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Beaucoup d’éléments indiquent que la longue émission du chef de l’Etat marque un tournant politique. Après dix mois d’exercice du pouvoir, il a confirmé la justesse, selon lui, des orientations qu’il a déjà prises qui pourtant ne produisent pas les résultats attendus par la majorité de nos concitoyens. Celles-ci font la part belle aux demandes du grand patronat, des marchés financiers et des agences de notation. Il leur a promis l’allègement de la fiscalité sur la transmission d’entreprise, tout en faisant du cadeau de vingt milliards d’euros, baptisé « pacte de compétitivité », ainsi que du projet de loi sur la flexibilité, son crédo.
Mieux, il a ouvertement proposé que le Medef soit associé au processus parlementaire, de telle sorte que cette loi corresponde bien à ses désirs. Sans doute au nom de cette exclamation : « Et les chefs d’entreprise, leur réussite est la nôtre ». Pour les salariés, il n’aura prévu que l’augmentation de la durée de cotisation, ouvrant droit à la retraite, une modification des allocations familiales et des indemnités de chômage, dans le seul but de faire des économies. Des thèmes de sa campagne électorale, défendus encore jusqu’à ces dernières semaines, comme celui du « redressement dans la justice », ont disparu. Autrement dit, la thèse selon laquelle les deux premières années du quinquennat seraient difficiles et les trois suivantes destinées au partage des fruits d’une « croissance retrouvée » disparaît au profit d’un nouveau concept fumeux : celui d’un « dépassement » d’on ne sait quoi !
Alors que celles et ceux qui l’ont porté au pouvoir pour sortir des dix années de politique de droite, attendent au moins une inflexion dans le sens de la justice sociale, de la défense de l’emploi, de la lutte contre la pauvreté et la précarité, F. Hollande aura voulu faire sentir qu’il reniait sa qualité de « socialiste », sans jamais prononcer le mot « gauche », pour se cacher derrière cette thématique ambigüe de « Président de tous ». Son prédécesseur affirmait l’être également, tout en se plaçant dans « la droite décomplexée » selon ses propres termes.
En vérité, ce glissement est le cœur d’un tournant politique qui assume le fait qu’il met en œuvre les politiques dictées par les institutions européennes et présente la soumission aux marchés financiers et aux agences de notation, comme inévitable, à l’opposé de ses discours contre la finance et pour la réorientation de l’Europe.
Dix mois seulement après son élection dans un climat de grande défiance, d’affaires touchant l’un de ses ministres, comme l’ancien Président de la République et d’autres, de crises décuplées à Chypre ou en Italie, de montée du chômage et de ses drames humains, de cascades de fermetures d’entreprises, après le choc des résultats des législatives partielles de Beauvais, l’engagement de la droite jusqu’à des manifestations dans la rue, F. Hollande a consacré plus d’une heure d’émission à tenter de faire croire qu’il tenait la barre, qu’il était un chef, s’inscrivant dans une posture qui emprunte beaucoup à son prédécesseur, dans laquelle il revendique tout, affirme tout décider jusqu’aux « achats des administrations qui seront désormais tous regroupés », oubliant l’existence d’un Premier ministre, d’un gouvernement, d’un Parlement et de partis politiques de gauche et écologiste.
Ainsi, la tentative de dépolitiser les débats pour adopter la thèse de F. Bayrou selon laquelle il n’y a ni gauche, ni droite, est forte dans la perspective de recherche d’une « troisième alliance », devenant naturelle puisque les données chiffrées, les normes économiques s’imposent à tous comme des évidences. C’est le sens du concept de « boîte à outils » qui fait que la gestion du pays est conduite selon un mode d’emploi immuable, que vous achetez avec votre meuble. Ici le catalogue est expédié par la Commission de Bruxelles, le Fonds monétaire international et les agences de notations. Or, F. Hollande a été élu précisément pour que l’on sorte des injonctions du fameux catalogue austéritaire. L’oublier ne fera qu’approfondir le fossé entre le gouvernement et le monde du travail, de la création et les retraités, avec les dangereuses conséquences qu’une telle situation recèle. La combinaison d’un retour à une monarchie présidentielle, le renoncement aux engagements et plus encore aux objectifs de gauche dans le cadre d’une souveraineté des Etats européens de plus en plus rongée, aggravera encore, non seulement la crise de l’Etat, mais la crise de la représentation politique, qui ouvre la porte aux décompositions de tout le champ politique sur lesquelles commencent a prospérer l’extrémisme de droite.
