus du gouvernement de donner une impulsion pour un nouveau partage des richesses, à commencer par une augmentation des salaires, alors que les prix des produits de première nécessité continuent d’augmenter, est porteur de graves dangers pour l’avenir, tout comme le refus d’une vraie réforme progressiste de la fiscalité et du crédit. Il en est de même pour le projet en débat de réforme des retraites. Au moment où doit s’effectuer le choix de taxer, soit, une nouvelle fois, les salariés et les retraités, soit la finance, le courage n’est pas d’allonger la durée de cotisation ou d’augmenter la CSG sur les familles populaires ou encore d’abaisser le prétendu « coût du travail ». Le courage c’est de taxer les revenus financiers du capital et de s’engager dans un nouveau projet de développement favorable au travail. Cette réflexion ouverte et constructive pour l’emploi est urgente. Elle est liée à l’avenir de notre industrie et des services, à la révolution informationnelle, aux mutations de l’agriculture, aux promesses d’un nouveau projet pour une politique de la mer et à l’indispensable transition écologique.
Malheureusement, malgré les discours, ce n’est pas l’option du gouvernement. Face aux inquiétudes et au mécontentement, face au désarroi de nos concitoyens, son seul objectif aura été, l’espace de quelques jours, de tenter de les convaincre qu’il fallait accepter le moment actuel comme difficile, pénible, en attendant des lendemains meilleurs. Le malheur, c’est que les décisions régressives d’aujourd’hui ne préparent rien de bon, rien de solide, rien de progressiste pour demain.
De son côté, la droite désormais en rivalité idéologique avec l’extrême-droite, réclame que l’inflexion politique à droite soit encore plus importante sur tous les sujets qui concernent la vie quotidienne. L’avenir ne se construira pas par un retour en arrière mais par de nouveaux choix progressistes. Ceux-ci concernent en premier lieu la jeunesse si maltraitée dans tous les pays européens. Elle est, avec les ouvriers et les employés, la première victime de « l’européisme ultralibéral ». Elle a besoin d’être respectée, reconnue, d’accéder à l’éducation, à la formation, à la sécurité du travail et ne pas commencer sa vie scolaire et active en sachant que l’horizon de sa retraite ne cesse de reculer.
Ceci concerne l’indispensable transformation de la mondialisation et une refondation claire de la construction européenne qui ne doit plus servir uniquement aux marchés financiers, mais à protéger les salariés, les retraités, les assurés sociaux, à impulser un projet solidaire et non plus la concurrence acharnée. La Commission européenne ne défend pas aujourd’hui un projet européen. Elle négocie la disparition de l’Europe avec le gouvernement nord-américain par un traité visant à créer un grand « marché unique transatlantique »*, dans l’objectif de sauver le capitalisme occidental contre la vie des peuples.
Préparer l’avenir c’est aussi définir un nouveau projet de coopération avec les peuples du Sud de l’Europe, ceux de l’Est et amorcer le désarmement nucléaire. Au lieu de lancer des débats réactionnaires sur le « regroupement familial » ou de stigmatiser les immigrés, l’enjeu est de créer les conditions d’une coopération de type nouveau avec les pays du Sud, favorisant leur souveraineté alimentaire, énergétique et hydrique.
On ne pourra pas affronter les défis de demain, les multiples révolutions en cours, qu’il s’agisse des révolutions numérique, écologique, démographique et l’allongement de la durée de vie par la privatisation du monde et la marchandisation de la vie. Construire un nouvel avenir progressiste passe par plus de partage des savoirs, des pouvoirs, des richesses, plus de mise en commun, plus de coopération entre les individus, les entreprises, les services, les pays. Nos sociétés et le monde ont besoin de passer à un nouvel âge de la démocratie, qui fasse que chacune et chacun puisse être maître de son avenir et de celui de la civilisation.
On est ici bien loin des petites phrases de la politique politicienne. Mais on est plus proche de la Politique. Celle qui se déploiera trois jours durant à la Fête de l’Humanité, les 13, 14 et 15 septembre prochain.
9 commentaires
Continuez de nous informer sans relâche. Si nous vivions en démocratie avec des médias indépendants, nous n’en serions pas où nous en sommes.
Penser à un monde nouveau !
Si Pierre Dac, humoriste Français définissais le capitalisme comme étant « une pyramide qui s’écroulera par la base mais dont le sommet restera en place », Immanuel Wallerstein qui est une figure incontournable de l’université américaine comme du mouvement altermondialiste a construit, sur la base des apports de Karl Marx et Fernand Braudel, une vision du capitalisme sur le long terme [.] «Tous les systèmes ont une vie. C’est vrai du plus petit système dans la nature jusqu’à l’univers. Ce qui est vrai des organismes l’est aussi des systèmes sociaux. Ils ne sont pas éternels. Il en est de même pour le capitalisme, système-monde dont l’accumulation infinie du capital est la règle première depuis cinq siècles qui a été plutôt prospère. Il a atteint le point d’une crise systémique. Il ne peut pas survivre. C’est juste un constat, pas l’expression d’un désir. »
Rêve ? Utopie ? Espoir ? On ne sait pas trop par quel adjectif aborder cette vision de frémissement d’une société atteignant une sorte de point de non retour et qui fonce à marche forcée dans une fuite en avant dans l’accumulation capitalistique vers un infini de plus en plus contestable et utopique.
