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On se souvient peut-être de tout le mal que pensait l’un des candidats à l’élection présidentielle de la TVA sarkozyste. A Brest, le 30 janvier 2012, il déclarait ceci : « Je la considère inopportune, injuste, infondée et improvisée ». Voilà qui était déjà un jugement sévère. Mais il ajoutait : « C’est inopportun d’augmenter la TVA au moment même où la croissance se ralentit, de l’aveu même du premier ministre, c’est infondé. La compétitivité n’est qu’un faux prétexte. Ce n’est pas en abaissant les cotisations patronales de quelques points qu’il y aura quelque progrès que ce soit dans notre commerce extérieur. Il y a là un mauvais prétexte pour une mauvaise cause ».
Ce candidat est devenu président de la République : François Hollande. Pourquoi ce qu’il jugeait, à juste raison en février, avec une telle sévérité est devenu sa politique aujourd’hui ? Avec le premier ministre, ils viennent en effet de décider d’un nouveau cadeau de 20 milliards d’euros aux grandes entreprises sans contrepartie. Cette somme sera payée par chacune et chacun de nous à chaque fois que nous achèterons quelque chose, avec l’impôt le plus injuste qui soit : la TVA. Et l’autre impôt en cours de gestation est une taxe prétendument écologique. Nous sommes là dans le droit fil de l’application des orientations que Merkel et Sarkozy ont baptisé le « pacte euro plus ». C’était leur programme commun.
Un gouvernement socialiste et écologiste n’a pas à appliquer ce programme, pas plus qu’il ne devait faire adopter, comme il l’a fait, le nouveau traité européen d’austérité budgétaire et la loi de programmation budgétaire qui en découle. C’est parce que cette loi, qui détermine les orientations du budget de la Nation pour plusieurs années, pousse à la réduction des crédits publics pour l’investissement comme pour les services publics que les parlementaires communistes et Front de Gauche ne l’ont pas votée. Ils ne se déterminent que sur la base d’un seul critère : l’intérêt général, l’intérêt des populations et l’efficacité économique. Or, les politiques d’austérité qui appauvrissent les familles populaires vont provoquer une grave récession qui aggravera encore le chômage.
Cela fait des années que les gouvernements successifs diminuent les contributions des entreprises au bien commun. Ceci n’a servi qu’à enrichir les grands actionnaires, à augmenter les profits sans aucun bénéfice pour l’emploi et les investissements d’avenir. De leur côté, les petites et moyennes entreprises sont elles-mêmes écrasées, à la fois par les restrictions de consommation, par les prix que leur imposent les grandes multinationales et par des taux trop élevés du crédit.
En choisissant la gauche au printemps dernier, une majorité de nos concitoyens aspirait à sortir des choix qui nous menaient à l’impasse. Voilà que le gouvernement socialiste les reprend à son compte, comme si on était autorisé à changer de gouvernement mais c’est toujours la même politique qui s’applique. Ceci est particulièrement grave.
Il serait pourtant indispensable de progresser vers un autre partage des richesses valorisant le travail améliorant les retraites et la protection sociale, une nouvelle fiscalité poussant dans le sens de la justice et de l’efficacité économique, des dispositifs nouveaux pour défendre l’emploi et le travail partout. Dans l’immédiat, il serait indispensable pour chaque plan de licenciement annoncé ou entreprise se déclarant en difficulté, de réunir des commissions départementales ou locales, sous l’autorité des préfets et des commissaires régionaux au redressement productif, associant les représentants des personnels, les élus, les responsables d’entreprises, les banques, pour examiner les moyens d’éviter tout plan de réduction d’emploi et d’impulser un nouveau développement. Le secteur bancaire et financier doit être mis au service de ces objectifs et non de la rapacité de la finance. Enfin, un gouvernement au service du monde du travail et des retraités devrait non seulement résister aux injonctions européennes, mais se placer à l’avant-garde d’un mouvement de réorientation-transformation de l’actuelle construction européenne.
Le seul moyen d’affronter la crise est d’affronter le monde de la finance. Un gouvernement qui se réclame des idées socialistes devrait le faire et se placer résolument du côté des aspirations populaires. Il ne le fait pas. Les conséquences peuvent en être terribles pour la vie de l’immense majorité qui va souffrir encore plus, mais aussi pour la situation politique car c’est sur ce ferment de crise et d’engagements non tenus que se développe l’inquiétante extrême-droite.
A nous, aux forces de résistance et de progrès de se mobiliser.
Le 13 novembre 2012
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