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Le 28 mai 2012 @18h00
Incapables de tirer la moindre leçon de leur cuisant échec, les dirigeants de droite parcourent les plateaux de télévision et les studios de radio la bave aux lèvres dans un concours de vitupérations, d’insultes, de mauvaise foi, contre le nouveau gouvernement. L’un de leur porte-plume, M. Zemmour, vient encore de s’illustrer en calomniant Mme Taubira. Jusqu’à quand va-t-on tolérer cela ? Et que dire de la marquise Lagarde qui, de son Fonds monétaire international perchée, méprise, insulte le peuple grec. Taisez-vous Mme Lagarde, ou démissionnez !
D’un côté les longs couteaux sont donc sortis de la pénombre de la défaite entre quelques ténors du parti sarkozyste. De l’autre, en douce, se font des alliances et des échanges de bons procédés avec l’extrême droite dans le droit fil de la politique et de la campagne ultra-droitière de M. Sarkozy. Cette droite revancharde a bien tenté de faire croire qu’il lui serait possible de garder une majorité au Parlement dans le cadre d’une cohabitation, effaçant le vote majoritaire du 6 mai.
Mais elle a manifestement abandonné cet objectif inatteignable pour se concentrer sur sa petite cuisine fumante de décomposition interne en vue d’une compétition pour les présidentielles de… 2017. Car ces gens-là voient loin. Ils n’ont aucun souci du peuple. Leur seule politique est… l’échec de la gauche.
C’est exactement l’opposé de notre engagement.
Nous voulons que le changement réussisse, au sens où il apporte des réponses positives aux problèmes, aux difficultés, aux aspirations de nos concitoyens et à la situation du pays.
Ceci se joue dans la préparation de l’élection des députés le 10 juin, pour une nouvelle Assemblée nationale. L’expérience montre abondamment qu’une gauche faisant vivre sa pluralité d’opinions, de cultures, de pratiques politiques, mène une politique différente au service du bien commun.
Un seul parti, même allié à Europe Écologie – Les Verts à qui il offre sur le tapis vert des sièges de parlementaires, ne fera pas la même politique si la majorité au Parlement comprend un fort groupe du Front de gauche.
Rappelons d’ailleurs que c’est l’engagement clair et net ainsi que l’apport décisif du Front de gauche au second tour qui a permis la victoire de F. Hollande. Il faudra bien, dans une politique de gauche, en tenir compte.
Il le faudra d’autant plus que les aspirations des électeurs du Front de gauche sont les mêmes que celles qui ont choisi le candidat socialiste au premier tour : vivre mieux ; faire cesser les injustices et les discriminations, avoir un travail, un logement décent, l’accès à l’école, à la formation, la culture, changer l’Europe. Bref, lancer un nouveau contrat social et écologique pour faire société ensemble dans la justice et la fraternité.
Mais la question que se pose la majorité de nos concitoyens est simple et de bon sens : est-ce possible ? Comment y parvenir ?
Voilà qui valorise l’indispensable débat de projets à gauche.
Ces débats doivent se nourrir des expériences passées.
Parce que nous ne voulons plus vivre les désillusions, l’insatisfaction populaire, les déceptions, nous voulons ardemment et passionnément que la gauche française montre la voie d’une possible transformation sociale. La seule bonne gestion des comptes publics ne suffira pas à améliorer la vie quotidienne. Il sera indispensable de procéder à des réformes de structure mettant en cause la toute puissance des forces de l’argent. Il est également indispensable de changer la manière de gouverner, de respecter l’autonomie des syndicats et des mouvements citoyens, les forces progressistes comme atout indispensable à ce changement qui obligera à affronter les institutions européennes et internationales.
