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Alors que le secteur avicole breton est déjà dans une grave crise, voici que la Commission de Bruxelles n’a rien trouvé de mieux à faire que de lui porter un nouveau coup de grâce avec la décision autoritaire de supprimer les crédits européens soutenant les exportations.
Les grands groupes dominants dont Doux et Tilly Sabco ont immédiatement réagi, … non contre la décision de la Commission, mais contre les aviculteurs en annonçant une diminution immédiate du prix d’achat de la volaille, une réduction des quantités à produire et une baisse d’activité des usines se transformant en réduction d’emploi. Prétexte ? Oui, en partie ! Puisque le maintien des restitutions aux exportations depuis des années n’a pas empêché le groupe Doux de liquider des usines, des emplois et des éleveurs.
Cependant, dans la phase actuelle, il est nécessaire de maintenir ces aides aux exportations, tout en menant une discussion entre les pays pour créer progressivement les conditions de la souveraineté alimentaire dans les pays importateurs et une mutation de notre industrie de transformation agro-alimentaire pour créer plus de valeur ajoutée à partir de nos productions. Ceci suppose évidemment d’assurer des prix garantis aux producteurs avicoles, comme aux autres pour des volumes régulés de production.
Ce n’est évidemment pas le chemin pris par la prochaine « réforme de la politique agricole commune ». Après le vote de la Commission agriculture du Parlement européen, nous redoutons un « statut-quo » entérinant les déréglementations et les libéralisations passées. Après avoir débattu près de 8000 amendements, la Commission du Parlement européen n’a proposé aucune disposition nouvelle pour la création de prix de base stables à la production. Tout juste a-t-elle acté le concept « d’agriculteurs actifs » pour exclure certains abus dans l’attribution des aides, mais elle n’a plafonné celle-ci qu’à hauteur de 300 000 euros. Plusieurs études ont pourtant montré qu’un plafonnement à 100 000 euros des aides par exemploitation aurait permis de dégager 7 milliards d’euros pour soutenir les petites fermes.
Les grandes déclarations sur un prétendu « verdissement » qui aurait aussi permis de défendre mieux une agriculture paysanne et surtout, grâce à une rotation des cultures, préserver la biodiversité, les sols et permettre de compenser un peu nos déficits en protéagineux n’ont accouché de rien.
De même l’harmonisation intra-européenne se fera à pas très lents puisque les mécanismes dits de « convergence » favorisent plutôt les anciens membres de l’Union européenne. Ceci ne fera qu’amplifier encore la concurrence au détriment de l’emploi, des territoires et de la qualité.
Enfin, aucun système nouveau d’amélioration des prix ou de régulation de production n’est envisagé. Les seules nouveautés consisteraient à favoriser la création d’organisations de producteurs et de fonds d’assurances privées pour, prétendument garantir un revenu en cas de crise. Le terrible exemple du lait montre l’inefficacité de tels projets et les systèmes d’assurances privées sont un moyen de plus de financiariser ce qui relève de l’intérêt public. La suppression des quotas laitiers est maintenue. Les quotas de production du sucre sont maintenus jusqu’à l’année 2020 et le droit de plantation jusqu’en 2030.
Bref, si le Parlement votait ces textes en séance plénière à la mi-avril, nous serions dans une sorte de statut-quo ultralibéral contre les paysans, l’emploi et la vie de nos territoires. Ceci serait encore renforcé par les actuelles prévisions de baisse du budget européen qui peuvent aller de 80 milliards à 105 milliards pour la période qui s’étale de 2014 à 2020. Cela reviendra à réduire considérablement les moyens pour un développement social et durable de la production agricole. L’action, en direction des députés européens d’ici le vote ne sera pas inutile pour une autre politique agricole commune.