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Au sortir de la seconde guerre mondiale, dans un pays dévasté, ruiné, s’est créé la sécurité sociale et un système de retraite solidaire par répartition sous l’impulsion du ministre communiste, Ambroise Croizat. Aujourd’hui, avec une productivité du travail qui a considérablement augmenté avec des richesses nationales chaque année infiniment plus importante qu’à l’époque, les gouvernements ne cessent de détricoter ce qui avait été créé par le Conseil national de la Résistance.
Il en est ainsi des « contre-réformes » des années 1993, puis 2003 et celle de 2010. Celles-ci ont à la fois conduit à un recul de l’âge légal de départ à la retraite, à un allongement de la durée de cotisation et à une baisse des pensions pour une multitude de catégories sociales notamment pour les femmes.
Chaque modification a été justifiée par les gouvernements successifs comme le moyen de sauver le système des retraites. Tout montre le contraire puisqu’aujourd’hui un autre pouvoir utilise les mêmes arguments pour une nouvelle étape dans la destruction des systèmes de retraite solidaire.
L’argument toujours évoqué est l’allongement de la durée de vie. Oui, depuis la libération, l’espérance de vie s’allonge. Et c’est tant mieux.
Ceux qui utilisent cet argument souhaitent-ils une réduction de l’espérance de vie ? Cet allongement de la vie n’avait pas empêché le gouvernement de gauche de 1982 de porter le droit à la retraite à 60 ans et d’augmenter le niveau des pensions. Il l’avait fait en utilisant une partie des moyens financiers nouveaux dégagés par l’augmentation de la productivité du travail : le gouvernement d’aujourd’hui fait l’exact contraire du gouvernement de gauche de l’époque.
Ceux qui ont terminé leur période de travail continuent d’être utiles à la société. Il n’y a aucune raison de les priver de la part des richesses qu’ils ont contribué à créer durant quarante à cinquante ans de leur vie au travail. Ajoutons que ce qui rend encore plus inacceptable la situation c’est le niveau de pauvreté de plus en plus élevé de plus en plus de retraités.
La vérité est que depuis plus de vingt ans, les pouvoirs successifs ont décidé de satisfaire les demandes des grandes entreprises de cotiser moins aux régimes de sécurité sociale et de retraite. Or, l’originalité du financement de la sécurité sociale était l’utilisation d’une part de la plus-value issue du travail utilisée pour le bien commun, la santé, la protection sociale.
Une autre réforme serait possible en modulant les cotisations sociales patronales en fonction des emplois créés ou maintenus et les augmentations de salaires tout en taxant les revenus financiers du capital.
L’autre grand enjeu concerne l’emploi. Pour sécuriser les retraites, il faut sécuriser le travail donc taxer la spéculation financière.
Une grande action contre la précarité du travail et l’aide au maintien et au développement de l’emploi combiné avec la formation serait le plus sûr moyen de donner un avenir progressiste à nos systèmes de retraite.
Un gouvernement de gauche n’a pas pour mission le recul social mais au contraire le progrès social et humain. Le gouvernement doit donc écouter les organisations syndicales et les travailleurs et non les demandes patronales.