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Le 2 octobre dernier, le Premier ministre expliquait aux députés que le traité européen Sarkozy-Merkel n’était qu’une « étape » pour permettre la « réorientation de l’Europe », avec cet argument inouï : « Formellement, vous allez être appelés à voter sur la ratification du traité, mais à travers votre vote, c’est sur la réorientation de l’Europe que je vous appelle à vous prononcer ». C’est comme s’il avait dit « en votant pour un traité de droite, vous ouvrez la voie à une Europe de gauche ».
Et depuis, c’est au nom de l’application stricte des règles de ce traité austéritaire que les familles sont toujours plus ponctionnées, que le SMIC ne sera pas relevé au 1er janvier, que les retraités vont subir de nouveaux prélèvements. A peine le budget de la Nation est-il voté que le gouvernement présente une loi de rectification pour réduire à nouveau les dépenses publiques de sept à huit milliards d’euros pour financer les vingt milliards d’exonérations supplémentaires d’impôt sur les sociétés, dont vont bénéficier les grands groupes industriels et financiers. Voici que la sarkozyste « réduction générale des politiques publiques » (RGPP) devient, par une sorte de magie noire où les promesses se transforment en leur contraire, une « MAP » ou « modernisation de l’action publique ». Que de beaux mots pour cacher la régression sociale.
Ceci aura de nouvelles conséquences négatives sur les services publics, les aides au logement, les finances des collectivités locales et toutes les actions culturelles. Et en bout de chaîne, sur l’activité et la croissance elles-mêmes. François Hollande avait raison, durant la campagne électorale, de se fixer l’objectif, comme nous le faisions nous-mêmes, de « réorienter la construction européenne ». C’est en effet à partir de cette ambition qu’on peut ouvrir la voie à une Europe plus sociale, plus solidaire, se fixant l’objectif du développement productif et écologique, créateur d’emplois, de manière coordonnée entre tous les pays.
Sept mois après son élection et au terme du cinquième sommet européen auquel il participe, force est de constater qu’il n’existe même pas un embryon de projet de réorientation européenne.
On nous a beaucoup vanté une enveloppe de 120 milliards d’euros pour la croissance. Tout le monde peut constater qu’on n’en trouve pas la moindre trace pour consolider ou relancer Florange, l’industrie automobile, le budget européen, pas plus que pour améliorer la vie dans les quartiers populaires. L’enveloppe était donc vide.
Désormais, au gouvernement, on explique qu’il faut attendre les élections en Italie, puis les élections allemandes. Et pourquoi pas la Saint glinglin ? De croissance il n’y en a pas. Le chômage bat sans cesse des records. En Grèce et en Espagne on attend depuis des mois une recapitalisation du secteur bancaire. En fait, c’est bien l’austérité qui, non seulement, tue toute forme de croissance mais détruit des capacités humaines de productions et de services.
Parmi les résultats du Conseil européen, on nous annonce pour la fin… 2014, une supervision centralisée des banques, amendée par Mme Merkel. En tout état de cause, même si l’idée doit être étudiée, on ne voit pas bien l’efficacité d’une telle procédure, dès lors qu’elle se fait sous l’égide et aux conditions de la Banque centrale européenne. Dit plus crument, cette dernière a pour mission de contrôler les bonnes conditions de la… spéculation et non pas l’orientation de l’argent vers le développement humain durable, l’harmonisation par le haut des législations sociales, la défense et la promotion de la sécurisation du droit au travail et à la formation pour chacune et chacun, l’accès à de nouveaux services publics, permettant à toutes et tous d’accéder aux biens communs humains.
La Banque centrale continue de prêter aux banques à des taux d’intérêt inférieurs à 1% et refuse de prêter aux mêmes conditions aux Etats que ces mêmes banques asphyxient. Dans ce projet « d’union bancaire », on ne sait toujours pas qui doit payer en cas de faillite bancaire. Nulle part n’est évoqué le projet d’un quelconque système de mutualisation des dettes, laissant ainsi les Etats dans la situation d’être acculés pour sauver les banques.
Plus grave encore, notre chef de l’Etat a accepté des conclusions d’une extrême gravité, en ligne droite avec l’article 11 du traité européen (TSCG). Elles consistent à obliger chaque pays à « faire en sorte » que « toutes les grandes réformes de politique économique qu’ils envisagent d’entreprendre » soient soumises au préalable à la Commission de Bruxelles (a).
Autrement dit, c’est M. Barroso qui décide de la politique économique de la France, après avoir obtenu le droit de décider des budgets puisque la Commission présente « une proposition relative à un cadre pour la coordination préalable de grandes réformes de la politique économique » (a) et ceci est renforcé par le lancement de « contrats de compétitivité et de croissance ».
Il s’agit de cadenasser encore plus les Etats en les obligeant à des « réformes structurelles ». En langage européiste, cela signifie qu’un Etat peut bénéficier de la solidarité à condition de remettre en cause son code du travail, son régime de retraite, de santé ou de sécurité sociale. Au lieu de refuser cette mortifère logique, le cabinet élyséen laisse entendre que : « Nous ne voulons pas seulement des contrats pour mettre en place des réformes des retraites ou du marché du travail, nous souhaitons y intégrer la politique de compétitivité et de croissance des Etats ». Autrement dit, il demande que Bruxelles remercie le gouvernement français du pacte de compétitivité qui octroie, sans contrôle, vingt milliards de cadeaux fiscaux au capital en les faisant payer par l’augmentation de la TVA, le blocage du SMIC et la réduction des services publics.
Mais, où est donc passé le projet de la campagne électorale de « réorientation de la construction européenne » ? Plus que jamais le projet d’un front européen des peuples contre l’austérité et le chômage, en faveur d’un développement maitrisé solidaire, est à l’ordre du jour.
20/12/2012
(a) Article 12, alinéa a, page 4, des conclusions du Conseil.
Voir aussi « L’Europe des peuples nous appelle » Patrick Le Hyaric, éditions de l’Humanité
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l’idée de réorientation de l’Europe est passée, comme tant d’autres, au cimetière des promesses électorales,formulées pour se faire élire, mais jamais tenues : plus que jamais, le Front de Gauche doit apparaître et se renforcer si on ne veut pas le retour de la droite voire de la droite extrême
le front de gauche, plus que jamais unis, en opposition avec le gouvernement actuel et le chef de l’état, élu pour chasser Sarkozy doit nous fédérer afin d’avoir la force nécessaire pour, non seulement lutter contre cette politique de droite dure, mais aussi pour obliger mr Hollande à reconnaître qu’il n’est là que par notre volonté, pour nous servir, nous les français et pas les banques américaines et les agences de notation !