Question de climat et de temps : Chacun connait la manière dont se forme la grêle : des courants ascendants tiennent en hauteur des courants froids qui occasionnent l’agglomération de gouttelettes d’eau des nuages sous forme de glaçons. Tant que la pression des courants porteurs équilibre le poids des grêlons rien ne se passe mais dès qu’il y rupture d’équilibre, c’est la grêle dévastatrice qui s’abat sur le sol… Le capitalisme est assimilable à ces grêlons qui grossissent de façon exponentielle, le tout est de savoir combien de temps encore les courants porteurs, que sont les travailleurs, résisteront au poids du système capitaliste qui les gruge et les asphyxie.
L’effet papillon ou deux conjectures et une certitude. Dans cet exemple climatique deux constats convergent vers la même issue. Les courants porteurs, les travailleurs, épuisés s’affaiblissent et le capitalisme ne peut plus se nourrir de l’énergie prolétarienne en voie de tarissement et la grêle s’abat avec le système. Dans cet exemple, en recherche constante de main d’œuvre bon marché, le capitalisme a délocalisé ses entreprises de place en place et de plus en plus loin. Après avoir aspiré les paysans vers les villes jusqu’à vider les campagnes, les entreprise se sont exportées vers les pays du tiers monde. Mais le deuxième constat est que, poussés dans ses derniers retranchements la force de travail monte en surchauffe et se révolte, faisant voler en éclat le principe d’exploitation de la machine humaine. C’est ce qui commence à ce produire dans des pays comme l’Inde ou le Bengladesh où l’on voit, chose nouvelle et impensable il y a seulement quelques années, les travailleurs exploités revendiquer des meilleurs salaires et conditions de vie.
En fin de compte, ce qui est prévisible c’est la fin du système capitaliste ce qui l’est moins c’est le moment et la force dévastatrice avec laquelle il interviendra.
Edgar Morin, sociologue, philosophe, anthropologue, dans une interview, compare l’actuel bouillonnement planétaire « à la chenille qui s’enferme dans un cocon pour devenir un papillon. Elle se détruit complètement pour devenir autre. Dans l’histoire humaine, le monde est plein de métamorphoses. La nouvelle (métamorphose) n’aura lieu qu’à l’échelle planétaire. L’ensemble des relations, de l’organisation va se modifier et il est aujourd’hui impossible de prévoir la forme que prendra cette nouvelle société monde »
Prévoir une autre société. De cette certitude nait la nécessité de prévoir quelle société remplacera l’actuelle. Nécessité d’autant plus urgente que dans tous les cas de figures les victimes les plus concernées sont et resteront toujours les classes prolétariennes, les tenants du capital disposant de parachutes dorés suffisamment élaborés pour assurer leur survie.
On voit bien que des prémices de solutions alternatives au système capitalistes naissent çà et là à travers des principes coopératifs souvent efficaces ou encore comme le commerce équitable, qui a mis plusieurs décennies à prendre une forme viable et qui s’implante peu à peu dans le système commercial mondial. Ce qui fait l’intérêt de ces tentatives alternatives c’est que nous assistons là à de systèmes économiques de relations et non pas de grandeurs comme dans le capitalisme : il s’agira donc, au sein de la nouvelle société à construire, de substituer « l’économie des relations » à « l’économie des grandeurs ».
La société nouvelle, celle qui naitra du chaos capitaliste, devra être une société humaniste qui saura mettre l’Homme au centre de ses intérêts pour sa propre sauvegarde en tant que société économique et écologique. Non seulement la Vie en tant que composante terrestre en dépend, mais dans un deuxième temps, ce changement de société devra aller encore bien au-delà en interférant jusque sur la pratique de la pensée et des croyances. Si le bouleversement sociétal monétaire est envisageable sur une échelle générationnelle, l’évolution spirituelle demandera des efforts considérables en matière de compromis humanistes : la Terre des Hommes peut être pour demain, mais il faudra que les Hommes soient plein de bonnes volontés et prendre en compte que « la diversité humaine est le trésor de l’unité humaine et l’unité est le trésor de la diversité ».
le gros problème c’est que les grelons sont en acier, la seule évolution est dans la prise de conscience de la responsabilité individuelle créatrice de l’espace-temps par la dette et ses intérêts sous forme de mémoire éternelle confrontée à la souffrance générée par des choix égocentriques. L’Instinctive Pulsation est là pour déblayer les explications, elle attend le réveil des journalistes. Pour comprendre => clic sur mon nom (Bernard)
A propos de monde nouveau , j’ai bien aimé la série de l’Huma Penser un Monde Nouveau avec en miroir en dernière page l’Histoire d’un lieu : d’ailleurs ,en ce concerne l’implantation du PCF , elle se caractérise beaucoup par une histoire sociale locale … les lieux où se construit et s’élabore le futur sont des lieux d’ancrage historique des luttes .