Un exemple : le sommet du G8 a été abondamment commenté. Mais personne ne connaît les décisions qui y ont été prises. Or il faut constater que le nouveau président de la République y a signé un texte en complète contradiction avec la proposition numéro 13 de son programme. Dans celui-ci, il affirme qu’il proposera « une nouvelle politique commerciale pour faire obstacle à toute forme de concurrence déloyale et pour fixer des règles strictes de réciprocité en matière sociale et environnementale ». Au G8 il signe un texte qui dit le contraire : « nous soulignons l’importance de l’ouverture des marchés […] nous nous engageons à nous abstenir de toutes mesures protectionnistes et à poursuivre les efforts en faveur du cadre de travail de l’Organisation mondiale du commerce pour réduire les barrières au commerce » y est-il écrit.
Avec une majorité de gauche pluraliste dans laquelle le Front de gauche, unitaire, très lié aux mouvements sociaux et citoyens, et bien présent à l’Assemblée nationale le président de la République disposerait au nom de la France de plus de force pour empêcher l’écriture de telles conclusions s’il en avait la volonté ; ou même de ne pas engager notre pays dans de tels choix. Il n’y aura pas de changement durable sans que le flanc gauche de la gauche, celui qui n’a jamais failli à l’égard des intérêts du peuple et de ceux du monde du travail soit correctement représenté à l’Assemblée nationale, et sans que le peuple lui-même se mobilise pour faire front face aux puissances financières et aux instances européennes. De ce point de vue, le président de la République est passé d’un engagement à renégocier le nouveau traité européen signé par Sarkozy et Merkel à celui de l’ajout d’un texte de « croissance » à celui-ci. Disons-le tout net : c’est comme si on voulait marier l’eau et le feu. Il faut en effet avoir bien conscience que le traité budgétaire est pire que le traité de Maastricht et que la dernière partie du traité de Lisbonne.
En effet, quand le traité de Maastricht fixait le déficit public à 3% des richesses produites, ce traité le fixe à 0,5%. Pire, alors que M. Hollande, comme le Front de gauche, refusait l’injonction de M. Sarkozy de voter ce qu’on appelle « la règle d’or », c’est-à-dire l’obligation constitutionnelle de réduire encore les déficits sans chercher des recettes nouvelles en augmentant l’impôt sur les revenus du capital, voilà qu’en adoptant ce traité cette loi s’imposerait à nous. Un groupe d’économistes allemands et français a calculé que l’application de ce traité austéritaire plongerait pour plusieurs années les pays européens dans la récession, avec son cortège grossissant de chômage et de pauvreté. Ajoutons que ce ne sont pas les déficits qui ont provoqué la crise. Avant 2008, l’Espagne, l’Irlande et l’Italie avaient des excédents budgétaires. La dette de la Grèce a augmenté de plus de 100 milliards d’euros après neuf plans d’austérité. Et sous Sarkozy, appliquant avec zèle les orientations européennes et distribuant des cadeaux aux plus fortunés, la dette a augmenté de plus de 600 milliards d’euros. Une majorité de gauche doit donc refuser ce traité Sarkozy.
Mais là encore cela va se jouer au Parlement. Un groupe élargi du Front de gauche aiderait à donner de la force au refus de ce traité. Cela permettrait d’ailleurs à une partie des députés socialistes d’être plus libres d’exprimer leur opinion pour que M. Hollande ne fasse pas ratifier ce texte qui nous enfermera dans l’austérité. Nous ne voulons vraiment pas que demain, face aux demandes de création de postes d’enseignants, d’infirmières, de postiers, d’agents SNCF, on réponde « le traité européen nous l’interdit ». Un tel scénario peut faire craindre le pire, il faut l’éviter. Cela se joue pour une part le 10 juin.
Une autre majorité de gauche devra aussi se mobiliser pour boquer les plans de licenciements en cours, en lançant des conférences régionales et nationales, avec les élus, les syndicats, les banques, l’Etat, pour examiner les moyens de maintenir, de développer l’activité et l’emploi.
Le premier ministre a pris en considération la lettre d’alerte que lui a adressée le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent. Il faudra passer aux actes.
De même, il faudra agir vite pour améliorer le pouvoir d’achat grâce à une nouvelle répartition des richesses.
Le débat des législatives ne peut donc porter uniquement sur le fait de donner une majorité au président pour qu’il fasse sa politique. Non ! L’enjeu est plutôt d’élire au Parlement une majorité de gauche pluraliste pour que le président de la République et le gouvernement aient les moyens de changer fondamentalement les choses, de telle sorte que la vie s’améliore.