Voilà qui doit alerter tout républicain ! Voilà qui confère de nouvelles responsabilités aux forces progressistes, aux électrices et électeurs de gauche et au-delà pour impulser une multitude de débats, pour s’organiser afin de faire émerger des idées nouvelles pour dépasser la crise historique du capitalisme financier, comme l’a fait le forum social mondial de Tunis, pour agir concrètement dans l’unité sur les chemins nouveaux d’une révolution démocratique, citoyenne, populaire pour un processus de changement à gauche en France et en Europe. Un Front de gauche ouvert, accueillant, unitaire, pour toutes celles et ceux qui, aujourd’hui s’inquiètent et cherchent une issue de gauche aux choix actuels, est plus utile que jamais. Il doit se mettre au service de toute la gauche sociale et politique pour inventer une nouvelle unité populaire pour des alternatives à l’austérité, pour la sécurité du travail, de l’emploi et la formation mais surtout pour une grande mobilisation pour une nouvelle renaissance de nos pays dans le cadre de l’indispensable transition écologique. Un nouvel avenir appelle une toute autre ambition que le tournant présidentiel !
4 commentaires
Est-ce qu’il y a eu seulement un “bon” tournant, est-ce qu’il y a eu seulement une bonne route ? Il n’y a pas de tournant sur leur route, il y a une orientation SANS SURPRISE et faire croire le contraire c’est tromper les gens. Leur route c’est celle du patronat depuis le départ ; celle du capitalisme, en tout cas, et y compris de sa forme la plus néfaste, le libéralisme ! Sans surprise. Nous n’avons pas voté pour eux ; ne pas l’oublier : nous avons voté CONTRE la droite en nous servant du seul moyen à ce moment-là : le bulletin, l’autre. Ce sont nos adversaires, au même niveau que les autres. Et peut-être pires. Il s’agit de les JETER à la poubelle, maintenant
Bonjour Camarade Député,
Oui ce tournant présidentiel va à l’ évidence dans le décor ultra-dangereux , mais nous étions prévenus et nous nous ne faisions aucune illusion , car depuis 1992 cette U.E. est ultra-libérale même si la social-démocratie cachait sous le coude toutes les dérives de ce capitalisme en stade suprême . Tout ce que tu analyses est pertinent et très juste et ton Appel à une grande mobilisation pour être sur la route et pas dans les décors devraient être entendues , et nos forces militantes sont prêtes avec tout le prolétariat et la Classe Ouvrière en Luttes pour se mobiliser . Mais il y a une autoroute ultra dangereuse qui pointe celle de verglas épais celle de la froidure de l’ Alaska à savoir le G.M.T. le grand marché transatlantique et tu peux aller sur le site ” Atlantic Council” en particulier un article de février 2013 : An économie de NATO : pour une Nouvelle Alliance vers un nouvel Ordre Mondial ” .
L’ impérialisme U.S. en clair pour comprendre que cette U.E. est l’ objectif à soumettre pour casser toutes les conquêtes et en particulier le Programme du C.N.R. qui se trouve en grandes lignes dans notre Préambule de 1946 . Donc Résistance plus que jamais .
Salutations militantes et fraternelles .
Michel Berdagué
Il avait dit “la droite décomplexée”. A quand cette “gauche décomplexée”. Cette boîte à outils quand je travaillais au ministère des finances ils en parlaient, c’est une vieille idée d’agence de communication. Ces faiseurs d’insignifiance de la réalité.
Cordialités
“Après dix mois d’exercice du pouvoir, il a confirmé la justesse, selon lui, des orientations qu’il a déjà prises” : Cela montre bien qu’il n’y a absolument aucun tournant dans leur orientation, mais qu’ils poursuivent leur sale politique. Cela ne surprend personne, du moins chez les sympathisants et militants du Front de gauche et tous les révolutionnaires avertis. Nous n’avons pas voté POUR eux pour cette raison ; nous avons utilisé leur bulletin (“l’autre” comme avait justement dit Mélenchon) pour barrer la route à la sarkozie ; il s’agit maintenant de JETER A LA POUBELLE ces gestionnaires dociles du néo-libéralisme pour empêcher le retour de la droite officielle – et peut-être même pire. Leur route n’est pas la nôtre. Ils ne sont pas “la gauche” ni “de gauche”.