Pour moi c’est un point d’appui que cherchent à lui dénier les autres formations politiques qui aiment à ressasser que les temps ont changé et qui cherchent à déconnecter le politique de ses racines historiques . Un homme historiquement non averti est un citoyen manipulable .
Pour en revenir à l’action du gouvernement qui est effectivement une visée à court terme , elle est éminemment réactionnaire , incroyablement régressive même pour celles et ceux qui n’avaient aucune illusion . Le projet était dans l’oeuf du candidat Hollande et ses commanditaires du MEDEF , avant l’élection de 2012 , déjà en 2005 avec le TCE auquel le PS n’a jamais apporté de contradiction et dont il était porteur avec EELV aussi . Nous avons un gouvernement qui applique le TCE , rejeté par 55% des électeurs .
Mais cette façon de penser à court terme se répercute aussi sur le mode de pensée de chacun : chacun pense déjà à “s’en tirer”, au jour le jour , avec un emploi plus pour payer son logement que pour s’épanouir avec un travail intéressant et doté de statuts favorables au salarié .
Cette pensée axée sur un temps qui s’accélère comme la rentabilisation du Capital à court terme empêche aussi les citoyens de penser autrement , de simplement concevoir un monde nouveau .
Car déjà , concevoir un monde nouveau permet de ne rien accepter de ce que ce gouvernement entend nous imposer contre notre propre intérêt . Ce gouvernement est un casseur d’utopie . Il nous nuit et pour mieux nous nuire nous contraint à vivre et penser au jour le jour .
Pour le moment , sa stratégie permet au Patronat de trôner , malgré un rejet du projet . Mais la Résistance s’organise dans ce contexte hostile au progrès . On est dans une sorte de guerre sans armes .
Tout à fait d’accord avec toi Patrick, il faut construire une nouvelle Europe, celle qui est construite aujourd’hui est celle des banques, il faut construite l’Europe des peuples,”BON COURAGE A TOUS”…
Capital/travail.
Je suis d’accord avec J. Ortiz quant il dit :”attention a ne pas couler avec le titanic “.
A force de dire “la gauche”,le F de G est assimilé dans la tete des citoyens a un allié du PS ,donc comptable du bilan.
Dans les médias les journalistes ne disent pas : gouvernement socialistes ,mais,gouvernement de gauche ,la gauche est au pouvoir etc… et nous sommes mis dans le meme sac.
Je pense qu’il faut dépasser le clivage ,gauche droite,pour aller tout de suite vers un front citoyen,populaire,en s’appuyant sur les CONTRADICTIONS ENTRE LE CAPITAL ET LE TRAVAIL ,cela devrait rassembler plus largement.
On prend souvent en exemple la campagne electorale contre le traité constitutionnel européen .Mais la,il ne s’agissait pas de voter pour un parti,mais de dire oui ou non a un traité.
J L Mélenchon a suffisamment de vocabulaire pour s’expliquer calmement ,il devrait etre plus pédagogue .Le Front citoyen,populaire y gagnerait,mais il me semble qu’il est revenu a ses premieres amours : le gauchisme.
Les medias ne retiennent que ses “coups de gueules”,ils ne retiennent volontairement que la forme et non le fond ,renvoyant ainsi J L Mélenchon et M LE PEN dos a dos,laissant la place a l’UMP et au PS pour faire jouer l’alternance ,une fois a toi une fois a moi. Et rien ne change ou presque.
Appuyons nous sur les contradictions entre le capital et le travail pour rassembler le plus largement possible.
très bonne analyse à laquelle se souscrit totalement.
A développer lors de futur débat citoyen.
pour faire avancer toutes les bonnes idees développees plus haut et que je partage nous devons exiger plus de place dans l’audio-visuel, c’est la bataille d’idées qui fait avancer les choses. si le peuple
savait il agirait en conséquence salut!
tout à fait d’accord avec toi Patrick et aussi et surtout Vasco.
Les médias de l’audio il faut les investir ,leur tanner “la peau ” car même si l’on discute avec les gens des quartiers ou autres,nous ne pouvons pas remplacer la télé et leurs émissions pourries qui touchent chaque foyer tranquillement .
Il faut les “déboulonner”