Cela passera par de nouvelles lois audacieuses, pour l’augmentation des salaires et des retraites, le retour effectif de la retraite à 60 ans pour toutes et tous, le blocage des loyers et l’accès au logement pour tous, la défense des services publics et leur démocratisation, des moyens considérables affectés au développement de la personne humaine, notamment l’école et l’université, la formation, la santé, la culture, les transports écologiques, l’énergie ; un changement fondamental du rôle des banques pour un crédit public favorable aux investissements et au travail et non plus à la spéculation ; l’engagement d’un grand chantier pour la mutation écologique de nos systèmes productifs, l’élaboration de nouvelles lois comme celle octroyant des pouvoirs nouveaux aux salariés, ou une grande loi d’orientation pour un avenir à la jeunesse.
Le chantier humain, social et écologique pour la gauche est immense.
Le Front de gauche est déjà prêt à y apporter sa contribution, en lien avec des ateliers législatifs qu’il créera dans chaque circonscription.
Dans l’intérêt du changement, dans l’intérêt de la gauche, la mobilisation doit s’amplifier pour donner au Front de gauche les moyens d’être utile, efficace, pour qu’enfin la vie de millions et de millions de nos concitoyens s’améliore substantiellement et que l’on sorte le pays de la crise.
Cette mobilisation est d’autant plus indispensable que le mode de scrutin, non proportionnel, ajouté au découpage électoral des circonscriptions par la droite minorent le Front de gauche. Tous les démocrates, toutes celles et ceux qui sont attachés à la pluralité de la gauche doivent le corriger par leur vote.
Toutes celles et ceux qui ont voté Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l’élection présidentielle n’ont pas à regretter leur choix. Ils ont toutes les raisons de retourner voter le 10 juin pour le candidat du Front de gauche. Celles et ceux qui disposent d’un député du Front de gauche, qui est souvent devenu un député des forces progressistes et de toute la population, dont le bilan est remarquable ont tout intérêt à le reconduire.
Celles et ceux, nombreux, qui ont hésité jusqu’au dernier moment du premier tour de la présidentielle et ont cru au risque supposé de l’élimination du candidat socialiste du deuxième tour et ont donc voté pour lui, tout en préférant Jean-Luc Mélenchon, peuvent, cette fois sans crainte, choisir le Front de gauche dans leur circonscription. D’autres encore, qui ont de la sympathie pour le Front de gauche, le considèrent utile au débat et à l’action et souhaitent sincèrement l’unité à gauche sur une base de résistance à la finance et de transformation progressiste peuvent utiliser ce vote comme une assurance pour que soient mis en œuvre les changements attendus.
Parce que la crise est profonde, parce que les pressions vont rapidement se faire sentir, l’enjeu est de taille.
Il faudra résister et construire du neuf.
Il conviendra de changer de manière de penser. Il ne s’agira pas de dire « nous ne pouvons pas changer la vie car la crise est profonde et la mondialisation nous en empêche ». Il faut au contraire avoir du courage et de la volonté et se donner la force de répondre aux attentes, comme moyen de sortir de la crise et de transformer la mondialisation.
Il ne s’agit pas de dire « l’Europe nous empêche ». Il faudra s’engager dans un processus démocratique avec les autres pays européens pour changer l’Europe, subvertir le traité de Lisbonne, refuser le nouveau traité d’austérité, pour une autre Europe afin de réussir le changement ici.
A l’Assemblée et en lien étroit avec les citoyens, les travailleurs, le Front de gauche est l’atout pour une gauche combative, efficace, unitaire, utile. Notre appel à utiliser, dans chaque circonscription, le bulletin de vote Front de gauche est un appel pour ne pas retomber dans les échecs du passé, un appel pour que vive la pluralité de la gauche dans laquelle se reconnaît le pays, un appel pour la réussite, pour le vivre mieux, un appel pour qu’aucun espoir ne soit demain déçu.
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