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Un céréalier de Meurthe et Moselle, atteint d’un cancer du sang, vient de faire reconnaître par le tribunal d’Epinal que la cause de sa terrible maladie était due à la manipulation des produits de traitement phytosanitaires, commercialisés par les firmes Syngenta, Bayer ou BASF. Ces produits contiennent du Benzène ou du Toluène, dont le lien avec le cancer est prouvé. Mais l’étiquetage sur les bidons ne le mentionnait pas.
En février, un autre agriculteur de Charente avait fait condamner la multinationale Monsanto pour un empoissonnement dû à un herbicide, le lasso. Ainsi, les médecins et les tribunaux commencent à montrer que les agriculteurs sont les premières victimes de l’utilisation intensive de la chimie dans la production agricole. Et il faudra se pencher encore plus profondément sur les conséquences des pesticides, des herbicides, des antibiotiques sur le corps humain. L’institut de veille sanitaire vient de révéler que le taux de pesticides dans le corps humain est le plus élevé chez les français, comparé aux autres pays.
D’autre part on apprend que, malgré les alertes de l’agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail, près d’une dizaine de produits chimiques présentent des risques sanitaires pour l’utilisateur, qu’il soit paysan, jardinier ou salarié agricole.
Et voici que pour corroborer la dangerosité de ces produits, la Commission européenne vient enfin d’interdire, pour un temps, l’usage de trois produits chimiques baptisés « néonicatinoïdes », utilisés sur des cultures attractives pour les abeilles, d’autres pollinisateurs sauvages tels que des papillons ou des bourdons, notamment sur le maïs, le colza, le tournesol et le coton. Ces produits qui constituent un enrobage des semences avant les semis, conduisent à faire sécréter à la plante des toxines, tout au long de sa vie, faisant mourir les abeilles, avec toutes les conséquences que cela provoque à long terme. Les abeilles sont en effet au cœur d’un complexe dispositif de pollinisation à la base de la vie végétale et humaine. L’étude qui a amené à la décision de suspension pour deux ans a été menée par l’autorité européenne de sécurités des aliments, qui, en janvier dernier, a conclu que les pesticides, dont le cruiser, le gaucho et poncho constituaient un risque pour la santé des abeilles. Le développement de ces technologies, depuis les années 1990, correspond à une amplification du déclin du nombre des abeilles et autres insectes pollinisateurs. Cette décision doit être saluée. Malheureusement, elle intervient avec dix années de retard, alors que des alertes ont été lancées depuis très longtemps. De plus la durée de suspension de deux ans frise la plaisanterie si cela n’était pas si grave, quand on sait que la persistance dans l’environnement des molécules en cause dure plusieurs années.
Qu’il s’agisse de la santé humaine ou de la capacité même de la production agricole à perdurer, l’intensification de la mainmise du complexe agro-chimique sur le travail paysan est préjudiciable. La question de l’aide à la bifurcation progressive de la production agricole et alimentaire pour la libérer rapidement des puissances agro-chimiques et pour progresser vers un autre modèle de production, plus économe en intrant est désormais posée avec force pour la santé des producteurs et celle des consommateurs. On ne connaît en effet pas toutes les conséquences négatives induites par l’utilisation toujours plus grande de la chimie dans nos modèles de production. Evidemment, une telle transition ne peut qu’être progressive, tant il faut respecter les systèmes biologiques, climatiques et le travail paysan lui-même. Un nouveau type de production et de développement doit être accompagné par de nouveaux modèles économiques dans lesquels on rémunère d’abord le travail paysan et tout ce qu’il induit comme bien public, lié à la santé, l’environnement, l’amélioration des paysages et la valorisation des territoires.
De la vache folle au cheval roumain, vendu comme un « minerai » à place de la viande de bœuf, de la pollution des eaux par les nitrates jusqu’à cette dernière affaire de foie gras, il est urgent de redéfinir un nouveau projet agricole et agro-alimentaire au service des êtres humains et non plus des complexes agro-industriels et bancaires qui l’orientent pour leurs profits, en surexploitant le travail paysan.
1 commentaire
Lorsqu’il n’y aura plus d’abeilles il n’y aura plus de vie.
Le profit avant tout !
On récolte toujours ce que l’on sème !