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En fin de semaine dernière, une immense foule, bien plus importante que l’an passé, a envahi la Fête de l’Humanité.
Jeune et combative, souriante et fraternelle, rayonnante sous le soleil d’automne, elle a cherché durant trois jours à ouvrir les portes de nouvelles espérances quelques mois après avoir sorti la droite sarkozyste des palais officiels. Dans les débats comme sur les scènes, l’aspiration à refaire le monde a parcouru la fête de son humanité et de sa solidarité.
De Barbara Hendricks saluant l’exceptionnalité de l’événement, à Patti Smith lançant à un public de près de quatre-vingt dix mille personnes dans la nuit tombante : « ici, c’est vous le peuple qui avez le pouvoir ». De Richard Bohringer et Bernard Lubat portant en musique les révoltes et les espoirs, aux grands orchestres de Radio France ou de Divertimento, rendant soudain accessibles de grandes œuvres musicales. Dans toutes ses dimensions, la Fête aura été à l’unisson des grandes manifestations qui se déroulaient au même moment en Europe : à Bruxelles jeudi dernier, au Portugal et en Espagne, avec une puissante mobilisation d’un million de manifestants à Madrid.
Mélange indescriptible que semblent construire à chaque instant ses participants, sur les pelouses et les scènes, sous les chapiteaux de débats comme sur les estrades, joyeux, heureux et sérieux à la fois. Car dominait l’exigence de voir le chantier du changement porter partout et pour tous ses fruits espérés depuis tant d’années.
Face à l’ampleur des drames qui s’annoncent, des plans de licenciement en cascade, une manifestation pour l’emploi de salariés venus d’une multitude d’entreprises de toutes les régions, a fait résonner ses revendications. Chacune et chacun apportant sa pierre, son expérience, ses propositions, ses questionnements, ses doutes aussi, confronté à la complexité et la durabilité de la crise.
L’ambition d’être utiles et efficaces à la construction d’un rapport de forces plus favorable à la satisfaction des attentes populaire aura marqué cette puissante édition de la Fête.
Il faut dire que les forces de la droite sarkozyste, le MEDEF, les puissances financières et les institutions européennes sont mobilisées comme jamais pour défendre leurs privilèges. Elles pèsent sur les choix du gouvernement qui n’y est pas insensible. Ainsi, la volonté de s’en prendre à la finance pour un autre partage des richesses qui bénéficie au monde du travail, de la création et à la renaissance du pays est beaucoup moins affirmée que pendant les campagnes électorales. Pourtant, candidat François Hollande, avait désigné la finance comme l’ennemi. Il demeure le nôtre.
Sa déclaration affirmant sa volonté d’inverser la courbe du chômage répond aux espoirs de nos concitoyens. Mais des actes nouveaux sont indispensables pour y parvenir.
Notre ambition est d’être utile pour une puissante mobilisation afin que ceci devienne réalité. Ce serait s’attaquer au tonneau des Danaïdes si on devait en rester à des dépenses utiles amputées de 10 milliards d’euros qui freineraient l’activité. Ce qui au bout du compte augmenterait le chômage. Comment le réduire si un moratoire pour la recherche de solutions alternatives ne vient pas barrer la route à la déferlante des plans de licenciements ? Comment empêcher la reproduction des drames comme ceux de PSA, Doux, Fralib… Si on continue de laisser les dirigeants d’entreprise décider seuls en refusant d’adopter une loi qui donne des pouvoirs d’intervention aux salariés dans la gestion de leurs entreprises ? Si la justice fiscale tarde à s’imposer, les familles modestes, les couches moyennes seront une nouvelle fois injustement mises à contribution pour compenser la faiblesse des prélèvements sur le capital et la rente. Ce serait injuste et négatif pour la consommation, l’activité et l’emploi. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la pression sur les salaires et les pensions aboutirait au même résultat, faisant reculer d’autant la perspective de retrouver les voies du plein emploi.
Tout cela doit donc être réexaminé, sinon notre pays subira le même sort que ceux qui en Europe, au nom de la réduction de la dette, appliquent une austérité de plus en plus sauvage. Elle aggrave les souffrances des plus faibles, produit de la récession, réduit les ressources de l’Etat et des organismes sociaux. Le chômage et la précarité explosent. Les dettes et les déficits aussi. Bref, le prétendu remède imposé n’a fait qu’approfondir la crise qu’il prétendait guérir. Nombreux sont ceux, d’opinions politiques les plus diverses qui s’en inquiètent. C’est ainsi que le prix Nobel d’économie, ancien directeur de la Banque mondiale, a montré dans un grand entretien à l’Humanité que « l’austérité est un désastre ».
Pour aider le gouvernement à prendre les bonnes décisions, une mobilisation citoyenne s’impose qui ne laisse pas les seuls tenants du retour en arrière freiner des quatre fers mais qui appuie sur l’accélérateur du changement.
Le nouveau traité européen, co-écrit par N. Sarkozy et A. Merkel, n’a pas cette vocation. Au contraire, il se propose d’imposer partout l’austérité à perpétuité en substituant à la souveraineté des Parlements nationaux et des citoyens la toute puissance d’organismes européens non-élus. C’est d’ailleurs ce qu’écrivait l’actuel Premier ministre, le 22 février 2012. Il avait qualifié le traité européen de « carcan budgétaire concocté par M. Sarkozy et A. Merkel qui étend l’austérité infligée à la Grèce à toute la zone euro ». Ce qui était vrai en février, l’est toujours en ce mois de septembre.
L’adopter serait donc un lourd handicap pour qu’une politique nouvelle change le cours des choses en France et en Europe.
La question est donc grave et sérieuse. Elle touche au présent et au devenir de notre pays, aux droits sociaux démantelés, à la capacité laissée aux citoyens de choisir librement, démocratiquement leur destin. De réorienter dans le sens de la solidarité, de la justice et de la coopération entre les peuples une construction européenne qui, si elle restait dans l’état où le nouveau traité veut la figer, continuerait d’aggraver la crise et de susciter un rejet de toute idée de coopération européenne..
Quand un problème est si sérieux, il faut pleinement informer la population, animer un large débat public qui permette à chacun de se faire une opinion pour ensuite pouvoir décider, en connaissance de cause, à l’occasion d’un référendum. C’est ce que font nos journaux l’Humanité et l’Humanité Dimanche, les seuls qui ont publié ces textes. Les seuls qui ont mis à votre disposition une pétition pour un référendum qui a déjà recueilli près de 200 000 signatures. La démocratie vivante est facteur de rassemblement et d’union.
Un succès de la grande marche unitaire du 30 septembre prochain, pèsera dans le sens de la démocratie et d’une réorientation profonde de l’Union européenne. Nous vous invitons à nous y retrouver massivement.
Le 20 septembre 2012
Le supplément de l’Humanité “Spécial pétition pour une référendum” est à votre disposition en cliquant ici.
Pour vous procurer “L’Europe des peuples nous appelle !”, mon livre d’analyse et de décryptage du traité budgétaire, cliquez là.