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Dimanche dernier, les électrices et les électeurs qui se sont déplacés ont confirmé leur vote du 6 mai. Ils ont refusé la proposition de la droite d’une « cohabitation-retour ». Sur fond d’un record de l’abstention, l’UMP a été mise à distance. Cela signifie que, si l’élection présidentielle a marqué le rejet du sarkozysme, les élections législatives constituent un rejet fort des choix politiques d’austérité et de chômage. Et, sans doute, le fait que soient dévoilés une multitude de plans sociaux cachés depuis le début de l’année a encore plus déconsidéré le grand patronat et la droite.
Cette dernière a poursuivi sa dérive vers la « droite extrême » en continuant de reprendre à son compte les idées de haine, de division, du Front national, installant dangereusement ce mouvement dans la politique française. Les déclarations ignobles des dirigeants de l’UMP qui mettent un trait d’égalité entre ce mouvement d’extrême droite et le Front de Gauche, visent à masquer des alliances souterraines inavouables qui se nouent sur le terrain. Comparaison n’est pas raison ! Mais il fut un temps où déjà les ancêtres de cette droite criaient « Plutôt Hitler que le Front populaire ». Nos concitoyens ne laisseront pas faire.
Le pays a donc voté à gauche. Il l’a fait sans pour autant donner un chèque en blanc au gouvernement. Certes, les premières annonces du gouvernement de J.M. Ayrault et de F. Hollande ont été considérées à juste titre comme porteuses d’une nouvelle pratique politique tournant le dos au pouvoir personnel, au clinquant, voire à la violence des réactions sarkozystes, les premières annonces sociales comme une promesse pour l’avenir. Les candidats socialistes ont bénéficié à plein de ce climat nouveau, combiné au système institutionnel qui pousse, aux élections législatives, à confirmer le choix des élections présidentielles. Cela a joué jusque dans certaines circonscriptions où un parlementaire communiste ou du Front de gauche proche des populations constituait un solide rempart contre les agressions des forces de la finance.
C’est d’ailleurs l’un des paradoxes de cette élection. Les candidats présentés par le Front de gauche doublent le score obtenu par le Parti communiste il y a cinq ans. Mais il risque cette fois d’y avoir moins de députés qui s’en réclament. Preuve que la logique institutionnelle, avec l’inversion du calendrier électoral, dévalorise le rôle de l’élection des députés, devenue, pour l’essentiel, une confirmation de celle du Président. Combinée au redécoupage des circonscriptions par la droite, elle affaiblit les forces de transformation sociale. Et l’argument utilisé par certains médias appelant à donner une majorité au président de la République pour éviter
ce qu’ils ont appelé bassement « les combinazione » dans le Parlement est fallacieux et dévalorisant pour le travail parlementaire de la gauche. Il a besoin du débat, parfois de la confrontation constructive pour que soient prises en compte, au service de l’intérêt commun, dans l’adoption des lois et des budgets, les attentes diverses et complexes qui émanent de l’ensemble de la société et notamment celles des familles populaires trop souvent négligées. Il faut relever qu’un scrutin proportionnel basé sur le résultat des présidentielles assurerait la majorité à la gauche et à l’écologie politique avec un groupe Front de gauche de plus de 50 députés.
L’une des données importantes du scrutin est la forte abstention. Il faudra en tenir compte pour l’avenir. Elle reste la manifestation d’une usure du système institutionnel et d’une défiance à l’égard des forces politiques et de leur manière d’animer le débat politique, souvent trop loin des préoccupations populaires.
L’une et l’autre poussent à une bipolarisation de la vie politique, avec deux grandes forces dominantes, ce qui ne correspond ni à l’histoire ni à la réalité des courants de pensée qui font que notre pays ne ressemble pas tout à fait aux autres. C’est un système qui ne laisse aucun espace aux nouvelles alternatives. Il s’en suit un certain assèchement de la démocratie qui continuera à favoriser l’« abstention-défiance ».
Dimanche prochain, la mobilisation la plus large est indispensable pour élire le maximum de députés de gauche, dans l’objectif de réussir le changement, c’est-à-dire pour répondre aux urgences sociales, démocratiques, écologiques. Dans cette perspective, un groupe de parlementaires Front de gauche à l’Assemblée nationale sera très utile et nécessaire au monde du travail et de la création. D’autant plus utile qu’il faudra dans les prochaines semaines affronter les tempêtes de la crise qui se répandent dans toute l’Europe. Leur résolution passe par la sortie des politiques d’austérité, et donc par des réformes structurelles de gauche pour améliorer les salaires, rendre la fiscalité plus juste, avec une impulsion toute nouvelle du crédit public pour maintenir et développer l’activité. Cela obligera à coup sûr d’affronter les institutions européennes qui font pression sur les choix nationaux et les puissances financières qui feront tout pour préserver leurs intérêts, contre ceux des populations.
Les urgences que doit porter la gauche sont à l’opposé. L’amélioration du pouvoir d’achat, de grandes lois pour les services publics du logement ou pour un autre avenir pour la jeunesse, ou encore pour l’éducation et la formation, une action forte pour la sécurité de l’emploi, contre la précarité du travail, les licenciements boursiers et les délocalisations, la défense et la promotion des services publics. Ceci nécessite des réorientations profondes de la construction européenne.
Pour l’heure, la réussite du changement passe par l’unité et le rassemblement le plus large dimanche prochain en faveur des candidates et candidats de la gauche et de l’écologie politique.
14/06/2012 @6h00